On s'est battu sur la Ligne Maginot : le fort de Villy la Ferté

Contrairement à une idée répandue, la Ligne Maginot a été le théâtre d’opérations militaires durant le printemps 1940, sur deux sites à savoir : le fort de Fermont et celui de Villy la Ferté dans les Ardennes.

Peu avant le début de la Seconde Guerre mondiale, la zone de La-Ferté-sur-Chiers est incorporée dans le dispositif des fortifications de la Ligne Maginot.
En 1930, André Maginot ministre de la guerre, fait voter au parlement le budget pour la construction d’une série de forts le long de toute la frontière de l’Est, de la mer du Nord à la Méditerranée. Depuis 1919, le gouvernement français est conscient du caractère éphémère des garanties du traité de Versailles. Ne souhaitant pas déclencher une nouvelle guerre, la France opte pour une solution défensive, qui doit empêcher son territoire d’être de nouveau envahi. Cette ligne de défense demeura inachevée. En 1939, elle s’étend sur plus de 700 kilomètres, des Ardennes jusqu’au sud de l’Alsace.
Des garnisons stationnent dans ces forts lors de la déclaration de guerre le 1er septembre 1939, mais elles ne combattront pas avant le mois de mai 1940. C’est la drôle de guerre. Villy est défendu par la 1ère compagnie du 23e RIC (Régiment d’Infanterie Coloniale) renforcée d'éléments du 155e RIF (Régiment d’Infanterie de Forteresse). L’effectif total du fort s’élève à 104 hommes.

Le fort de la Ferté est le dernier ouvrage à l'ouest du secteur fortifié de Montmédy. Il est implanté entre les villages de Villy et de la Ferté, au sommet d'une colline appelée " La Croix de Villy". Construit entre 1935 et 1939, cet ouvrage se compose de deux blocs de combat dont l'un est encore équipé de son canon antichar de 47.
Le complexe se compose de deux bunkers reliés par une galerie. Il n'y a ni caserne, ni usine souterraine. Néanmoins, tous les éléments pour assurer la vie quotidienne y sont présents (dortoir, cuisine, infirmerie).
Sa défense est totalement orientée vers l'avant, en direction la vallée de la Chiers. Sa vision vers l'arrière est limitée, particulièrement celle du bloc 2. Cent mètres à l'ouest du bloc 2, la route de La Ferté à Villy traverse la colline dans une tranchée profonde. L'ouvrage ne dispose d'aucun mortier pour tirer dans celle-ci. A chaque extrémité de cette tranchée, il y a une casemate STG d'artillerie. Leur conception laisse à désirer car placées près du front, elles ne sont pas équipées pour assurer leur propre défense rapprochée. La cloche surplombant l’entrée du bloc 2 est particulièrement surélevée pour faciliter l'observation vers l'arrière. A ce stade ce n'est plus une cloche, mais une tour d'observation que les concepteurs ont planté sur le bloc. A côté, se situe une cloche rotative. Le terrain autour du complexe est jonché de barbelé et de défense anti char.

Le 15 Mai 1940, les Allemands sont au contact de la ligne Maginot pour la première fois. Afin de protéger leur aile gauche, le commandement allemand décide de neutraliser l'ouvrage de la Ferté et le village fortifié de Villy, qui flanque l'ouvrage vers le Nord. Les Allemands concentrent d'importants moyens d'artillerie pour réduire les différents points d'appui de campagne.
Trois jours plus tard, le 18 mai, ils sont à proximité du fort. Durant une grande partie de la journée, l’artillerie allemande pilonne sans interruption le complexe. Vers 18 heures, les fantassins allemands se lancent à l’assaut de l'ouvrage. Soutenu par le feu de leur artillerie, ils font sauter les barbelés et déblaient le terrain de ces défenses. Les chars s’avancent. Un obus finit par atteindre la tourelle rotative, qui sous la force de l’explosion sort de ses gonds. Les Allemands se servent de cette ouverture pour lancer des gaz à l’intérieur du complexe. Le 19 Mai à 5h30, l'ouvrage ne répond plus. Les 104 soldats français de l'équipage sont morts asphyxiés.





Avec le fort de Fermont, qui n'est pas tombé aux mains de l'ennemi, malgré les assauts répétés de la Wehrmacht, le fort de Villy la Ferté vient contredire l'idée selon laquelle, l'armée française n'aurait opposé que peu de résistance face aux Allemands en 1940. L'ouvrage est ouvert public et peut se visiter.

Commentaires

  1. bonjour ,l'ouvrage est visitable de la mi mars à fin juin les samedi et dimanche à 14h15 et 16h15 ,puis pendant les mois de juillet et d'aout tout les jours à 14h15 h15h15 16h15 ,tandis que pour la période de septembre au 11 novembre les horaires sont ceux de mars à juin
    tarif 4 euros par adulte ,3 euros par personne pour un groupe supérieur à 25 personnes et 2 euros pour les moins de 14 ans

    pour toute reservation Mr Roger Schmidt 03 24 42 35 76

    merci beaucoups de l'intérêt que vous portez à l'ouvrage de LA FERTE ainsi qu'a son histoire tragique

    DAVID HARMAND
    vice président du comité du souvenir des défenseurs de l'ouvrage de LA FERTE

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  2. Bonjour

    Mon grand-père faisait parti du 23e RIC il y a survécu et a notamment été blessé des suite d’un éclatement d’obus puis a reçu La Croix de guerre pour cette bataille

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    1. Bonjour
      Bonjour Bereau,
      Je fais actuellement des recherches sur le 23 ric de septembre 1939 à juillet 1940 car mon grand père paternel en a fait parti. Je suis passionnée de généalogie et j'essaie de retracer la vie de mes ancêtres. Auriez vous des renseignements à me donner sur le parcours du 23 ric pour que j'essaye de reconstituer le parcours militaire de mon grand père qui lui aussi a survécu malgré des blessures d'éclats d'obus. Il a été soigné à l'hôpital militaire d'Amelie les bains en juillet 1940.
      Bien cordialement
      Sophie Fétille

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