Le colloque de Poissy

Le 9 septembre 1561, la Reine Mère Catherine de Médicis quitte le château de Saint Germain en Laye. Le cardinal Charles de Lorraine et Théodore de Bèze ont l’honneur de l’accompagner dans son carrosse. Le trio se rend à Poissy, dans le couvent des dominicaines. Catherine de Médicis profite de la présence d’un grand nombre de prélats, venus à Pontoise pour les Etats Généraux et les réunis en colloque à Poissy.

Catherine de Médicis veut sauvegarder l’unité du royaume, se divisant sur la question religieuse. En effet, la réforme protestante se propage en France et touche tout particulièrement la noblesse. La majorité des personnes présentes à la cour se sont convertis au protestantisme, à l’instar d’Antoine de Bourbon, lieutenant général du royaume et père du futur Henri IV. Tout comme Michel de l’Hospital son chancelier, Catherine de Médicis pense que les dissensions sont la conséquence d’une ignorance mutuelle, et que les deux camps doivent apprendre à se connaître. Elle sent les membres du clergé assez disposés à faire un pas envers la réforme, ou du moins à discuter avec des prédicateurs protestants sur des questions religieuses. Voici les objectifs du colloque. Elle dit aux deux prélats l’accompagnant : « Vous êtes les artisans de la réconciliation et c’est à vous qu’on en portera crédit ». Le cardinal rétorque : « Non Madame, c’est à vous qu’on en portera crédit » et Théodore de Bèze d’ajouter : « Si crédit, il y a à porter ».



Après le discours du chancelier, le colloque s’ouvre en présence de toute la famille royale, le roi Charles IX, à peine âgé de onze ans, ses deux frères Henri d’Anjou (futur Henri III) et François d’Alençon, ainsi que sa sœur Marguerite de Valois. Un grand nombre de nobles et de prélats catholiques occupent également la salle. Les prélats protestants sont peu nombreux et éloignés du lieu du débat. Ils doivent se lever et s’avancer pour parler, ce qui n’a pas manqué de susciter des critiques.


La dispute porte sur le thème de l’eucharistie. Le cardinal de Lorraine modère ses propos et se montre disposer à faire des concessions. De son côté, Théodore de Bèze appliquant à la lettre les consignes de son ami Calvin, reste argue bouté sur ses positions. Il nie la présence réelle du Christ dans le pain et le vin de la communion Il ne reconnaît l’existence que de deux sacrements. La rigueur de Bèze passe mal auprès des prélats catholiques, qui la prenne pour de la provocation. Les esprits s’échauffent. Le cardinal de Ferrare, Hyppolyte d’Este, représentant du Pape, hurle au blasphème. Catherine de Médicis parvient à ramener le calme et interrompt le colloque. Elle crée une commission de 24 membres, composée autant de catholiques que de protestants. Son objectif est de parvenir à un accord sur la question de l’eucharistie et de la hiérarchie religieuse. Les jésuites montent au créneau, arguant du fait que seul le Pape possède le droit de nommer des commissions sur ces thématiques. Catherine de Médicis cède. La commission est réduite à dix membres et ne porte plus que sur l’eucharistie.



Les questions théologiques ne sont pas tranchées par les commissions, qui se séparent le 14 octobre. Néanmoins, le colloque a permis de mettre en place les travaux, pour la rédaction de l’édit de Saint Germain. Le protestantisme est reconnu en France. En échange, les pasteurs réformés doivent prêter allégeance au roi et à ses représentants.

Par cet édit de tolérance, Catherine de Médicis cherche à sauvegarder l’autorité royale, en se posant comme arbitre. Cependant, l’édit n’est pas du goût de la famille des Guise, profondément catholique. Ils pensent que Catherine de Médicis est en train de convertir tout le royaume, comme en Angleterre. Ils s’apprêtent à quitter la cour. Catherine ne fait rien pour retenir, cette famille qui se dit souvent plus légitime au trône que les Valois, car descendante des Carolingiens et non des Capétiens. Avant de quitter Paris, le Duc de Guise charge le Duc de Nemours d’effrayer le jeune Henri d’Anjou. Le Duc dit à l’enfant que les Huguenots complotent pour s’emparer du pouvoir et tuer tous les catholiques. Il lui conseille d’accompagner son ami Henri de Guise à Nancy, afin de vivre en sécurité. Henri d’Anjou ne cède pas à la peur et rapporte à sa mère les propos de Nemours.

Le 1er mars 1562, le duc de Guise et sa suite parviennent au village de Wassy. Des protestants sont réunis dans une grange pour y célébrer le culte. Suite aux plaintes des villageois catholiques, le duc et ses hommes interviennent. Le massacre qui s’en suit déclenche la première des huit guerres de religions que va connaître la France en l’espace d’une quarantaine d’années.


Image : Le colloque de Poissy, gravure de Hogenberg, fin du XVIe siècle

Commentaires

  1. Dans le cadre de la commémoration des 450 ans du colloque de Poissy, la Ville de Poissy propose une exposition intitulée « Le colloque de Poissy de 1561. Catholiques et protestants : dialogue et tolérance ? », du 9 SEPTEMBRE 2011 au 1er JUILLET 2012

    http://www.ville-poissy.fr/fr/loisirs/vie-culturelle/musee-du-jouet-2/expositions.html

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire