Accéder au contenu principal

Le règne d'Henri VIII d'Angleterre



En 1508, Henri VIII, âgé de 17 ans, monte sur le trône d’Angleterre. C’est un jeune homme plein d’énergie, intelligent, grand amateur de sport et passionné par la musique et les sciences.

Les nobles constituent l’essentiel de la cour. Propriétaires terriens, ils sont les plus aptes à conseiller le souverain de par leur naissance. Ayant encore une vision féodale de la monarchie, ils considèrent le roi comme le premier parmi ses pairs. De son côté, le souverain se considère sans égal. Aussi, autant par égo que par volonté politique, il interdit que les membres de la cour l’appellent « Sire » et impose le mot « Majesté ».
Henri VIII insiste sur le fait qu’il est le roi, car la branche des Tudor n’est pas la seule à pouvoir revendiquer la couronne. En effet, les Tudor ont accédé au trône à l’issue de la guerre civile des deux roses. Henri VIII vit dans la peur constante d’un complot. Dès qu’il soupçonne une tentative visant à le renverser, il agit en conséquence sans attendre les preuves. Ainsi en 1521, il fait exécuter le duc de Buckingham. Cette méfiance vis-à-vis de l’aristocratie permet à la bourgeoisie de s’installer à la cour et d’être présente dans l’entourage du souverain.
Henri VIII n’aime pas administrer. C’est une tâche bien trop ennuyeuse pour un jeune homme. Il délègue tout au cardinal Thomas Wolsey et part à la chasse. Le cardinal est secondé par Thomas Cromwell, issu de la bourgeoisie. Le roi récompense très gracieusement ses bons serviteurs. Avec l’argent accumulé, le cardinal fait bâtir en 1521 le château d’Hampton Court, le plus luxueux d’Angleterre. La présence de Wolsey et de Cromwell à la cour ne plait pas à la noblesse, qui se voit enlever ses prérogatives.

En 1529, Henri VIII tombe amoureux d’Anne Boleyn. La jeune femme est belle, intelligente et ne manque pas d’ambition. Elle ose se refuser au roi. S’il la veut, il n’a qu’à la faire reine. Anne Boleyn avance les bons arguments pour faire mouche. L’épouse d’Henri VIII, Catherine d’Aragon, ne lui a pas donné d’héritier et elle ne sera bientôt plus en âge de procréer. Anne promet au roi de lui donner le fils qu’il attend pour consolider son pouvoir. Seulement, si Anne doit devenir reine, Henri doit l’épouser et pour ce faire, il doit divorcer. Or seul le Pape peut proclamer un divorce. Le roi envoie Wolsey à Rome pour négocier. Clément VII n’accède pas à la requête du roi d’Angleterre. Anne est furieuse. Elle persuade le roi que Wosley a fait échouer le projet. Aidée par la noblesse, elle le décrédibilise aux yeux du roi. Le cardinal tente de recouvrer les bonnes grâces d’Henri VIII en lui donnant son château. Rien n’y fait. Il est arrêté pour trahison et meurt en prison des suites d’une maladie.
Henri VIII utilise les mouvements de réformes religieuses pour contester l’autorité du Pape. La Réforme lui permettrait de devenir le chef de l’Eglise et de s’accorder le divorce. Néanmoins, il ne peut agir sans risquer de déclencher une guerre civile dans un pays catholique. Il s’appuie sur Cromwell, qui pense que la Réforme permettra d’abolir les barrières sociales et de favoriser l’ascension de la bourgeoisie. Ce dernier rappelle à la chambre des communes que le roi a toujours eu la prérogative en matière spirituelle sur le royaume, mais que cette coutume a sombré dans l’oubli. Par d’habiles manœuvres politiques, il rallie la chambre à sa cause. Maintenant, Henri VIII a le soutien de son peuple et peut agir. Il rompt avec Rome et fonde l’église anglicane dont il est le chef. Le voilà schismatique et il n’hésite pas à faire taire dans le sang tout mouvement de contestation. Le roi s’approprie les biens des monastères pour renflouer les caisses de l’Etat en revendant les domaines à des bourgeois. La noblesse fulmine de voir les bourgeois acquérir les mêmes caractéristiques qu’elle.  
Après trois années de mariage, Anne Boleyn tombe en disgrâce. Elle n’a donné au roi qu’une fille, la future Elizabeth Ière. Henri VIII se demande s’il n’a pas fait une grave erreur en rompant avec Rome. Les troubles du royaume, ses maladies et l’absence d’héritier mâle ne sont-ils pas les preuves de la colère divine ? Cromwell profite de la faiblesse d’Anne Boleyn pour se débarrasser de la femme qui a contribué à la chute de son ami Wolsey. Il fait arrêter des courtisans accusés d’être les amants de la reine. Cette affaire de mœurs salit la réputation de la reine. Elle est arrêtée puis exécutée pour trahison le 14 mai 1536. Henri VIII ne veut plus entendre parler de cette hérétique qui a conduit le royaume à sa perte.


