L' Amour entre Philippe de Macédoine et Olympias ou la conception d'un mythe: Alexandre
C’est encore bien jeune, vers l’âge
de 22 ans, que le fier et tout nouveau roi de Macédoine, Philippe II, prend la direction, à bord de son
navire royal, de l’Ile de Samothrace, île de la mer Egée idéalement située
entre les côtes Thrace, Grecque et d’Asie Mineure. Sur cette ile paradisiaque,
Philippe, curieux de nature, va chercher à se faire initier aux rites des
mystères des grands dieux. Les raisons qui l’ont poussé à voir sur place cette
initiation sont inconnues, mais tout porte à croire que son voyage était une
volonté des dieux. En effet, c’est lors d’une de ces soirées, où l’orgie est de
rigueur, que le jeune Philippe va se faire envoûter par la plus belle des
créatures de la terre.
Sous un ciel bleu-nuit clairsemé de
milliers d’étoiles, le jeune Philippe ne peut plus détourner son regard dans
cette chaude nuit. La scène est digne de ces spectacles où la nature semble
avoir donné à la femme la chose la plus belle et la plus désirable pour un
homme : son corps. La belle, dont les bras et les jambes sont enlacés et
entourés de serpents, danse aux rythmes frénétiques des instruments. L’ombre de
son corps, jeune et parfait, reflétée par les feux allumés, épouse à la
perfection la paroi caverneuse de la grotte dans laquelle se déroule la
cérémonie. Chacun de ses mouvements est une allusion à un désir charnel, et
Philippe, en pleine force de l’âge, n’en est que plus troublé et surtout
excité. La jeune fille en est bien consciente et le jeune étranger l’attire.
Elle qui est emplie de religiosité doit en être également troublée : est-ce
un signe envoyé par les dieux ? Quoi qu’il en soit, ses gestes se font de
plus en plus explicites. Leurs corps se rapprochent pour finalement ne plus se
quitter. C’est ensemble, enlacés et amoureux, qu’ils termineront la nuit.
Philippe reste plusieurs jours et tente d’apprivoiser cette sorcière au corps
de déesse. Il en est fou amoureux et décide alors, lui qui recherche une reine
pour son royaume, de la demander en mariage. Il n’en est que plus ravi
lorsqu’elle lui apprend qu’elle est de noble lignée. Fille de Néoptolène, roi
du petit royaume d’Epire, aujourd’hui entre la Grèce et l’Albanie donnant sur
la mer Adriatique, elle se prénomme Olympias et est une beauté nubile de 16 ans
environ.
Après l’avoir ramenée dans sa
capitale, Pella, Philippe l’épouse et l’élève au rang de reine. La puissance de
la Macédoine et de son précieux allié d’Epire, commence dès lors à inquiéter
les cités grecques au sud, qui voient d’un très mauvais œil ce voisin bien
incommodant s’enrichir, s’agrandir et qui plus est s’accaparer cette culture
qui fait leur fierté depuis l’âge des héros. La Grèce est alors un morcèlement
de grandes cités, toutes aussi puissantes les unes que les autres, comme
Athènes, Sparte ou Thèbes. Cependant, l’ensemble de ces cités ne parvient pas à
s’allier et à présenter un front commun devant leurs ennemies comme la Perse et
la Macédoine.
Depuis Pella, ville que le père de
Philippe, Amyntas III, avait élevé au rang de capitale, supplantant ainsi
Aigéai, le roi contemple la toute nouvelle puissance macédonienne. Au sein du
palais royal qu’il a lui-même fait bâtir, Philippe imagine Pella comme capitale
du monde hellénistique. Se pressent autour de la personne du roi, penseurs,
artistes, musiciens ou bien encore princes étrangers qui cherchent protection et
bonne fortune. Les solides murailles de briques enserrant la ville accueillent
ainsi de plus en plus de grecs de moins en moins rebutés par l’origine barbare
de leur prestigieux hôte. Néanmoins, la Macédoine reste fragile. Il suffit que
le roi meurt par inadvertance lors d’un combat ou lors d’une escarmouche, pour
que ce royaume sans héritier légitime ne sombre dans le chaos. Les occasions
d’espérer sont nombreuses tant Philippe attaque les royaumes voisins de tous
les côtés. Le soir, il festoie longuement et les banquets succèdent à d’autres
fêtes où fruits, viandes et autres pâtisseries agrémentent l’ivresse due au
vin. D’ordinaire joueur et amant facile, Philippe semble cette fois offrir
toutes ses faveurs et toutes ses tendresses à la jeune et belle Olympias.
L’avenir du monde allait prendre
naissance lors d’une fraîche soirée d’octobre 355. Le jeune couple s’adonne
encore et toujours aux jeux de la séduction et du plaisir. Olympias n’est pas
une femme facile à dompter et à satisfaire, aussi son royal époux se doit
d’être à la hauteur. C’est sans doute après une nuit endiablée que les deux
amoureux s’endorment dans la même couche, épuisés. Philippe est rassasié, mais
sa reine semble encore émoustillée, chancelante, prête à repartir pour de
nouveaux ébats amoureux. La voici tremblante et en sueur en plein sommeil. En
effet, dans son songe, elle voit le dieu des dieux, le puissant et majestueux
Zeus, s’approcher d’elle avec intérêt. Celui-ci la regarde, la flatte et tandis
que la jeune femme tombe sous son charme divin, il saisit un éclair lumineux et
d’un geste ample foudroie le ventre d’Olympias qui réagit au fracas par un râle
de jouissance. La voilà enfantée et la légende est née : celui qui naîtra
sera fils du dieu de l’Olympe.
Mais alors que faire pour Philippe?
Bien sûr, dès le lendemain, Olympias l’a mis au courant et bientôt tout le
palais le saura. Les prêtres analysent le songe, consultent les astres, les
entrailles d’animaux et autres signes des dieux. Enfin, ils déclament formellement : l’enfant qui naîtra sera
fils de Zeus. Le roi n’y voit que déshonneur et trahison : le successeur au
trône ne sera donc pas de lui et Philippe a de quoi s’inquiéter. A présent, la
farouche Olympias le regarde avec mépris, refuse ses avances et passe le plus clair
de son temps seule, recluse à adorer les
dieux en leur sacrifiant toute sorte de riches présents. Déjà adepte de la
proximité avec des serpents, Olympias s’en entoure encore davantage, si bien
qu’un soir Philippe l’a surprend en regardant par le trou de la serrure,
allongée sur son lit avec une de ces créatures qu’il a appris à détester.
Olympias aurait-elle des mœurs surprenantes ? Non, si on en croit encore
les prêtres. Là encore, après une analyse méthodique des dires du roi, les
prêtres en concluent que le corps de la belle Olympias n’avait en fait qu’été
« visité » par ce renard de Zeus, décidément prêt à toutes les
animaleries pour passer quelques minutes intimes avec la reine. Le pauvre
Philippe déjà blessé dans son orgueil se voit punir de sa trop grande curiosité
en perdant l’œil indiscret pendant une bataille quelques temps plus tard.
Bravo pour votre article et pour votre blog de qualité!!! Je m'inscris!
RépondreSupprimer