Arminius ou l’échec de la romanisation en Germanie (2e partie)


Varus ne croit pas à une révolte généralisée des Chérusques et Arminius l’appuie en ce sens. Il entame le retour de ses troupes à ses quartiers d’hiver. Arminius ouvre la route avec ses cavaliers. Parvenu à la lisière de la forêt de Teutobourg, Varus aperçoit de la fumée. Il pense qu’Arminius est tombé dans une embuscade et souhaite lui porter secours. Les légionnaires s’enfoncent dans une forêt épaisse parsemée de falaises et boueuse. Les chariots s’enlisent. La colonne se distend. Les cavaliers sous le commandement d’Arminius, accompagné de guerriers germains attaquent simultanément l’avant et l’arrière de la troupe. Il s’agit de raid éclair. Varus réunit le gros de ses troupes et installe un camp fortifié dans une plaine, afin d’y passer la nuit. Le lendemain sous une pluie battante, les légions se remettent en route. Leur but est de quitter la forêt. Arminius poursuit sa technique de la guérilla. Annonçant ses raids par des sons de cor. Les Romains apeurés ne cherchent plus qu’à s’enfuir. Isolés, paniqués et désorganisés, ils sont massacrés par les guerriers chérusques. Aucun légionnaire romain ne sortira de la forêt de Teutobourg. Varus lui même se suicide sur le champ de bataille. Sa tête est envoyée à Auguste. C’est la première fois que les Romains subissent une défaite aussi lourde en si peu de temps.


La bataille de Teutobourg marque l’échec et la fin de l’expansion romaine en Germanie. Pour Arminius, c’est la consécration. Tacite le décrit « comme le sauveur de la Germanie ». Auguste renonce à envoyer de nouvelles troupes après l’échec de Germanicus en 15. Pour l’empereur, ces territoires n’ont pas grand chose à offrir. Il est préférable de laisser les Germains s’entretuer. D’un certain côté, l’empereur n’a pas tort, puisque Arminius est empoisonné par l’un de ses proches.

La force d’Arminius est d’avoir su unir des clans différents et indépendants. Il a également réussit à imposer sa stratégie personnelle. Celle ci privilégiant les raids plutôt que les batailles rangées, aurait pu le faire passer pour un lâche aux yeux des ses compatriotes. Il faut y ajouter la préférence pour la capture des civils. Il ne faut pas y voir un geste humaniste, mais un geste économique. Arminius espère les échanger contre des rançons. Les motivations personnelles d’Arminius sont encore l’objet de nombreux débats entre historiens. Certains y voient un combat pour la liberté des Chérusques contre l’envahisseur romain. D’autres penchent plutôt pour un combat personnel. Le but final d’Arminius aurait été de créer une monarchie sur le modèle romain, dont il aurait pris la tête.

L’échec de la romanisation en Germanie est à la base de la cassure culturelle entre les régions situées de part et d’autres du Rhin. Cette dernière peut être observée comme une explication des différences politiques entre la France et l’Allemagne. Les clans et tribus germaniques n’ont pas été unifiés par les Romains. Ceux ci demeurent jusqu’à la fin du XIXe siècle, expliquant le morcellement politique de la région. Le Saint Empire est demeurée une monarchie élective, par les grands électeurs issus des différents Etats et principautés. La naissance de l’Allemagne a dû prendre en compte cette situation et a privilégié le fédéralisme comme mode de gouvernance.

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