Quelques semaines plus tard, Henri VIII épouse Jane Seymour une ancienne dame d’honneur d’Anne Boleyn. Le roi grossit de plus en plus. Il mange toujours autant, mais n’a plus guère d’activités physiques, notamment à cause d’un problème aux jambes. En 1537, Jane Seymour meurt en accouchant d’un fils, le futur Edouard VI.
Cromwell suggère au roi d’épouser Anne de Clèves, une princesse allemande protestante. Le mariage est célébré sans que les époux ne se soient vus. Lorsque le roi rencontre sa nouvelle femme pour la première fois, le courant ne passe absolument pas. Il la trouve laide et inintéressante. Il est furieux contre son conseiller et annule ce mariage non consommé. Le duc de Norfolk sent que le moment est bien choisi pour se débarrasser de Cromwell. Il pousse dans les bras du roi sa nièce Catherine Howard. Le 10 juin 1540, Cromwell est arrêté pour trahison et exécuté le 28 juillet. Le même jour, Henri VIII épouse Catherine et le duc de Norfolk succède à Cromwell. L’aristocratie retrouve enfin la place qui lui incombe. En 1541, le roi découvre que sa femme entretient une liaison extra conjugale. Les deux amants sont exécutés. Malgré cette affaire, le duc de Norfolk conserve sa place. Le roi, en pleine guerre contre la France, a besoin d’un militaire expérimenté pour le conseiller. La guerre ne tourne pas à l’avantage de l’Angleterre et ruine le royaume. Cet échec militaire irrite le roi. Il se sent humilié. Une nouvelle fois, Dieu le punit. Henri VIII renoue avec le catholicisme. Seulement la situation a changé. La cour est divisée. Des nobles se sont convertis à la Réforme et la nouvelle reine Catherine Parre est protestante. Le peuple s’est également converti pour satisfaire son roi. La répression du Pèlerinage de Grâces est encore présente dans les mémoires. La Bible a été traduite en anglais. La conversion d’Henri VIII au catholicisme entraîne une nouvelle guerre civile.
En 1546, il tombe gravement malade. Il a beaucoup de fièvre et fait des crises de paranoïa. Il meurt le 28 janvier 1547. Son fils Edouard VI lui succède et Edouard Seymour, le frère de l’ancienne reine, assure la régence durant la minorité. 

Bien que répondant à des motivations personnelles, à savoir la légitimation de son titre, les actions d’Henri VIII ont bouleversé la société anglaise. Pour avoir un héritier, il a fondé l’Eglise anglicane, dont les souverains britanniques sont depuis ce jour les chefs. Pour tenir à l’écart la noblesse, il a favorisé la bourgeoisie et le rôle du Parlement. La bourgeoisie a pu, grâce à son travail et son mérite, gravir les échelons. De plus, certains bourgeois sont devenus propriétaire terriens. Ces deux aspects contribuent à l’émergence de la robe.
Sources
- Texte : Peter Chinn, Henri VIII : complots à la cour, Royaume-Uni, 2015, 56min.

