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La révolution russe de 1917




- En ce 25 octobre 1917, nous apprenons que les bolcheviks viennent de lancer l’insurrection contre le gouvernement provisoire et de s’emparer du palais d’Hiver. Suite à cet événement, Lénine vient d’être élu président du Conseil des commissaires du peuple. Pour comprendre la situation, nous accueillons notre expert politique René Blabla.

- Pour comprendre la situation, il faut remonter à l’année 1905. La Russie connaît déjà des troubles qui conduisent à l’instauration d’une monarchie parlementaire. Le tsar Nicolas II conserve la couronne, mais il partage le pouvoir avec la Douma, le parlement. Le nouveau régime ne répond guère aux attentes des classes populaires. Les paysans souhaitent que la terre revienne à ceux qui la cultivent. Les ouvriers réclament des avancées sociales : journée de huit heures, hausse des salaires, moyen d’expression dans les usines. Le peuple appelle à l’institution d’une république et à l’élection d’une assemblée constituante. Néanmoins, la guerre implique de la discipline et oblige les usines à tourner sans interruption. Elle repousse à une date inconnue la tenue d’une assemblée constituante. Le 23 février 1917, les ouvrières de Vyborg défilent dans les rues de Petrograd. Elles déclenchent sans le vouloir une série de grèves. Des dizaines de milliers d’ouvriers, de chômeurs et d’anarchistes se joignent à elles malgré la rudesse de l’hiver. Ils expriment leur ras-le-bol de la guerre et des pénuries. Ils réclament de meilleures conditions de travail et la fin du régime autocratique qui les gouverne. Les manifestants se dirigent vers la Douma. Certains députés paniquent, d’autres décident de les accueillir. Une trentaine d’activistes se constituent en comité exécutif provisoire du soviet de Petrograd. Le 2 mars se met en place un gouvernement provisoire composé par la Douma et le Soviet et constitué de députés du KD, le parti libéral démocrate. Le prince Lvov le préside. Lâché par ses généraux, Nicolas II signe une lettre d’abdication en faveur de son frère Michel, qui abdique à son tour dans la foulée.

- Ce mouvement a réussi à prendre de l’ampleur car les militaires ont refusé d’appliquer l’ordre du tsar de tirer sur la foule.

- En effet, il faut bien comprendre qu’il existe un fossé entre les officiers issus de l’aristocratie et les soldats issus de la paysannerie. Les désertions et la désobéissance demeurent exceptionnelles sur le front. L’agitation est plus grande chez les troupes de garnison qui sont au contact du peuple et notamment celle de Petrograd. Les soldats obtiennent une représentation importante dans le soviet de Petrograd. Le gouvernement promulgue de nouveaux règlements disciplinaires pour l’armée. Les officiers ne supportent pas la remise en cause de leur autorité suite aux réformes engagées par les soviets et militent pour la poursuite de la guerre. Le fossé se creuse davantage. A partir de cet instant, les désertions et les refus d’obéissance croissent. De plus, la tentative de putsch du général Kornilov montre aux soldats, qu’on ne peut pas faire confiance aux officiers. Les soldats rejoignent les rangs des bolcheviks qui prônent la paix, la terre et la liberté.

- Les bolcheviks, restés en dehors du gouvernement, captent le mécontentement populaire.

- Tout à fait, le nombre d’adhérents ne cesse de croitre. L’idée qu’il faut mettre un terme à la guerre quel qu’en soit le prix, trouve un écho de plus en plus favorable dans la population et chez les soldats. Au moment de la révolution, sur les 14 millions engagés depuis le début de la guerre, la Russie a déjà perdu plus de 5 millions de soldats (tués, blessés, prisonniers). La Russie a rejoint le front sans enthousiasme. Aucun ennemi ne menace son sol natal.
- Quelle est la suite du programme maintenant que les bolcheviks sont au pouvoir ?

- Il devrait sans aucun doute tout mettre en œuvre pour conclure la paix le plus rapidement possible, afin de consolider leur pouvoir à l’intérieur du pays. On risque de voir naitre une guerre civile opposant les Blancs et les Rouges.

- Merci, René pour toutes ces précisions. Nous ne manquerons pas de suivre de suivre ces évènements. Quant à moi, je vous rends l’antenne.

Sources :
Texte :
- FERRO Marc, « Personne n’avait anticipé l’explosion de février », L’Histoire, n°432, février 2017, p34-44.
- WERTH Nicolas, « Pas de révolution sans les soldats », L’Histoire, n°432, février 2017, p48-55.

Image : http://www.lelivrescolaire.fr/#!manuel/1189304/histoire-geographie-3e-2016/chapitre/1189306/la-premiere-guerre-mondiale/page/1189321/la-revolution-russe-1917/lecon

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