1515 : la bataille de Marignan

Le 25 janvier 1515, François Ier est couronné et sacré roi de France, sous la bienveillance de sa mère Louise de Savoie. Rien ne destinait le duc d’Angoulême à monter sur le trône, si ce n’est une série d’évènements. Le 7 avril 1498, la tête de Charles VIII heurte une poutre à l’entrée du château d’Amboise. Le choc et la chute de cheval qui s’en suit, sont fatals au roi. Son successeur Louis XII n’a pas de descendance. Sa première épouse, Jeanne de France, est handicapée et ne peut donner naissance à un enfant. Sa seconde épouse, Anne de Bretagne, ne lui donne que des filles. Lorsque Louis XII meurt le 1er janvier 1515, c’est son cousin lointain François qui lui succède.

Au moment de son avènement, François Ier souffre d’un manque de légitimité. Il n’a que 19 ans et n’est pas un descendant direct de Louis XII. Le jeune roi a besoin d’un exploit, d’un haut fait d’arme, pour asseoir son pouvoir. Il reprend la politique expansionniste en Italie de ses prédécesseurs. La nouvelle campagne est méticuleusement préparée. La vaisselle d’or de Louis XII est fondue pour récolter des fonds. D’un point de vue diplomatique, François Ier signe un traité de paix avec l’Autriche, il achète la neutralité de l’Angleterre et s’allie à Venise. Au début du printemps, il confie le pouvoir à sa mère et secondé par le Connétable de Bourbon, se met en marche à la tête de son armée comptant 50.000 hommes. En face, la Papauté s’allie avec les duchés de Florence et de Milan. Léon X, Laurent de Médicis et Ludovic Sforza organisent un barrage de défense en bloquant les cols alpestres. Sforza dispose de 20.000 suisses réputés les meilleurs mercenaires d’Europe. L’armée française se divise en deux. Le roi franchit le col de l’Argentière très escarpé et le 14 août 1515, surprend les troupes pontificales de Colonna à Villafranca. A la fin du mois, les troupes françaises effectuent leur jonction à Novare, avant de se diriger vers Milan.
Le 13 septembre 1515, les Suisses viennent aux devants de l’armée française pour les affronter dans les environs du petit village de Marignan à une quinzaine de kilomètres de Milan. La bataille fait rage jusqu’à la tombée de la nuit, sans permettre de donner l’avantage à un camp. Le cardinal Schiner, dirigeant les Suisses, décident de reprendre le combat le lendemain, plutôt que de rentrer à Milan. Le 14 septembre, les combats reprennent dès le lever du jour. L’armée française contient avec difficulté les offensives suisses. Vers les huit heures du matin, les cavaliers vénitiens arrivent sur le champ de bataille et font pencher la balance en faveur des Français.

La victoire de Marignan est immédiatement exploitée par le pouvoir royal. La date en elle-même est tout un symbole. Se déroulant le jour de la Sainte Croix, la victoire indique que Dieu est favorable au nouveau roi de France. Dans les récits français, les Vénitiens disparaissent pour laisser du roi et de son armée une image chevaleresque. Le récit de la bataille ressort en 1525, après la défaite de Pavie. Il convient de redorer le blason du roi en montrant qu’il a certes connu un revers, mais qu’il est capable de recréer cet exploit. Lors de la bataille de Pavie, François Ier est fait prisonnier et conduit à Madrid. Après cet évènement, François Ier ne participera plus directement aux batailles. Son entourage craint qu’il ne soit une nouvelle fois capturé. Marignan reste le seul haut fait d’arme de François Ier.
Suite à cette bataille, les Suisses signent le traité de Genève. Dorénavant les mercenaires suisses serviront la couronne de France. Le traité reste en vigueur jusqu’à la chute de la monarchie en 1792. La paix perpétuelle de Fribourg signée en 1516, constitue le socle de la diplomatie suisse encore de nos jours. Entrant dans une position de neutralité, la bataille de Marignan constitue la dernière grande bataille des Suisses.
Outre le fait que la France s’empare de la Lombardie, François Ier ouvre son royaume à la Renaissance. En faisant venir architectes et ingénieurs italiens, il dote la France d’une culture jugée supérieure et la fait rentrer dans la modernité.


Source image : artmeteo.com

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