L'abbaye d'Orval (Belgique)

Vers 1070, Mathilde comtesse de Toscane et épouse de Godefroi le Bossu duc de Basse Lorraine en voyage dans la vallée de Gaume en Wallonie, s’arrête pour se rafraichir à un étang. Par mégarde, elle laisse tomber son anneau nuptial dans l’eau. Elle se met à supplier Dieu. Aussitôt une truite apparaît à la surface, portant en sa gueule le précieux anneau. Mathilde s'écrie alors : « Voici l'anneau d'or que je cherchais ! Heureuse vallée qui me l'a rendue ! Désormais et pour toujours, je voudrais qu'on l'appelle Val d'or ». En remerciement, elle fonda à Orval un monastère.


Les premiers moines arrivent du sud de l'Italie. Le comte Arnould de Chiny, les accueille et leur donne des terres. L'église et les bâtiments conventuels sont aussitôt mis en chantier. Mais au début du XIIe siècle, les moines quittent la région. Une communauté de chanoines s’installe et achève les constructions. En 1124, Henri de Winton, évêque de Verdun consacre l’église. Le 9 mars 1132, sept moines cisterciens arrivent à Orval. Moines et chanoines s'unissent en une seule communauté, et s'emploient aussitôt à adapter les bâtiments aux usages cisterciens. Ils créent un domaine agricole et forestier, dont l'exploitation leur permet de vivre selon leurs observances. Les terres qui entourent le monastère sont pauvres et ne conviennent pas à la culture. Pour pallier à ce problème, les religieux reçoivent un petit domaine à proximité de la ville de Carignan.
Dans le contexte difficile du XVIe siècle, l'empereur Charles Quint témoigne de sa bienveillance en autorisant l'établissement à se doter d'une forge sur le territoire même de l'abbaye. Il finance en partie la reconstruction de la nef de l'église qui menace de s’effondrer.
Au XVIIe siècle, deux abbés acquièrent un renom dans l'Ordre des cisterciens. L’abbé Bernard de Montgaillard rétablit l'économie du monastère, restaure les bâtiments et réforme le monastère ce qui provoque un regain de ferveur. Ainsi, en 1619, la communauté compte 43 membres. L’un des ses successeurs l’abbé Charles de Bentzeradt, établit la "Stricte Observance" dans son monastère et diffuse le modèle à d’autres communautés. En 1723, la communauté répartis sur plusieurs monastères compte 130 membres. Elle était la plus nombreuse de tout l'Empire. La prospérité matérielle allant de pair avec la ferveur : le domaine agricole et industriel ne cesse de s'accroître. Les forges d'Orval sont à la tête de l'industrie sidérurgique occidentale.
En 1789, Orval se trouve privé de tous ses biens situés en France. Le 23 juin 1793, les troupes révolutionnaires du général Loison ravagent l’abbaye. Les moines se dispersent.
En 1926, la famille de Harenne offre les ruines d'Orval et les terres avoisinantes à l'Ordre de Cîteaux, pour que la vie monastique y soit restaurée. Dom Jean-Baptiste Chautard, abbé du monastère de Sept-Fons (dans l'Allier), accepte la responsabilité de la fondation, et envoie à Orval un groupe de moines. Très vite, un nouveau monastère est construit et la nouvelle église est consacrée en 1948.


Le monastère ne vit pas isolé et replié sur lui-même. L'hôtellerie accueille toutes les personnes désireuses de se recueillir. La brasserie a été reconstruite et est exploitée actuellement par une main d’œuvre laïque. Les revenus de l'utilisation de la marque sont consacrés à des œuvres sociales, à l'entraide entre communauté monastique et à l'entretien des bâtiments. Les moines originaires de Sept Fons ont introduit la fabrication du fromage, dont la pâte pressée, non cuite, à croûte naturelle lavée se distingue par son onctuosité.

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