Jackson sème la panique dans la vallée de Shenandoah
Sur le front Est, celui que les
belligérants considèrent comme le front principal, la situation est plus
contrastée qu'à l'Ouest. La présence des capitales et la topographie des lieux
expliquent cette situation. Pour l'Union, l'armée de McClellan comporte 100.000
hommes et celle d'Irwin McDowell protégeant Washington, 35.000. Les deux armées
sont stationnées à 150 km
de Richmond. Pour défendre la capitale sudiste, Joseph Johnston ne possède que
70.000 hommes. Dans le Nord-Est, les rivières coulent d'Ouest en Est. Pour les
deux armées, elles constituent des obstacles à traverser. Ce n'est pas le cas à
l'Ouest, où les rivières coulent du Nord au Sud, ce qui facilite les
déplacements.
La vallée de Shenandoah est une
région dans l'ouest de la
Virginie dans les Appalaches. Région fertile, elle constitue
le grenier à blé virginien. Outre cette importance pour le ravitaillement des
troupes, la vallée Shenandoah est un couloir stratégique qui permet d'atteindre
Washington à travers les Appalaches. En effet, les rivières coulent du Nord au
Sud. Nathaniel Banks a en charge la garde de la vallée pour l'Union. Côté
sudiste, les troupes sont commandées par le général Thomas
"Stonewall" Jackson. Des combats se déroulent par intermittence causés
par l'exigüité du terrain.
En avril 1862, McClellan
enclenche le plan Urbana du nom d'une ville virginienne. Son armée contourne
les rivières en traversant la baie de Chesapeake et débarque en Virginie. Les
Nordistes assiègent les forts défendant Richmond. Néanmoins, les mouvements de
Jackson inquiètent Lincoln. Il y voit une volonté de la Confédération
d'envahir Washington en contournant par la vallée, d'autant plus qu'à présent,
l'armée de McClellan est trop éloignée pour revenir défendre Washington. De
plus comme à son habitude, le général nordiste n'avance que s'il est sûr et
certain de remporter la victoire. Il déploie de grands renforts d'artillerie
pour combattre des forts datant de la guerre d'indépendance. Tout le temps perdu
permet aux Confédérés d'organiser leurs défenses et d'agir sur plusieurs fronts
à la fois en déplaçant leurs troupes. Lincoln décide de stopper le transfert de
troupes pour l'armée de McClellan et renforce l'armée de John Frémont qui sera
dépêché pour soutenir Banks.
Mis au courant de ces
changements, Robert Lee, devenu conseiller militaire de Jefferson Davis, envoie
des renforts à Jackson dans la vallée de la Shenandoah. Au
départ, les opérations militaires dans la vallée n'ont pas d'autre but que de
ne pas laisser le contrôle de la vallée à l'ennemi. Dorénavant, Lee y voit un
moyen de déstabiliser l'offensive nordiste sur Richmond.
Jackson mène une guérilla pour
épuiser Banks et contraindre Washington à lui envoyer des renforts. Ceux-ci ne
peuvent que provenir de l'armée de McClellan, ce qui contribuerait à desserrer
l'emprise sur Richmond.
A la fin du mois, Jackson se
retrouve avec une armée supérieure à celle de Banks. Ces coups de boutoirs
surprennent toujours l'adversaire. Aidé par des guides locaux et une
cartographie plus élaborée, il possède l'avantage du terrain. Il se déplace
rapidement et réussit à s'échapper des situations difficiles. Jackson fait
parcourir des dizaines et des dizaines de kilomètres à ses hommes en peu de
temps. Ils sont surnommés la "cavalerie pédestre de Jackson". Les
soldats n'emportent que le strict minimum vital. "Nous pouvons nous passer
de tout sauf de vivres et de munitions", répète Jackson. Malgré cette
dureté, ses hommes l'apprécient, car ils constatent que leurs efforts payent.
Ils se réjouissent de voir leur dirigeant rendre chèvre les Yankees.
Le 24 mai, les Sudistes
remportent une victoire à Front Royal. Banks bat en retraite. Toutefois, le
commandant nordiste n’entend pas céder davantage de terrain. Il prépare une
position défensive pour affronter Jackson. Le lendemain, le général sudistes
lance ses forces à l’assaut des positions ennemies qui sont submergées et
refoulées vers le Potomac.
Lincoln ordonne à Fremont de
prendre possession de Harrisonburg avant de remonter vers le Nord. De son côté,
McDowell doit rejoindre Front Royal avec deux divisions. Le plan consiste à
couper à Jackson toute possibilité de retraite. Mais plutôt que d’entrer dans
la vallée à Harrisonburg, Fremont entre dans la vallée par Strasburg et non par
Harrisonburg, ce qui l'oblige à remonter très au Nord. Ce faisant, il laisse la
route libre pour Jackson. Les Nordistes perdent du temps dans les défilés,
tandis que les Sudistes s'échappent. Jackson gagne Port Republic et le 8 juin
affronte l'armée de Frémont. Supérieur en nombre, le Nord remporte la bataille.
Jackson se replie et quitte la vallée avant la jonction entre Frémont et
McDowell.
Grâce à son audace et à son culot, Jackson retarde
les plans de l'Union et détourne plus de 60.000 soldats de Richmond. Il réussit
à s'imposer à cinq reprises, frappant là où on ne l'attend pas et prenant
toujours l'initiative. Il est aidé par les difficultés de communication entre
les corps nordistes et le manque de rapidité des officiers. Jackson et ses hommes
acquièrent une réputation d'invincibilité. Le Sud les considère comme des
héros, tandis que le Nord les craint.
Sources
Texte :
- DOOMS Logan , La
première campagne de la
Shenandoah , publié
le 15 mai 2013 sur http://laguerredesecession.wordpress.com/
- Mc PHERSON James, La Guerre de Sécession, Laffont, Paris, 1991,
973p.
- KEEGAN John, La Guerre de Sécession, Perrin, Paris, 2013
Image :
http://www.civilwar.org/hallowed-ground-magazine/spring-2012/defiance-in-the-valley.html
Commentaires
Enregistrer un commentaire