Histoire abrégée de la Grèce 2/4
L’époque hellénistique (- 340 / -146)
Le morcellement politique des
cités États engendre des divisions. Le royaume de Macédoine se pose comme le
seul État grec à pouvoir rassembler et défendre la péninsule. Depuis le règne
d’Alexandre Ier au milieu du –Ve siècle, la Macédoine a développé son commerce
et renforcé ses frontières. Philippe II modernise l’armée, composée de
puissantes phalanges et d’une cavalerie légère dont les membres sont scythes.
En -338 à la bataille de Chéronée, il conquiert les régions du Nord. Il prend
la tête de la Ligue de Corinthe réunissant les cités du Sud. Afin d’asseoir sa
domination, il unifie les Grecs contre les Perses, plan que son fils Alexandre
le Grand accomplira.
En -334, Alexandre débarque avec
son armée en Asie mineure. Il remporte de nombreuses victoires et soumet une à
une les régions l’Empire : Phénicie, Palestine, Égypte, Babylonie. En
-327, il est aux portes de l’Inde. L’Empire perse s’effondre sous son épée et
seul le refus de ses hommes de continuer le force à rentrer en Grèce. Il laisse
en place les élites locales en échange de leur reconnaissance comme suzerain.
En revanche, les commandements militaires sont confiés aux Grecs. Il fonde de
nombreuses villes formant un maillage économique et des centres de diffusion
pour les mœurs et la culture grecques.
A la mort d’Alexandre en -323,
ses généraux, dont Ptolémée, Antigone le Borgne et Séleucos, se partagent
l’empire qui reste unifié culturellement et économiquement. Après quarante ans
de conflits, un équilibre précaire s'installe entre trois dynasties. La Macédoine et la Grèce sont gouvernées par
les Antigonides,
l’Égypte par les Lagides,
et l’Asie Mineure,
Syrie,
Mésopotamie,
Perse par les Séleucides. Des royaumes plus petits existent aux côtés de ces
trois monarchies principales. Les Grecs n’apprécient pas d’être gouvernés par
un monarque absolu comme en Orient. Les cités grecques se regroupent en
confédérations qui s’opposent à la gouvernance macédonienne. Parallèlement, la
Sicile tombe sous le giron romain. Les cités grecques de Gaule s’allient avec
Rome pour se protéger des Carthaginois.
La période romaine (-146 / 476)
Après la conquête de la Sicile suite aux guerres
puniques, Rome s’empare des territoires balkaniques pour contrôler et pacifier
l’Adriatique. Se sentant menacé, Philippe V de Macédoine s’allie aux
Carthaginois. Les Romains sortent vainqueurs des deux guerres macédoniennes. La
victoire des légions à Cynocéphales en -196 consolide le rôle d’arbitre des
Romains en Grèce au détriment de la Macédoine. Entre -192 et -188, les Romains
affrontent les Séleucides, qui vaincus, se rétractent en Asie mineure et laissent
la péninsule grecque libre. La
Macédoine est une nouvelle fois vaincue, puis c’est au tour
de la confédération achéenne d’être battue à Corinthe en -146. Au départ, les
Romains sont motivés par la recherche de terres agricoles et de richesses
minières. Ils adoptent l’économie de marché telle qu’elle a été mise en place
par les Grecs.
Les auteurs louent les Romains
d’avoir amené la paix dans la région. Les Romains empruntent aux Grecs leurs
modèles littéraires, leurs courants philosophiques, leur architecture et une
grande partie de leur mythologie. Ils diffusent tout ceci jusqu’aux confins de
l’Occident. La stabilité de l’empire permet à la Grèce de développer une
nouvelle période de faste. La
Grèce est le centre culturel de l’empire.
Dès le milieu du –IIIe siècle,
les élites juives parlent grec. A Alexandrie, l’Ancien testament est traduit en
grec pour les juifs hellénophones. L’hellénisme pose au judaïsme le problème de
l’ouverture aux autres nations et cultures, vide que le christianisme va
combler. Les premières communautés chrétiennes apparaissent à Antioche au Ier
siècle, avant de se multiplier dans toute la péninsule. Le Nouveau testament
est rédigé en grec.
En 395, l’empereur Théodose
partage l’Empire romain entre ses deux fils. La Grèce fait partie de
l’Empire romain d’Orient, ayant Byzance pour capitale. Cette ville a déjà été
choisie par l’empereur Constantin comme centre religieux et culturel. Théodose
proclame le christianisme religion officielle de l’État, interdisant toutes
manifestations de cultes païens. En 476, l’Empire romain d’Occident s’effondre
sous les coups des barbares. Ces derniers achèvent un empire en pleine
décadence. L’Empire d’Orient survit.