Commentaires

Les articles les plus consultés

Lilith, la première femme de la Bible et d'Adam

Avez-vous d é j à lu la Bible? En entier? Peu l'ont fait! Au moins la Gen è se alors! La Gen è se? Mais si, le d é but, l'intro' ! Lorsque Dieu cr é e le ciel, la terre, les ê tres vivants et enfin l'homme Adam! Enfin, Adam et È ve... Vous connaissez cette histoire et souvent peu le reste. Lorsque je discute de la Bible avec des amis ou des é l è ves - pas toujours ignorants du fait religieux - je remarque souvent un ab î me d'ignorance de l'histoire biblique comme si on passait directement d'Adam à J é sus. Ah si: les gens connaissent aussi Abraham et Mo ï se. J'ai toujours aim é le d é but des histoires. La Bible ne fait pas exception. Je ne sais pas combien de fois j'ai pu lire et relire la Gen è se. Et puis un jour, un passage m'a turlupin é . Le sixi è me jour, Dieu d é cida de remplir la terre d'animaux, d'oiseaux et de bestioles. Puis, il est é crit: Chapitre 1: 26 Dieu dit : « Faisons l ’ homme à notre image, se

Alexandre le Grand homosexuel ? Le doute Hephaestion

Il est un fait, sur la possible homosexualité d’Alexandre, qu’il faut relever immédiatement. De toute sa vie, aucun acteur privilégié, c’est à dire proche du conquérant – et ils sont nombreux -  n’a jamais affirmé ou constaté de visu le voir pratiquer une relation sexuelle avec un autre homme. Cependant aucun non plus n’affirme qu’il n’en a jamais eue. La seule énigme tourne autour du seul et même homme avec qui il partage très souvent son quotidien: H é phaestion. Savoir si ces deux hommes ont un jour ou l’autre sauté cette fragile frontière qui sépare la grande amitié de l’amour restera pour l’éternité en suspens… du moins pour le moment ! Il faut s’attarder un instant sur l’ami intime d’Alexandre, celui qui lui sera toujours fidèle. H é phaestion naît à Pella, la même année qu’Alexandre. Fils d'Amyntas, un aristocrate macédonien, il reçoit également la même éducation que lui auprès du philosophe Aristote dans son adolescence. Il est un homme fort et beau. Certaines anecdo

Cléopâtre, son tapis et Jules César : Une Histoire d'Amour Épique et Mystérieuse qui a Bouleversé l'Empire Romain

Les amours passionnées entre la célèbre reine égyptienne Cléopâtre et le tout-puissant et charismatique Jules César forment un épisode à la fois mystérieux et envoûtant de l'histoire. Leur relation est digne des ébats charnels des dieux de l'Olympe. Au sein de leur amour naît un enfant légendaire et secret, Césarion, conférant à la reine une place singulière dans l'histoire et une renommée qui fait jaser du sénat romain jusqu'aux recoins les plus sombres de l'empire. Cléopâtre, descendante de Ptolémée Ier, général et compagnon d'Alexandre le Grand, est d'origine grecque, mais elle se distingue par son amour pour son peuple et son désir ardent de faire reconnaître l'Égypte comme la grande civilisation du monde méditerranéen, au même titre que Rome. Polyglotte, elle parle la langue de son peuple, une particularité sans précédent parmi les descendants de la dynastie des Ptolémées, qui règnent sur le trône depuis trois siècles.

