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Avoir une dent contre l’ennemi : le cas de la dentisterie durant la guerre de Sécession




En 1860, la dentisterie n’est pas encore reconnue comme une discipline médicale. Peu enseignée, il existe seulement quatre écoles pour tous les Etats-Unis, Baltimore, Cincinnati et deux à Philadelphie. Entre 1841 et 1860, elles produisent 532 diplômés. Les fournitures dentaires proviennent des manufactures situées dans le Nord.

Les armées ne comprennent pas de dentiste. Les soldats ont besoin de soins dentaires, car ils négligent leur hygiène. Les brosses à dent sont difficiles à trouver et le brossage n’est pas dans les habitudes. Sa rareté engendre des caries et des édentements. De plus, l’alimentation dépourvue de légumes et de fruits frais provoque au sein des armées de nombreux cas de scorbut. Par ailleurs, un large pourcentage des blessures a affecté le visage ou la mâchoire. James Bean invente une attelle interdentaire en caoutchouc qui réduit la fracture de la mâchoire et la fixe. Les fragments osseux sont immobilisés et le patient peut se nourrir. La perte de dent est un motif d’exemption. En effet, un soldat sans dent ne peut pas déchirer ses cartouches pour charger son fusil. Néanmoins dans les faits, très peu d’hommes (2.4% des personnes examinées) sont réformés pour mauvaise dentition.

Les soldats consultent des dentistes civils qu’ils rémunèrent avec leur solde. Un soldat touche 18 dollars par mois. Or une extraction coûte 20 dollars et un plombage 120 dollars. L’or est le matériau de choix pour confectionner les dentiers. Il semble que ce métal est plus disponible à l’Ouest et donc, plus utilisé. De plus, la littérature du XIXème siècle  recommande son emploi. Le Southern Dental Examiner, seul journal dentaire de l’Etat confédéré, contient des publicités pour l’or utilisé en plombage. Cependant, l’ébonite est privilégiée pendant le conflit pour des questions de coût. Pour les plombages, les praticiens utilisent une fraise manuelle et des excavateurs pour nettoyer la dent.

En 1864, le Dr Moore, chirurgien général de l’armée confédérée, conscient de l’ampleur du problème, favorise la création d’un corps de dentistes militaires. Désormais des officiers, dentistes de profession, effectuent des opérations dentaires. Ceux-ci officient dans les hôpitaux militaires et emploient leurs propres instruments. Les fournitures sont à la charge de l’hôpital. La production du Sud demeure limitée en quantité et en qualité. Elle ne répond pas à la demande. La Confédération est contrainte de se fournir à l’étranger, ce qui implique un surcoût. Le blocus mis en place par la marine nordiste complique l’approvisionnement et enflamme les prix.

Sources
- Texte et image : RIAUD Xavier, Les Dentistes américains dans la guerre de Sécession 1861-1865, L’harmattan, Paris, 2012, 218p.



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