La première période
byzantine (476 - 1204)
L’Empire byzantin cumule les
richesses économiques de l’Orient et les richesses culturelles et religieuses
de la Grèce. Fort
de ses atouts, l’Empire est la première puissance européenne durant la première
moitié du Moyen-âge. La société conserve ses aspects de la Grèce antique : État de
droit basé sur le Code justinien, existence d'un Sénat secondant l'empereur,
absence de servage, collectivités agricoles libres. Les villes arborent une
architecture sophistiquée de type romane et jouissent d'un certain confort : eau
courante, tout-à-l'égout, bains publics, éclairage. Les universités de
Constantinople, de Mistra et de Trébizonde assurent la transmission des savoirs
antiques, de la philosophie grecque classique et de la médecine hippocratique.
Les Byzantins ont une conception
collégiale et représentative de l’organisation interne et dans ses rapports
entre les cinq patriarches. Cette conception démocratique est issue de la Grèce antique. Rome a une
conception verticale et centrale. Le patriarche de Constantinople conteste la
supériorité du Pape et son intervention dans toutes les questions dogmatiques
et administratives de l’Église. En 1054, la rupture est consommée entre Rome et
Constantinople. Le grand schisme donne naissance à la religion orthodoxe, qui
se veut fidèle aux dogmes et à l’organisation des premières communautés
chrétiennes.
Entre le VIIe et le XIe siècle,
les Byzantins perdent petit à petit leurs territoires orientaux et africains
face aux musulmans. L’empire se limite aux Balkans, à la Grèce , à l’Asie Mineure et à
quelques principautés en Italie. La perte de ses territoires entraîne une perte
de richesse importante, ce qui affaiblit l’empire. En 1071, les Ottomans
battent les Byzantins à Martzikert et s’implantent en Turquie. En Occident, les
Normands conquièrent les possessions byzantines en Italie méridionale et en
Sicile. Avec l’appui de la
Papauté , ils fondent des royaumes et ravagent les provinces
balkaniques. L’empereur est contraint de recourir aux navires vénitiens pour
enrayer la menace normande dans l’Adriatique, contre d’importants avantages
commerciaux.
Face à l’avancée des musulmans,
de nombreux savants et intellectuels se réfugient en Occident en emportant avec
eux les textes grecs. L’Occident redécouvre la philosophie d’Aristote et les
traités scientifiques de l’Antiquité, qui fondent une première renaissance
intellectuelle.
Au XIe siècle, l’empire s’est
encore réduit. Il ne comprend plus que la péninsule grecque, la région du
Bosphore et une partie de l’Asie mineure. Les villes marchandes italiennes
(Venise, Gênes) aspirent à s’emparer des routes commerciales de l’Orient en
éliminant l’intermédiaire byzantin. Rome entend toujours porter un coup fatal
au pouvoir de Constantinople. En 1204, la Quatrième croisade est détournée de son but et
les croisés pillent la ville.
La période franque
(1204 - 1261)
Après le sac de Constantinople,
un quart de l’Empire est divisé en plusieurs royaumes francs formant les États
latins de Constantinople. La
Macédoine constitue le royaume de Thessalonique. La Grèce centrale forme le
duché d’Athènes et le Péloponnèse celui d’Achaïe. Les îles égéennes, formant le
duché de Naxos, deviennent des comptoirs vénitiens. Les Francs introduisent le
servage, contrairement à ce qui était répandu. L’empire byzantin survit à travers
trois royaumes : l’Épire (partie ouest de la Grèce ), Nicée et Trébizonde
(tous deux en Asie mineure).
Les Grecs forgent l’idée de
chasser les Francs et de reconstituer l’unité de l’empire en recherchant le
soutien des royaumes byzantins. Après avoir réorganisé l’État, les deux
premiers rois de Nicée repoussent les frontières jusqu’en Grèce. Le 25 juillet
1261, le général Alexios Stratigopoulos entre dans Constantinople. Le 15 août,
Michel Paléologue est couronné empereur de Byzance dans la basilique Sainte
Sophie. Les Francs sont chassés de Grèce. Les Vénitiens conservent les îles
égéennes. L’attitude des croisés a détruit, chez les Grecs, l’idée de l’empire
universel chrétien et renforcé l’idée de l’identité nationale forgée par la
culture.
La seconde période
byzantine (1261 – 1453)
Durant le XIVe siècle,
l’artisanat et l’industrie se développent à nouveau. La bourgeoisie des villes
se retrouve en concurrence économique avec les Italiens et en concurrence
politique avec l’aristocratie terrienne. Byzance rayonne toujours par ses
érudits. Photius est l’intellectuel le plus important de son temps. Il rédige
des traités de grammaire, de théologie et de métaphysique.
Au XVe siècle, l’empire connaît
une période de crise. De nombreux bourgeois et intellectuels grecs fuient
l’avancée ottomane et trouvent refuge dans les Balkans et en Occident.
L’éducation recule et n’est plus assurée que par les religieux. Le 29 mai 1453,
les Ottomans prennent Constantinople, mettant un terme à l’Empire byzantin.
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