Gilles de Rais : serial killer du Moyen Age

Gilles de Rais est un chevalier, un puissant seigneur possédant de vastes domaines en Vendée et en pays nantais, dont il tire en partie son immense fortune. Il est capable de rivaliser avec le duc de Bretagne et le roi de France, dont le royaume est grignoté de toutes parts par les Anglais. Il se marie à Catherine de Thouard, une riche aristocrate qui apporte en dot de nombreux domaines en Poitou. Ensemble, ils ont une fille Marie. Gilles de Rais ne les voit guère, puisqu’ils vivent à Pouzauges en Vendée.
Homme très pieux, il est hanté par la notion de pureté. Il fait sienne les théories de Saint Augustin selon lesquelles l’âme est pure par nature, mais qu’elle habite dans un corps souillé et synonyme de pêché.
Il s’illustre dans des campagnes militaires, tout d’abord au service du Duc de Bretagne, puis au roi de France. Grâce à sa fortune, il est capable de lever rapidement des troupes autant dans le but de protéger ses propres territoires que de protéger son roi. Charles VII le nomme chef des troupes royales, puis lors du sacre, maréchal de France lors du sacre. Il devient ainsi l’un des personnages les plus importants du royaume. Lorsqu’il rencontre Jeanne d’Arc à la cour du roi à Chinon, il est subjugué par cette femme. Devenant l’un de ses principaux lieutenants, il la suit et la seconde dans ses expéditions militaires, notamment lors du siège d’Orléans. Lorsque Jeanne d’Arc est capturée et emprisonnée à Rouen, Gilles de Rais monte une expédition militaire avec des fonds propres pour la libérer. C’est un véritable échec.
La mort de Jeanne le bouleverse au plus profond de son être. Pour lui, les Anglais ont brûlé une sainte. Ayant perdu la seule femme, dont il était véritablement amoureux, il sombre dans une grave dépression. Sa famille s’inquiète de son état de santé. Elle le déclare inapte et nomme un procureur, en la personne de son cousin Roger de Briqueville, pour gérer les domaines et les finances et qui en profite pour s’enrichir.

La passion de Gille de Rais pour la pureté ne faiblit pas. Celle-ci transparaît au travers de la voix et notamment celle des enfants, dont le visage est identique à celui des anges. Dans sa quête de pureté, il se plonge à corps perdu dans l’alchimie. Il discute fréquemment avec des religieux et invite à sa cour de nombreux alchimistes et astrologues, qui viennent pour la plupart d’Italie. Cette quête le mène en autre à la recherche de la pierre philosophale, capable de transformer le plomb en or. Une partie de sa fortune est dilapidée ses expériences. Son pouvoir diminue. Ainsi Jean de Bretagne, voyant son adversaire s’affaiblir économiquement, lui rachète de nombreux domaines pour étendre son influence dans la région de Nantes. Gilles de Rais et ses complices se livrent à des pratiques de sorcellerie, à des incantations au diable, puis à des sacrifices humains. Durant des années, ils torturent, violent et tuent des enfants. Lorsqu’ils ne les enlèvent pas tout simplement, ils donnent de l’argent aux parents.

Le 13 septembre 1440, le capitaine Labbé arrêté Gilles de Rais, sur ordre de l’évêque de Nantes ayant entendu les rumeurs et les plaintes concernant les disparitions d’enfants. Il est appuyé dans sa démarche par le duc de Bretagne. Les deux hommes entretiennent des relations tendues avec l’accusé, pour des raisons politiques et territoriales Le 11 octobre, Gilles de Rais comparait devant un tribunal civil et religieux, présidé par Pierre de l’Hôpital, sénéchal de Bretagne, ce qui constitue un vice de forme. En effet, puisque l’accusé est maréchal de France, c’est le roi de France ou un de ses représentants qui aurait dû présider le tribunal. L’Eglise l’accuse de 200 crimes d’enfants. La justice civile n’en reconnaît que 140 établis clairement.
Gilles de Rais nie les crimes qui lui sont reprochés, pourtant ses complices ont avoué, les témoignages des parents abondent, des dizaines de corps sont retrouvés à proximité du château de Machecoul. Alors, les ecclésiastiques le somment de jurer son innocence sur les Ecritures. Souhaitant préserver la pureté de son âme, il refuse. Il est alors excommunié, c'est-à-dire mis au ban de l’Eglise. Horrifié à l’idée de perdre son âme, il avoue tous ses crimes. En énumérant ses différents forfaits, il ne peut s’empêcher de sourire. En se chargeant sur la justice terrestre, il est convaincu de s’alléger sur la justice céleste. Il a conscience de l’horreur de ses crimes, mais considère que son âme demeure pure. Le 25 octobre 1440, le tribunal le condamne à mort par pendaison et au bûcher. Jusqu’au lieu et l’heure de son exécution, il ne cesse de prier et d’appeler les foules à la rédemption.


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Éloi Firmin Féron : Gilles de Laval, sire de Rais, compagnon de Jeanne d'Arc, Maréchal de France (1404-1440). Toile de 1835.
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