Richard Sorge et l’opération Barbarossa : un espion russe au cœur de la Seconde guerre mondiale

Richard Sorge, espion au service de l’URSS, est chargé par ses supérieurs soviétiques de monter un réseau d’espionnage au Japon à partir de 1933. Cette décision marque la prise de conscience du rôle stratégique de ce pays dans l’avenir de l’Europe, mais aussi dans celui de l’Amérique et de l’Asie. La suite des événements donnera raison à l’URSS, notamment en ce qui concerne l’opération Barbarossa (nom de code de l’attaque de l’URSS par Hitler) durant la Seconde guerre mondiale…


Nous sommes le 22 avril 1941, à Moscou. Alors que la Seconde guerre mondiale fait rage dans toute l’Europe, l’URSS se sent à l’abri grâce au pacte de non-agression que Staline a signé avec Hitler, le 23 août 1939.


Néanmoins, une grande effervescence règne au palais du Kremlin. Un message en provenance du Japon, de la part de l’espion russe, Richard Sorge, vient d’être décodé. L’homme qui vient de le déchiffrer est si surpris de son contenu qu’il tombe de sa chaise et se cogne le genou contre son bureau. L’homme se relève péniblement. Mais il oublie vite sa douleur et ne songe qu’à une seule chose : faire en sorte de transmettre ce message le plus rapidement possible au grand chef de l’URSS, qui n’est autre que Staline. L’information que contient cette lettre est de prime importance pour l’avenir de la nation soviétique. C’est en boitillant, mais d’un pas qui reste néanmoins assuré, que le messager parcourt les dédales du Kremlin. Il finit par atteindre le bureau où se sont réunis Staline et ses plus proches conseillers. Haletant, il tente d’expliquer à deux gardes, non sans difficulté, le pourquoi du comment de cette arrivée tonitruante. Ces derniers ne sont pas décidés à le laisser passer. Aussi a-t-il commencé à élever la voix. Le vacarme est tel qu’un officier sort du bureau fâché : « Mais quel est ce raffut ? Et vous (en s’adressant au messager), que faites-vous ici ? ». Reprenant son calme et sa respiration, le messager annonce d’un ton solennel : « J’ai un message très important de notre espion Richard Sorge à transmettre à notre vénéré camarade Staline ! ». L’officier lui arrache le papier des mains et referme brusquement la porte du bureau. Déçu de ne pas avoir pu le donner à Staline directement, le messager s’en va d’un pas très lent. Les deux gardes, qui le voient s’éloigner, murmurent. L’un demande à l’autre : « A ton avis, que peut bien contenir ce message ? Il semblait presser de le donner. De plus il a l’air de s’être blessé : tu as vu il boîte ». Et l’autre lui répond d’un air inquiet : « Je ne sais pas, mais j’espère que cela n’a rien à voir avec la guerre qui a lieu en Europe ». Ce garde ne croyait pas si bien dire…


Nous nous trouvons à présent dans le bureau, où Staline est entouré de ces officiers. « Que se passe-t-il donc ? » questionne Staline furieux d’être dérangé ainsi de manière inopportune. L’officier qui venait de lire le message ne dit mot et passe le fameux courrier à Staline. Un grand silence règne alors dans la salle, chacun se demandant quel est le contenu de ce message et quelle serait la réaction du chef de l’URSS. Décontenancé, l’homme d’acier retrouve vite ses esprits : « Ridicule ! Tout ceci est tout bonnement ridicule ! Comment peut-on croire une chose pareille ? Hitler nous attaquerait le 22 juin 1941 sous le nom de code « opération Barbarossa », rompant ainsi le pacte de non-agression ? Richard Sorge, ce stupide espion, ne sait décidément plus quoi inventer pour susciter l’intérêt ! ».


Visiblement, Staline ne porte aucun crédit aux informations de Richard Sorge. Comme de nombreux artistes peintres, Richard Sorge ne fut pas apprécié à son juste talent de son vivant (ce n’est qu’en 1964, bien après sa mort, que lui fut décerné le titre de « Héros de l’Union soviétique »). Les apparences jouent contre lui. Il n’a pas l’allure d’un espion crédible. Amateur de femmes et de boissons fortes, il écume les bistrots de Tokyo, quand il ne se trouve pas en galantes compagnies à l’hôtel Impérial, son QG. De plus, on l’a longtemps soupçonné d’être un agent double. De père allemand et de mère russe, sa « double nationalité » suscite d’autant plus la méfiance qu’il donne des informations majeures aux Allemands.


L’existence de l’opération Barbarossa est pourtant bien réelle. Staline regrettera ce mépris quelques mois plus tard quand les Allemands envahissent l’URSS le 22 juin 1941, comme il était annoncé dans le message. Ces renseignements, Richard Sorge en a eu la primeur grâce son amitié avec le général Eugene Ott, attaché militaire de l’ambassade d’Allemagne, puis ambassadeur du Reich à Tokyo. Cette amitié lui permet de bénéficier des confidences du général à propos de communications très secrètes entre Berlin et Tokyo. De plus, grâce à l’appui d’Eugene Ott, il peut rédiger le bulletin officiel de l’Allemagne. Cette fonction l’oblige à se rendre tôt le matin à l’ambassade, mais en même temps le met à l’abri des regards pour accéder aux télégrammes codés.


Cependant, l’URSS, malgré cette « bévue », parvient à résister à l’attaque allemande et à l’arrêter (en particulier lors de la bataille de Stalingrad considérée comme le point tournant de la Seconde guerre mondiale), en rapatriant ses effectifs de l’est vers l’ouest de l’URSS. Cet exploit est du en partie à Richard Sorge qui informe Staline que le Japon n’attaquerait pas. Staline a-t-il tiré les leçons du message informant l’opération Barbarossa et est-il décidé à accorder toute sa confiance à l’espion russo-allemand ? Rien n’est moins sûr… En réalité, plusieurs éléments fournis par ce dernier ont déjà été portés à la connaissance de Staline, par d’autres voies.


Richard Sorge est surveillé de toute part, tant du côté russe (plusieurs de ses amis ont subi les purges de Staline) que du côté allemand (avec le chef de la Gestapo Meisinger qui se déplace en personne au Japon). Pris en étau, lui et son réseau sont arrêtés par les services secrets japonais. Ironie du sort pour quelqu’un qui a contribué au tournant de la Seconde guerre mondiale, Richard Sorge (que l’URSS n’a pas voulu sauvé en l’échangeant avec des prisonniers de guerre japonais) est pendu quelques mois avant la fin du conflit d’où Moscou sort victorieux : le 7 novembre 1944.


Les apparences ont eu raison du travail acharné de Richard Sorge qui n’avait pourtant qu’un but en tête : servir sa mère patrie, la Russie, et servir le communisme.

Commentaires

  1. Richard Sorge était l'artisant de la victire des aliés contre les Nazis. C'est bien dommage que ce tiran de staline avec ses 1m50 de taille n'accepte de l'échanger contre des prisoniers japonnais. Il a fait pareil en laissant mourrir son unique fils dans les prisons allemandes et tout ça au noms de "je sauve les apparences" faux c'est à cause de ce con président que l'allmegne a massacré les baltes, les ucrainiens et les soviettiques de manière général.
    Staline est un monstre avec son accent Géorgien.

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  2. Bien dit ! Staline était non seulement un monstre mais aussi un imbécile qui ne devait son pouvoir qu'au charisme et à l'arrogance, et non à ses talents de stratège militaire.

    Jean D.

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