Histoire à la carte



Cette année, l’Institut Géographique National fête ses 70 ans. Parmi un très grand nombre de travaux, l’IGN conçoit et fabrique des cartes, un outil commun qui possède une longue histoire.


La première carte du monde serait la pierre de Dashka découverte en 1999. Mesurant un 1m48 de hauteur sur 1m06 de large, elle cartographie la Sibérie il y a 120 millions d’années, bien que cette datation soit encore discutée. Elle présente la particularité d’être en relief. Outre cet objet singulier, c’est en Mésopotamie que les cartes les plus anciennes ont été trouvées. La cité de Nuzi situé au Nord de l’Irak a livré des tablettes datant de 2.200 avant notre ère. On peut y voir la cité au bord du Tigre et les montagnes environnantes.
Les Grecs tels Hérodote et Ptolémée, s’intéressent à la terre habitée. La compréhension du globe passe par l’analyse du ciel. Ainsi, Eratosthène positionne les étoiles selon une latitude et une longitude et propose la première mesure de la Terre.
Par rapport à leur homologue grec, les Romains sont à première vue de bien piètres cartographes. La table de Peutinger établie au début de l’Empire, retrace toutes les routes commerciales de l’empire romain et les poursuit jusqu’en Chine. Quelque 555 villes et 3500 autres particularités géographiques sont indiquées, comme les phares et les sanctuaires importants. Le format ne permet pas une représentation réaliste des paysages. Elle n’offre pas une représentation fidèle de la réalité. Par contre, c'est une carte très exacte des distances, qui sont exprimées la plupart du temps en milles romains, ou dans d'autres unités si elles étaient en cours dans une région. Cela permettait d'avoir une idée assez exacte de la distance et du temps pour se rendre de n'importe quel point à un autre, même si parfois quelques liaisons ne sont pas indiquées. Les parcours sont assez réalistes. Chaque station porte la longueur de l'étape, tandis que des vignettes signalent les villes principales, les villes thermales…

Au Moyen Age, le savoir passe au sein des monastères. Les moines construisent des cartes du monde suivant le modèle biblique. Jérusalem devient le centre du monde entouré d’eau et est divisé en trois continent. Chacun est attribué à l’un des fils de Noé. Le monde formait ainsi un T encerclé dans un O, d’où leur nom de carte T en O.
Ces cartes sont des représentations bibliques et n’ont pas vraiment d’utilité concrète où de prise avec la réalité. A partir du XIIIe siècle, les navigateurs notamment italiens, construisent des portulans regroupant les ports, les courants maritimes et le trait de côte. Toutes ces informations sont le fruit d’observations et de mesures faites à la boussole.

A partir de la Renaissance, les grandes monarchies cherchent à maitriser leur territoire. Les cartes prennent un nouvel essor. Les Etats ont besoin d’information pour mener des campagnes militaires et les conquêtes en Asie et en Amérique. Bien qu’un effort soit fait dans la représentation du milieu, nombre de cartes sont encore tributaire de l’astrologie.
Au XVIIIe siècle, la famille Cassini dessine la première carte générale du royaume de France. Elle constitue une véritable avancée technologique, par le soin mis aux mesures, afin de localiser précisément les lieux, calculer les distances et répertorier les marques du paysage.

La défaite de 1870 est expliquée par la déficience de l’éducation des Français vis-à-vis de leurs voisins allemands. En effet, les Français méconnaissent leur territoire. Les cartes doivent montrer le cadre physique, dans lequel se développe la nation. Elles sont désormais réalisées par les militaires, afin de servir à planifier les campagnes militaires. La construction de ballons permet de prendre des mesures aériennes et de repérer le terrain, afin de préparer le mouvement des troupes, comme ce fut le cas lors de la Guerre de Sécession et de la Première Guerre Mondiale.
A partir des années 1950, les cartes trouvent d’autres utilités. Elles deviennent des outils de tourisme. Outre les axes de circulation, doit y figurer un certain nombre de figurés comme les lieux remarquables, les musées, les sites historiques et divers aménagements de loisirs.


De nos jours, la carte est un instrument employé par tous. Elles servent à nous repérer dans l’espace, à localiser des objets, à se déplacer, à faire la guerre, à étudier divers phénomènes, on pense ici par exemple aux cartes hydrographiques et des fonds marins, ainsi que des cartes lunaires et martiennes. Elles n’ont cessé d’être les représentations que l’Homme se fait de son cadre de vie et de bénéficier des avancées technologiques.

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