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Stonehenge

 


«Pouvez-vous imaginer essayer de convaincre six cents personnes de vous aider à traîner une pierre de cinquante tonnes à dix-huit kilomètres à travers la campagne et à la muscler en position verticale, puis en disant: 'Bien, les gars! Encore vingt comme ça ... et puis on peut faire la fête! '"

Bill Bryson

 

Localisation : Amesbury, Royaume-Uni

 

Date : -2800

 

Architecte : -

 

L’essentiel

Signifiant « pierres suspendus », Stonehenge est le cercle de pierres préhistorique le plus sophistiqué au monde en raison de la taille de ses mégalithes, la complexité de son plan concentrique et de sa conception architecturale, la forme des pierres et la précision de la construction de l’ensemble. L’édifice témoigne des pratiques cérémonielles et mortuaires du Néolithique et de l’âge du bronze, d’une société préhistorique riche et hautement organisée. En effet, la construction d’un tel complexe prouve la capacité des peuples de la préhistoire à concevoir, dessiner et construire des structures de grande taille et de grande complexité. Le site présente les traces d'une occupation antérieure à la construction du monument. Un long enclos mégalithique, appelé le Cursus, a été construit vers -3500, à 700 m au nord du monument.

 Le premier monument se composait d'une enceinte circulaire délimitée par une levée de terre et un petit fossé. Le cercle mesurait 110 mètres de diamètre. L’entrée principale se situait vers le nord-est vers le soleil levant du solstice d’été. Les constructeurs n'ont pas accordé beaucoup d'attention à la régularité géométrique du fossé. En réalité, il servait de carrière d'où sont extraits les matériaux nécessaires à l'édification de l'enceinte circulaire Le remblai mesurait une largeur de six mètres et une hauteur de deux mètres. Les archéologues ont découvert plusieurs dizaines de tombes à incinération. Les objets retrouvés suggèrent que les défunts étaient des dignitaires disposant d'une autorité spirituelle ou religieuse. L'étude des restes des défunts indique qu'ils étaient en mauvaise santé avant leur mort. Cela pourrait indiquer que la fréquentation du site avait un but médical. Un réseau complexe de trous de poteaux se trouve au centre du cercle et aux deux entrées. On ignore si ces poteaux correspondent à des échafaudages, ou bien supportaient des toitures.

Entre -2100 et -2000, le site connait des modifications majeures. Un double cercle de pierres bleues est érigé. La chaussée d’entrée est élargie. Trente-huit cavités sont creusées à l’intérieur du cercle de sarsen, destinées à accueillir des menhirs. Une voie processionnelle, large de 23 mètres appelée l’Avenue, permet de rejoindre le monument.

La dernière phase de modification se situe entre -2000 et -1500.

Toutes les pierres bleues des cercles sont retirées pour faire place nette. Le nouveau complexe comprend 75 monolithes de grès sarsen. Ceux-ci pesant plusieurs tonnes sont puisés dans des carrières à quarante kilomètres du site. Les trilithes, d’une hauteur de six mètres, sont érigés et disposés comme des portiques selon un plan en forme de fer à cheval. Des poignards et des haches sont gravés sur certains trilithes. Au milieu se dressait la « pierre d’autel ». Un gigantesque menhir de grès vert brillant au soleil. Le site est peu à peu abandonné. Il subit même des destructions volontaires au cours des premiers siècles de notre ère.

 Il faut attendre le XVIIe siècle pour que Stonehenge retrouve ses lettres de noblesse. En effet, les Hommes du Moyen Age considèrent le monument comme une œuvre du diable, ou une création de Merlin. En 1621, l’architecte Inigo Jones exécute les premiers croquis. En 1626, sort le premier livre sur le sujet rédigé par John Aubrey et intitulé Templa druidum. Au milieu du XVIIIe siècle d’autres ouvrages paraissent. John Wood effectue des relevés précis. Au XIXe siècle, les astronomes s’intéressent à Stonehenge. Au cours du premier XXe siècle, le colonel Hawley n'hésite pas à décaper la moitié du site, fouillant quantité de cavités, à la recherche d'objets caractéristiques, ce qui lui sera reproché.

A partir des années 1950, des préhistoriens reprennent les fouilles. Richard Atkinson effectue les premières datations au radiocarbone et consolident les éléments les plus fragilisés. En 2008, d’autres analyses ont affiné la datation du site et prouvé que le site est occupé bien avant l’édification de Stonehenge. Certaines pierres proviennent du Pays de Galles.

 Les érudits du XVIIe siècle ont fait de Stonehenge un temple druidique. Bien qu'il soit prouvé que le site n'a pas été édifié par des druides, les mouvements néodruidiques en ont fait un lieu de pèlerinage pour y célébrer le solstice d’été. Les trous servaient à dresser des poteaux en vue de calculs astronomiques. Les datations permettent d’infirmer cet aspect, car le monument est bien antérieur aux druides. Il est évident qu’il servait de cimetière, de lieu de cérémonies politiques et religieuses.

La question de l’utilisation astronomique perdure. Stonehenge présente une ouverture au nord-est de l'enceinte circulaire, ce qui laisse suggérer que les bâtisseurs ont accordé une importance aux points des solstices et des équinoxes. En effet au solstice d'été, le soleil passe près de la Heel Stone, et les premiers rayons du soleil brillent au centre du monument. Bien qu'on ne puisse écarter qu'un tel alignement puisse être une coïncidence. Néanmoins, Stukeley a remarqué que la Heel Stone n'était pas précisément alignée sur le lever du soleil. D'une année à l'autre, en raison des variations de l'obliquité de l'écliptique, les déclinaisons du soleil changent avec le temps. La question se pose également de savoir si le climat anglais aurait permis l'observation précise des événements astronomiques. Les chercheurs sont en quête d'alignements concernant des phénomènes qu'ils connaissent, mais dont les utilisateurs préhistoriques ignoraient Néanmoins plusieurs indices révèlent que les occupants du site ne s'y rendaient pas l'été, mais plutôt à l'occasion du solstice d'hiver. Des restes de porcs abattus indiquent qu'ils ont été abattus en décembre ou janvier de chaque année. De plus pour les sociétés agricoles du Néolithique l'attente du retour du soleil à la fin de la journée la plus courte de l'année, synonyme de germination des graines semées à l'automne, étaient un événement plus important que le solstice d'été. La position du grand trilithon renforce cette hypothèse. Il invite à tourner le regard dans la direction du coucher du soleil au solstice d'hiver. Le tracé de l’Avenue contribue à confirmer cette hypothèse.

Le site présente de nombreuses surfaces de réflexion des sons, à des distances différentes et suivant de multiples chemins de réflexion du son. Pendant les expérimentations, le bruit du vent s'est révélé plus fort à l'intérieur du cercle qu'à l'extérieur. Le son s'échappe du cercle seulement à des points spécifiques.

  

Inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, propriété d’Etat depuis 1918, Stonehenge attitre un million de visiteurs chaque année. Sa notoriété dépasse le Royaume-Uni, car il existe plusieurs répliques à travers le monde. La plus importante est celle de Maryhill dans l’Etat de Washington aux Etats-Unis. Elle est construite en 1930 en béton armé. Elle reproduit avec le plus de fidélité possible et orienté conformément à l'original. Le cercle des mégalithes est complet et les dimensions identiques. Le monument est dédié aux morts de la Première guerre mondiale.



Notre article sur l'hypothèse de Stonehenge comme hôpital

 


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