Le Mystère des Origines de Yahvé : Nouvelles Perspectives Archéologiques

L’archéologie est parfois cruelle. Cruelle parce qu’elle exprime des vérités et qu’elle peut réécrire l’Histoire. Bon, il est vrai, seulement la petite histoire, celle que l’on modifie sans cesse et qui n’a aucune répercussion sur nos civilisations et sur notre culture. C’est ainsi que, par exemple, les dernières relectures des stratigraphies archéologiques – que j’ai moi-même effectué lors de mes études - ont démontré qu’il existait non pas trois, mais deux couches archéologiques distinctes désignant l’histoire sumérienne dans le sol irakien. Intéressant ? Passionnant, oui ! Cependant je conviens, en toute bonne  foi, que cela n’a aucune importance cruciale sur le monde d’aujourd’hui. Je dirais même plus, aucune ! Mais alors de quoi vais-je bien pouvoir vous parler ? Aujourd’hui, je décide de vous ramener une nouvelle fois en orient. Plus exactement en Palestine, en Jordanie et en Egypte, dans le monde passionnant de l’archéologie biblique. Mon précédent article sur la femme de Yahvé, la déesse Ashéra, m’a valu pas mal de remontrances par mails. Bien heureusement, j’en ai reçu d’autres plus constructifs, de gens pas toujours d’accord avec moi, mais qui acceptent la contradiction, le dialogue et la recherche. Aussi, je vous propose d’aller plus loin dans l’étude, en confrontant le Texte, des sources étrangères (égyptiennes pour être plus précis) et l’archéologie.

Nous sommes aux alentours du XVe-XIIe siècle avant notre ère à des époques qui voient, selon la tradition, le peuple élu être guidé par Moïse, arriver en terre promise et s’y installer par la force. Aucun bas-reliefs ni aucun textes égyptiens ne mentionnent ce fait. De plus, l’archéologie n’a pas trouvé traces du passage des Hébreux dans le désert du mont Sinaï qu’ils ont pourtant traversé en 40 ans selon la Bible. A ces faits, plusieurs interlocuteurs m’ont déjà rétorqué l’argument « indémontable » à savoir que «  Dieu a effacé les traces et met votre foi en Lui à l’épreuve ». Il est vrai que là, je ne peux lutter contre un tel argument ! Si Dieu, lui-même s’en mêle, à quoi bon ! Pourtant je ne crois pas que se soit dans les intérêts de Dieu d’effacer des traces qui tendraient à démontrer la véracité du texte biblique qui n’est là, à priori, que pour le consacrer. Pourtant, il existe certains faits que l’archéologie, l’épigraphie ainsi que l’étude géographique peuvent expliquer. Malheureusement, si ces faits expliquent, ils ne vont pas toujours dans le sens de l’explication biblique.

Les travaux de Jean Soler ou encore des archéologues Sharon Zuckerman et Hani Nur el-din en Israël, respectivement dans les textes et sur le terrain, donnent une histoire étrange de l’arrivée des Hébreux en Palestine. Pire ! Selon les dernières trouvailles archéologiques et les incohérences – parfois – de l’Ancien Testament, il semble bien que, non seulement, les Hébreux soient en fait d’anciens Cananéens et que Yahvé soit un dieu qui pourrait avoir été « importé ». Mais d’où ? Il faut commencer par chercher les origines de la Bible. Qui est le rédacteur officiel du début de l’Ancien testament ? C’est Moïse. Alors il faut chercher autour de Moïse la vérité. Si on suit le postulat selon lequel Yahvé est un dieu importé, d’où viendrait-il alors ? Pas d’Egypte c’est une certitude. De plus, l’esclavage des Hébreux en terre pharaonne a depuis longtemps été réfuté car il n’existait pas d’esclavage en Égypte. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il n’y a jamais eu d’Hébreux – ou plus exactement leurs ancêtres – sur les terres du Nil.
 
Il existe au XVe siècle, entre l’Egypte et le pays de Canaan, une zone transfrontalière qui passe aujourd’hui par le sud de la Jordanie et que l’on nomme d’ailleurs la Transjordanie. A cette époque existait une zone semi aride ponctuées de déserts et d’oasis, où vivait un peuple de bédouins, les Shasous (prononcé « chassous »). De surcroît, ce lieu est très connue dans la Bible puisque c’est ici, que le texte religieux appelle la pays de Madian, que Moïse rencontre le dieu des Hébreux sous la forme d’un buisson ardent et qui lui donne son nom pour la première fois : Yahvé. Dieu se faisait nommé jusqu’alors Elohim dont la racine désigne « plusieurs dieux » (je reviendrais sur ce terme d’Elohim dans un prochain article). Or, il est intéressant de relever que les Egyptiens désignaient ce même pays de Madian comme étant le « pays de YHW » (prononcé Yahvu ou Yahu). En effet, ces bédouins Shasous vénéraient un dieu du nom de YHW. Pas besoin de faire de la linguistique pour remarquer que ce nom ressemble étrangement à celui de Yahvé qui s’écrit en hébreux, ne l’oublions pas, YHWH.

L’archéologie en Israël et en Palestine est en train de démontrer – même si les résultats de ses découvertes ne sont pas toujours révélés au grand public – qu’aux temps de Moïse -  c’est à dire aux alentours du XIIIe-XIIe siècle – le pays de Canaan est en proie à de violentes émeutes qui détruisent les cités-états mais qui n’abandonne en rien le culte des dieux (voir article sur Ashéra). Se pourrait-il qu’aux alentours des siècles où Moïse était sensé existé, qu’un groupe de Cananéens quittant l’Egypte (épisode de l’exode) pour rentrer chez eux, décident logiquement de passer par une zone, certes plus longue, mais moins hostile (pays de Madian), où ils découvrent le culte YHW qui les inspire tellement, qu’en rentrant enfin au pays, ils décident de convaincre et de diffuser la vénération de ce dieu.     

Voilà une thèse intéressante, crédible et qui accorde pour une fois une logique entre des faits historiques avérés, des traces sur le terrain et des sources – autres que bibliques. A vous désormais de vous faire votre propre opinion. Mais n’oubliez pas que tout va vite dans l’histoire biblique (une découverte pouvant remettre en question d’autres) et que la vérité du terrain n’a jamais encore remis en cause l’Ancien Testament, le fondement des trois religions monothéistes. 

Commentaires

  1. Monsieur,
    Enfin, une variante du monothéisme qui résonne en moi tel un écho. Dommage, que si peu d’humains l’envisagent ! Remettre en question la doxa demeure un risque … l'existence n’est rien d’autre.
    Pour l’autodidacte néophyte passionnée que je suis, trouver des livres, des vidéos, des interlocuteurs nécessitent constance, volonté, opiniâtreté, la foi en quelque sorte.
    Certes, je n’ai pas dit mon dernier mot … mais vous, vous n'en dites pas assez. J’ai besoin d’en apprendre davantage, vos connaissances peuvent éclairer les miennes.
    Espérant une suite à ce commentaire, acceptez Monsieur mes sincères salutations.

    Rolande Ruiz

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  2. Avez-vous lu "L'homme Moïse et la religion monothéiste" par Freud? Celui-ci valide absolument votre article.

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  3. Si Freud valide alors c'est faux 😁



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  4. bravo pour votre article, qui est un parfait résumé de ce que j'ai pu denicher de ci de la , sur "religio" notamment (par les conférences de Thomas Romer je crois au Collège de France), merci en espérant un autre article

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