Antoine Daquin : médecin de Louis XIV
Le 18 avril 1672, Antoine Daquin accède à la charge de premier médecin du roi auprès de Louis XIV. Il succède à son bel oncle Antoine Vallot. Il est le fils de Louis Daquin, médecin de Marie de Médicis et comte de Jouy en Josas. Après avoir réussi ses études à la faculté de Montpellier, il épouse Marguerite Gayant, nièce de Vallot et devient le premier médecin de la reine Marie Thérèse d’Autriche.
Nommé premier médecin du roi appelé également archiatre, Antoine Daquin devient un personnage important du royaume. Il veille sur la santé du souverain, ce qui dans un régime monarchique de droit divin est une lourde responsabilité. Afin d’effectuer correctement son travail, il gère une véritable équipe. Il a sous ses ordres six médecins ordinaires, exerçant à tour de rôle par trimestre et huit médecins consultants, sans parler des apothicaires et des chirurgiens. Le médecin suit le roi partout, même à la guerre et à la chasse.
Comme ses prédécesseurs, il tient un journal de santé du monarque. Le plus célèbre demeure celui de Jean Héroard, médecin de Louis XIII de la naissance de ce dernier en 1601 jusqu’en 1628. Il consigne tous les détails ayant un lien avec la santé du roi. Il s’agit d’un véritable carnet de santé. Ainsi le médecin se préoccupe de l’alimentation, des exercices physiques, des moments de repos, du sommeil. Il note fréquemment le pouls, la température, la consistance et la couleur de l’urine.
D’un autre côté, le rôle de premier médecin du roi dépasse la sphère professionnelle. Approchant la personne du roi de très près et doté du crédit que lui confère sa charge, il est susceptible de jouer un rôle politique. Par conséquent, celui-ci peut se retrouver mêlé aux affaires de palais. Le 2 novembre 1693, Louis XIV disgracie Antoine Daquin et le remplace par Guy Crescent Fagon, après vingt ans de service. Se trouvant à Marly, le roi est atteint d’une forte fièvre. Daquin étant absent, c’est Fagon qui s’occupe du roi et reste à son chevet. Louis XIV aurait souhaité ainsi récompenser ses bons services.
Néanmoins, ce changement trouve son explication dans deux domaines différents. Tout d’abord, Antoine Daquin est soutenu par Mme de Montespan. Le changement du médecin correspond à un changement de favorites, puisque Fagon est soutenu par Mme de Maintenon. De plus, Daquin est l’objet de nombreuses critiques. Le duc de Saint Simon le dit : « avide et voulant installer sa famille ». Outre les 45.000 livres par an que lui rapportait sa charge, il avait obtenu une pension de 4.000 livres et des charges et des abbayes pour les membres de sa famille. Par ailleurs, ses détracteurs aime à rappeler ses origines juives. Le nom Daquin provient de la ville d’Aquino en Italie, l’endroit où son grand père s’est converti au catholicisme. A l’inverse, Fagon semble jouir d’une meilleure réputation que son prédécesseur. Saint Simon le décrit comme « un bon chimiste, un bon botaniste, un bon praticien, curieux, connaissant bien le roi et délié des favoris ». Cependant, la Princesse Palatine raille son physique, en parlant de « ses dents pourries ». De nombreux pamphlets appelés fagonnades, vont dans le même sens.
Le changement de médecin traduit également une modification dans les pratiques médicales de la fin du XVIIe siècle. Contre les excès de la médecine agissante basée sur des saignées et des purgations, les tenants de la médecine expectante prônent les bienfaits de la diète. Les seconds ne remettent pas en cause la saignée, mais son utilisation excessive. En s’intéressant au thermalisme et au tabac, Fagon tente de trouver d’autres remèdes. Daquin est un adepte de la saignée, comme semble le montrer cette anecdote non prouvée rapportée par Mercier dans son Tableau de Paris à la fin du XVIIIe siècle. Daquin aurait autorisé un jeune chirurgien voulant se forger une réputation rapidement, à pratiquer une saignée sur le roi en échange de 10.000 écus.
Durant les dernières années de sa vie, Antoine Daquin continua à pratiquer la médecine à Paris et à Moulins en profitant de la pension laissée par Louis XIV. Il meurt le 17 mai 1696. L’historiographie actuelle tend à faire de lui une victime des intrigues de cour orchestrées par un confrère rival et la favorite du roi.
Sources :
PEUMERY. Jean Jacques, « La disgrâce d’Antoine Daquin », Vesalius, II, 2, 1996, pp79-85.
LEBRUN. François, Se soigner autrefois, Paris, Seuil, 1995, 193p
SACCHELLI. Benjamin : « La Médecine au temps de Louis XIV », Nouvelles d’hier : bulletin de la Société d’Histoire de Villepreux, n°30, avril 2010.
Source image : fr.wikipedia.org
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