Olympe de Gouges et la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne

De condition modeste, Olympe de Gouges fait un bon mariage avec Louis Aubry en 1765 dont nait très vite un fils. Le chemin d’épouse modèle bourgeoise semble tout tracé.

Mais, Olympe de Gouges se lasse de ce quotidien. Au fin fond de sa province montalbanaise, elle caresse le doux rêve d’une autre vie, d’une vie moins morne. Elle aspire à la célébrité. Sans doute est-ce là un moyen d’avoir la reconnaissance de son véritable père, le marquis Le Franc de Pompignan (Olympe de Gouges serait née d’une relation adultère entre ce marquis et sa mère Anne Mouisset, le père « officiel » boucher étant le mari d’Anne Mouisset). Le décès de son époux alors qu’elle n’a que 20 ans, loin de causer chez elle une profonde tristesse, lui ouvre les portes d’une nouvelle vie.


C’est ainsi, qu’en habits de deuil (morale oblige), elle « monte » à Paris à la recherche de cette chimère nommée notoriété. Et ce qui n’était jusque là qu’un songe, se réalise. Olympe de Gouges se lance dans une carrière littéraire. Aucun salon parisien ne peut être tenu sans sa présence, du moins sans que l’on ne parle d’elle. Tout ceci elle le doit, entre autres, à son affiliation avec son père naturel, dramaturge, et à sa liaison avec Jacques Biétrix de Rozières, haut fonctionnaire de la marine. Cependant, éprise de liberté, elle refuse la proposition de mariage de ce dernier.

Femme de lettres et femme libre, elle devient véritablement célèbre lors de la Révolution française avec sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne rédigée en 1791 et adressée à la Reine. Cette Déclaration des droits de l’homme et du citoyen au féminin est un manifeste pour l’émancipation de la femme. Ce texte fait d’elle une des pionnières du féminisme avec Théroigne de Méricourt et Claire Lacombe. Elle y affirme l’égalité des droits entre les deux sexes. Elle résume ironiquement son idée dans cette formule qui n’est pas sans nous en rappeler une autre :

« La femme naît libre et demeure égale en droits à l’homme »

L’indépendance dont elle a rêvée et qu’elle a réussie en partie à acquérir, elle souhaite la partager avec toutes les autres femmes. En ce qui concerne les droits civils, elle demande la reconnaissance des droits pour les femmes non mariées et les mères célibataires. Elle milite pour la création de maternités afin que les femmes accouchent dans de bonnes conditions.. Mais les résultats sont peu probants. Elle parvient tout de même à arracher aux Girondins le droit de divorcer.

A côté de l’égalité des droits civils, elle revendique celle des droits politiques par cette phrase, la plus connue de sa Déclaration :

« La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune »

La suite lui donne raison. Elle obtient que les femmes soient admises dans une cérémonie à caractère national, notamment lors de la commémoration de la prise de la Bastille le 14 juillet 1792. Mais elle obtient aussi sa mise à mort, lors de la Terreur, car elle est jugée solidaire du parti des Girondins. Elle est guillotinée le 3 novembre 1793 tout comme l’a été sa Déclaration refusée par la Convention. N’est-ce pas là ironique ?

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