Cordouan : le Versailles de la mer

Jusqu’au 4 novembre 2012, le Musée de la Marine Nationale à Paris présente une exposition sur les phares. L’occasion nous est donnée de faire la lumière sur le plus ancien phare français toujours en activité : le phare de Cordouan.

Le phare est construit sur le plateau de Cordouan, situé dans l’embouchure de la Gironde à sept kilomètres des côtes et appartient actuellement à la commune de Verdon sur Mer. A l’origine, il est bâti sur un îlot s’élevant à quelques mètres au dessus du niveau de la mer, y compris à marée haute. En érigeant des digues, les ouvriers réussirent à s’y installer le temps du chantier. Au fil des siècles, le plateau a subi l’érosion provoquée par l’action de la mer. Désormais, cet îlot est submergé la plupart du temps, excepté lors des marées basses de forts coefficients.

Le nom « Cordouan » proviendrait peut-être de l’existence d’un comptoir commercial fondé au Haut Moyen-âge à l’entrée de l’estuaire par des Maures originaire de Cordoue.

Au XVIe siècle, le Maréchal de Matignon, gouverneur de Guyenne, se préoccupe de la navigation. Il charge l’architecte Louis de Foix de la construction. Le chantier débute en 1584 pour se terminer en 1611. Le feu se situe dans un petit dôme à huit baies fermées de vitraux. Une cheminée de forme pyramidale permet l’évacuation de la fumée. Le phare éclairait à 37 mètres au dessus de la mer.
L’édifice comporte six étages. L’entrée est surmontée d’un portail monumental. Le vestibule renferme un escalier de 311 marches menant aux différents niveaux. Au dessus du rez-de-chaussée, un appartement dit « du roi » est aménagée en 1664 sur ordre de Colbert. Il s’agit d’une pièce voutée décorée de pilastres aux monogrammes de Louis XIV et de Marie-Thérèse d’Autriche. Le but était de rendre le phare confortable, afin de susciter des vocations de gardien. Une chapelle se trouve au second étage. Pièce majestueuse pavée de marbre, elle est surmontée d’une voute percée de huit baies richement ornées. Les deux vitraux, toujours en place, datent du XVIe siècle. Le troisième étage s’ouvre sur une grande salle lumineuse. Les quatrième et cinquième étages constituent les appartements des gardiens. Enfin, le sixième étage renferme la lanterne. La richesse du décor intérieur est semblable à celle de l’extérieur. De style Renaissance, le phare resplendit de par ses ornements.

La structure subit des dégâts suite aux tempêtes, ce qui modifie plus ou moins son architecture. Si le phare est reconstruit à l’identique en 1665, il est quelque peu modifié en 1719. Le changement le plus important est réalisé par l’ingénieur Joseph Teulière entre 1782 et 1789. Prenant en considération les plaintes des marins constatant que le phare n’éclaire pas à une distance suffisante, il hausse la tour en refondant totalement la partie supérieure de l’édifice. A partir du troisième étage, l’architecture complexe de la Renaissance laisse sa place au style Louis XVI plus épuré. Désormais, le phare éclaire à soixante mètres au dessus de la mer. L’éclaire ne cesse de bénéficier des avancées technologiques dans le domaine de l’optique, des combustibles, puis de l’électricité.

Encore en activité de nos jours, inscrit aux Monuments de France, le phare de Cordouan est ouvert au public durant l’été, avis aux amateurs.





Guyenne : ancienne province française correspondant approximativement à l'Aqutaine actuelle.



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