Les catacombes de Paris


Les catacombes de Paris sont l’une des plus grandes nécropoles souterraines au monde avec ses ossements, correspondant environ à six millions de parisiens. Situées à vingt mètres sous terre, elles couvrent 1/800e des anciennes carrières parisiennes. Le 9 novembre 1785, Louis XVI ordonne la suppression du cimetière des Innocents situé dans l’actuel quartier des Halles. Ce cimetière, existant depuis le Moyen-Age, manque désormais de place. Sa saturation cause des incidents sanitaires. Pour le remplacer, les autorités décident de transférer les ossements dans les carrières au sud de la ville.

Il y a 45 millions d’années, la région parisienne était recouverte par une mer tropicale. Des sédiments se sont accumulés au fond, qui sont devenus des calcaires caractéristiques d’une période de l’histoire de la Terre appelée le lutétien. Les Gallo-romains exploitent le calcaire pour bâtir Lutèce. Au XIIIe siècle, les carrières ouvertes de la Bièvre deviennent souterraines, afin de fournir la quantité de pierre nécessaire aux constructions de Notre-Dame, du Louvre et des remparts.
Des masses de calcaires épargnées par le travail des carriers forment des piliers (pilier tourné) qui soutiennent le plafond (ciel de carrière). Ce plafond, situé entre les piliers, peut se fracturer sous l’effet de mouvements tectoniques et s’effondrer, formant ainsi des voûtes appelées cloche de fontis. L’effondrement peut remonter à la surface. Les consolidations par hagues et bourrages sont employées dès le XVe siècle. Les bourrages sont constitués de déchets d’exploitation. Les hagues sont des murets de pierre qui retiennent les bourrages.
Au XVIIIe siècle, certaines galeries s’effondrent engendrant des éboulements. Le 4 avril 1777, Louis XVI crée l’Inspection Générale des Carrières de Paris (IGC), administration qui existe toujours. Ses objectifs sont de prévenir les risques, de surveiller et de consolider les souterrains parisiens pour assurer la sécurité des biens et des personnes. Des galeries de reconnaissance sont percées. Certaines parties sont comblées, d’autres consolidées par des murs et des piliers épais. Sur ces confortations, les ingénieurs numérotent leurs interventions et inscrivent la date et leur initiale. Ces marques sont toujours visibles. En 1813, un décret met fin à l’exploitation des carrières parisiennes.

Un espace de 11.000 m2 est aménagé et consacré le 7 avril 1786. Des ossements provenant d’autres cimetières parisiens y sont également transférés en 1788 et entre 1842 et 1860. Parallèlement, de nouveaux cimetières sont créés aux limites de Paris (Passy, Montparnasse, Père Lachaise, Montmartre). Les ossements de personnalités célèbres, telles que Rabelais, La Fontaine, Claude Perrault ou Jules Hardouin-Mansart, sont très certainement présents dans les catacombes, mais rien ne permet de les identifier. A la Révolution, les gardes suisses défendant les Tuileries y sont ensevelis, ainsi que les premiers guillotinés : Mme Elisabeth (sœur de Louis XVI), Danton et Robespierre.
En 1809, Louis-Etienne-François Héricart de Thury, inspecteur général des carrières, réorganise les catacombes pour y accueillir des visiteurs. Il met en place un décor funéraire monumental composé de piliers doriques, d’autels, de fontaines et de plaques gravées. Les ossements sont rangés. Les tibias posés à l’horizontal alternent avec des rangées de crânes formants ainsi des murs derrière lesquels sont entassés le reste des ossements. Les salles sont décorées de séries de sentences, poèmes et de textes profanes ou religieux. Des pièces exposent des échantillons de roche pour expliquer la géologie du sous sol parisien. Dès l’ouverture au public, la foule se presse. Elles reçoivent parfois des visiteurs prestigieux tels François Ier d’Autriche en 1814 ou Napoléon III en 1860. De nos jours, le Catacombes de Paris sont toujours parcourues par une multitude de visiteurs de tous pays.


Source
Texte : Les catacombes de Paris, Musée de France - Mairie de Paris, 2014.
Image : wikipedia.org


Il y a un article sur Mme Elisabeth sur notre site.

Commentaires