Le CSS Hunley : histoire du tout premier sous marin

Lors de la Guerre de Sécession, le Nord met en place un blocus de la Confédération. Le Sud se retrouve privé de tout ravitaillement et surtout de la vente du coton vers l’Europe, qui constitue sa principale source de revenu.

Les Sudistes possèdent une flotte de médiocre qualité et un petit nombre de vaisseaux. Les ingénieurs confédérés compensent cet état par leur inventivité. Outre les mines flottantes, un cuirassé sème la terreur à l’embouchure de la James River(1). Néanmoins, les Nordistes mettent rapidement au point leur propre cuirassé. Contrairement à leurs ennemis, ils possèdent les industries pour en construire plusieurs.

En aout 1863, la ville de Charleston principale base maritime sudiste, est sous le feu ennemi. Le général Beauregard compte sur la nouvelle invention d’Horace Hunley pour renverser la situation.



Issu d’une famille d’ouvrier du Texas, Hunley poursuit des études de droit. Il devient avocat, puis responsable des douanes à la Nouvelle Orléans. Fervent patriote, il est conscient que le blocus imposé par le Nord, peut entrainer à terme la chute de la Confédération. Cherchant un moyen de forcer le blocus, il se rapproche de l’ingénieur et industriel James Mc Clintock. Passionné d’histoire, ce dernier relate à Hunley l’épisode selon lequel, Alexandre le Grand aurait exploré les fonds marins à l’intérieur d’une bulle de verre. Hunley est séduit par cette idée. Il se penche sur les dessins de Léonard de Vinci, puis sur les travaux de l’américain David Bushnell. En 1776, ce dernier a construit un submersible monoplace, qu’il baptise la tortue. Hunley entre en contact avec le lieutenant George Dixon. Blessé au combat, ce dernier est muté à la gestion du port de la Nouvelle Orléans. Il est intéressé par l’idée de Hunley et l’aide à dessiner des plans.

Fuyant l’avancée nordiste, les trois hommes se réfugient à Mobile. Rassemblant les 15.000 dollars nécessaires auprès d’un cénacle d’ingénieurs, Hunley peut enfin fabriquer son submersible à la fin du mois d’aout 1863. Le bâtiment mesure 12m de long, pour 1m30 de haut et 1m de largeur. Il pèse 8 tonnes. Sept hommes actionnent une manivelle, afin de faire tourner l’hélice. Deux citernes de ballastes permettent de plonger. Il n’existe pas de réserve d’oxygène. Une plongée ne peut durer plus de deux heures. Néanmoins, il est possible de renouveler l’air en surface, par le biais de tuyaux dépliables mesurant un mètre. Un filet tire une mine destinée à faire exploser les vaisseaux ennemis. Ce prototype coule dès sa mise à l’eau, causant la mort de cinq marins. Les écoutilles connaissent un défaut d'étanchéité.




Convié à Charleston avec Mc Clintock, Hunley perfectionne son invention. Il place la charge explosive au bout d’une longue perche à la proue du navire. La perche éperonne le navire et dépose les explosifs dans la coque. Cependant, Beauregard s’impatiente. Il exige que le submersible sorte sans plus tarder. Il le réquisitionne. Mc Clintock furieux de voir son invention entre les mains des militaires, quitte la ville. Hunley appelle Dixon pour le seconder.

Le 15 octobre 1863, Hunley prend le commandement du sous marin et sort du port. Le clapet de la ballaste avant est verrouillé trop tardivement. L’eau s’engouffre, noyant Hunley et tout son équipage. Le Hunley est repêché trois semaines plus tard. Horace Hunley reçoit des funérailles nationales.

Dixon poursuit le projet. Le 17 février 1864 alors qu’il fait encore nuit, le Hunley sort une nouvelle fois du port de Charleston. Il parvient à déposer sa charge sur la coque de la frégate nordiste le Housatonic et l’envoie par le fond. Néanmoins, le Hunley coule lors du trajet retour. Le 8 aout 2000, une équipe de plongeurs remontent le submersible. Les archéologues étudient la carcasse, afin de déterminer les raisons de son ultime naufrage.



Celui que les contemporains ont surnommé le cercueil de fer, n’a eu aucun impact sur le déroulement de la guerre. Néanmoins, il demeure l’un des hauts symboles de la résistance du Sud. Le Hunley premier sous marin de l’histoire, fait entrer la guerre navale dans une nouvelle ère, en élargissant les combats maritimes à la troisième dimension.



(1) voir l'article du site intitulé : "quand-les-marins-croisent-le-fer"

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