Le jeu de pelote maya
Le jeu de balle, appelé aussi
« jeu de pelote », « ulama » en maya ou « tlachtli »
en aztèque, est un sport rituel pratiqué par les peuples précolombiens de
Mésoamérique. Ce jeu est essentiellement connu par des illustrations ou des sculptures.
Il existe peu de descriptions précises des règles. Il s’accomplit dans le cadre
de rituels et s’accompagne parfois de sacrifices.
Le Popol-Vuh, texte sacré maya,
donne une explication mythologique à la naissance de ce sport. Il raconte
l’histoire de deux frères jumeaux, disputant une partie de balle avec les
seigneurs du Monde inférieur, au cours de laquelle ils perdent la vie. Leurs
têtes sont suspendues à des calebassiers. La tête de l’un d’eux, nommé
Hunhunahpù, parvient à mettre enceinte Xquic, la fille d’un des seigneurs.
Cette dernière donne naissance à deux fils qui récupèrent l’équipement de leur
père et oncle, puis prennent leur revanche sur les seigneurs pour obtenir la
résurrection de leur ancêtres.
Les premières traces de ce sport
remontent au second millénaire av JC. Des figurines datant de -1500 et
retrouvées à Michoacán au Mexique sont les représentations les plus
anciennes. Cependant, ce sport connait son apogée entre 900 et 1200 dans
l’empire maya regroupant le sud-est du Mexique, le Honduras, le Belize, le
Guatemala et le Salvador.
Les bords du terrain sont
délimités en longueur par des murs d’une dizaine de mètres de hauteur et
inclinés. Leur forme s’apparente à un I ou un T. Le roi, les prêtres et les
notables assistent au spectacle dans des loges. Le terrain le plus ancien se
trouve sur le site de La Venta
à Tabasco au Mexique et date de -1000 et le plus grand à Chichen Itza dans le
Yucatán au Mexique.
Bien qu'il n'y ait pas eu qu'une
seule façon de pratiquer le jeu de balle dans les différentes aires et périodes
culturelles de la
Mésoamérique , on retrouve cependant un certain nombre de
règles communes.
Deux équipes, composées de 2 à 12
joueurs pour la plupart des prisonniers de guerre, se répartissent de part et
d’autre d’une ligne centrale. L'iconographie ne représente à chaque fois que
deux joueurs. Il est donc difficile de savoir s'il s'agit d'une partie opposant
deux individus ou si ceux-ci symbolisent deux équipes comportant un nombre plus
important de participants. Les joueurs se renvoient une balle de caoutchouc
remplie d’eau pesant jusqu’à 3 kilos. Pour ce faire, ils utilisent toutes les
parties de leur corps à l’exception des mains et des pieds. Ils portent des
protections (coudières, genouillères, casque) pour atténuer la violence des
coups.
Le but est d’envoyer la balle
dans le camp adverse sans qu’elle ne touche le sol. L’équipe qui commet une
faute perd un point et l'équipe adverse en gagne un. Une faute est commisse
lorsqu’un joueur ne rattrape pas la balle ou utilise une partie du corps
interdite. Le match se termine lorsque le nombre de points déterminé à l'avance
est atteint par l’une des deux équipes. Les murs latéraux sont équipés d’anneaux
de pierre souvent disposés à l'Est et à l'Ouest. Dès qu’un joueur parvient à
faire passer la balle dans l’anneau du camp adverse, il remporte la partie. Il
s’avère très difficile de réaliser cet exploit.
La pratique du jeu de balle sert
à révéler la volonté des dieux. Les prêtres décèlent des signes dans le
déroulement de la partie. Par la présence des autorités et du peuple, le
terrain peut également se transformer en forum social et politique. Les
cérémonies se terminent par la décapitation de l’équipe perdante ou du moins de
son chef. Ce sacrifice a pour but d’implorer la bienveillance des dieux. En ce
sens, les gradins accueillent le « tzompantli » (l’autel des crânes)
sur lequel sont exposées les têtes tranchées offertes aux divinités.
Les chercheurs ont vu d’abord
dans ce jeu de balle un rite symbolisant la cosmogonie méso-américaine. La
trajectoire de la balle correspondrait à la course du soleil qui ne doit pas
s’arrêter, les anneaux de pierre représentant le levant et le ponant et le
terrain la plate-forme terrestre séparant le Monde Supérieur (le ciel) de
l’Inframonde (semblable aux Enfers). Cette explication n’est plus retenue par
les spécialistes, qui privilégient plutôt le symbolisme agraire lié aux rites
de fertilité, comme en témoignent les figures de sacrifice par décapitation,
les végétaux associés et les symboles lunaires.
La pratique du jeu de balle s’interrompt avec la conquête
espagnole au XVIe siècle. Ce jeu de pelote est remis au goût du jour à notre
époque et correspond à un retour à l’indianité, l’un des facteurs d’identité du
Mexique.
Sources
Texte :
- Maya : de
l’aube au crépuscule, exposition au Musée du Quai Branly, Paris, avril
2014.
Image :
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