Le château de la Madeleine – Chevreuse (Yvelines)

Un donjon en bois est construit au VIIe siècle pour protéger Chevreuse. La ville, située au carrefour des routes menant à Paris, Orléans et Chartres, tire sa richesse de l’économie du cuir. Le nom de Chevreuse vient de chèvre, seul animal se satisfaisant des sols pauvres. La peau de cet animal est utilisée pour la confection du parchemin. Au XVe siècle, des problèmes d’importation d’Espagne et d’Afrique du Nord favorisent l’essor de la production de cuir. La tour sert également à percevoir le tonlieu, c'est-à-dire les taxes de passage.
Au milieu du XIe siècle, la tour est rasée pour faire place à un château servant en partie à la surveillance de la frontière du royaume, la Normandie anglaise se situant à soixante kilomètres. La motte castrale correspond à la trilogie carolingienne à savoir une salle privée, une chapelle et l’aula (la salle de réception). Le puits, d’une profondeur de 80 mètres, permet de capter la source de l’Yvette. A cette époque, le seigneur de Chevreuse est assez puissant pour disposer d’une relative indépendance.

Au XIIe siècle, d’importants travaux sont réalisés. La pierre de construction est une pierre meulière présente dans la région. Le donjon est carré. Les fenêtres ne possèdent ni volet, ni vitre. La porte d’entrée se situe à six mètres au dessus du sol. Une passerelle en bois est déployée pour y accéder. Les remparts sont droits. Il n’y a pas de créneaux. Les marches sur les remparts n’ont pas toutes la même hauteur, dans le but de provoquer la chute des assaillants dans la précipitation. De plus, leur étroitesse oblige les emprunteurs à marcher en crabe, dos au rempart. Ces derniers sont jalonnés de mâchicoulis et de tours rondes résistant mieux au tir de trébuchet. Le côté nord est moins fortifié. L’entrée est verrouillée par une herse en bois de chêne, car le fer coûte trop cher. L’ensemble est entouré par des douves. Les caves offrent une température stable tout au long de l’année pour la conservation des aliments et du vin. Un homme en consomme jusqu’à dix litres par jour. Le vin est coupé avec des herbes et des épices ou de la cannelle. Les médecins s’en servent aussi. Les fûts sont descendus à la verticale par des cordes. Le frottement érode les marches de pierres et laissent des traces toujours visibles de nos jours.

Durant la Guerre de Cent ans, Pierre de Paris, un riche marchand achète le château. L’argent récolté permet à Ingerger le Grand, seigneur de Chevreuse et d’Amboise, de payer la rançon aux Anglais pour sa libération. Les Anglais prennent ensuite possession de Chevreuse et de son château jusqu’en 1438, date à laquelle il appartient désormais au roi de France Charles VII, qui finance d’importants travaux. La ville est fortifiée sous le règne de Louis XI.
François Ier érige la baronnie de Chevreuse en duché et l’offre à sa favorite Anne de Pisselieu. En 1551, le Cardinal de Lorraine, résidant à Dampierre, achète le duché. Au milieu du XVIIe siècle, la ville accueille en ses murs Jean Racine qui assiste à la restauration du donjon. En 1693, Louis XIV achète le domaine pour agrandir le parc de Versailles. Finalement, les dames de Saint-Cyr le récupèrent et transforment l’ensemble du château en granges.

Aujourd’hui, le château appartient au Conseil général des Yvelines et héberge le siège du parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse. La haute-cour est ouverte librement au visiteur, où il peut visiter quelques pièces contenant des explications sur l’histoire du château. En revanche, la basse-cour est divisée en plusieurs parcelles privées qui ne sont pas ouvertes au public.

Sources
Texte : visite du château de la Madeleine en 2013.

Image : wikipédia.fr

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