Pasteur et la découverte du vaccin contre la rage

En 1879, Louis Pasteur, surnommé par René Dubos le « Franc-tireur de la science », a découvert le principe du vaccin et ceci grâce aux vacances d’été que celui-ci s’est octroyé. Tout grand esprit a besoin de repos. Le choléra des poules fait alors rage, depuis le printemps. Après plusieurs mois d’expériences infructueuses, Pasteur décide de se reposer et part rejoindre sa femme ainsi que toute sa famille dans sa maison de campagne. De retour dans son laboratoire, très détendu après ses congés estivaux, il reprend avec une grande motivation ses recherches, suivant le même procédé que celui établi jusque-là. Il inocule la bactérie du choléra sur des poules. Et il attend : une heure, deux heures. Aucune poule ne meurt. L’aiguille de l’horloge tourne et tourne pendant des heures, tout comme Pasteur dans son laboratoire. Rien ne se passe. Les poules sont toujours aussi pimpantes. Le chimiste de formation, loin d’être novice en matière d’expériences scientifiques, réfléchit : « Mais que

Hitler et Mussolini : quand l’élève dépasse le maître

En 1922, Benito Mussolini à la tête du parti fasciste italien, marche sur Rome et s’empare du pouvoir. Il transforme la démocratie en Etat fasciste. De l’autre côté des Alpes, Adolf Hitler observe ses actions. Mussolini est un modèle à suivre. Hitler organise son parti sur le modèle italien. L’année suivante, il tente lui aussi de marcher sur Berlin, pour s’emparer du pouvoir. C’est un échec. Il doit attendre les élections de 1933, pour accéder à la fonction de chancelier. La première entrevue entre les deux dictateurs se déroule à Rome en 1934. Le principal sujet réside dans la question autrichienne. Mussolini protège l’Autriche, qu’il considère comme une zone tampon face à l’Allemagne. Le meurtre du chancelier Dollfuss le 25 juillet 1934 par des sympathisants nazis est très mal vu par Rome. Mussolini envoie des troupes à la frontière, empêchant ainsi les nazis de prendre le pouvoir. Le Duce impose de par sa prestance. Vêtu de son bel uniforme, il apparaît comme l’homme fort au côté d

Aux origines de la galette bretonne

Chandeleur oblige, les crêpes sont de la partie ; et en Bretagne, qui dit crêpe, dit galette. L’histoire de la galette est étroitement associée à celle du blé noir, son principal ingrédient. C’est le parcours historique de cette céréale que nous allons retracer ici. Suivons à présent pas à pas la recette. Afin de réussir une bonne galette bretonne, accompagnons les croisés en Asie, au XIIe siècle. Après plusieurs milliers de kilomètres parcourus, des champs de fleurs roses s’étendent à perte de vue. Ce n’est pas un mirage, ni de simples fleurs d’ornement : les croisés découvrent le blé noir. Ils en prennent quelques plants, puis regagnent l’Europe avec des mules chargées de la précieuse semence. Mais le retour au Vieux Continent rime avec désillusion pour ces « chevaliers agricoles ». La culture de ce blé est exigeante et sa production reste faible. Néanmoins un espoir renaît du côté des exploitations d’une des régions françaises. Cet endroit est connu pour sa pluie :

Alexandre le Grand et Diogène: une rencontre de géant

Vous connaissez mon amour inconditionnel pour Alexandre le Grand. Aussi, aujourd'hui je vais vous conter un des épisodes qui m'a toujours marqué dans la vie du Macédonien : sa rencontre avec le célèbre philosophe cynique Diogène. De son entrevue, je crois, Alexandre en a retenu une leçon de vie qu'il essaiera, avec plus ou moins de bonheur ou de réussite, de s'appliquer tout au long de sa courte vie : l'humilité. Nous sommes en 335 avant notre ère. Alexandre n'est pas encore Alexandre le Grand et il n'a pas encore vingt-un ans. Pourtant, il est déjà craint par les Grecs... Bientôt par les Perses. En attendant, le jeune roi macédonien vient d'épater tous ceux qui doutaient encore de lui. Voilà quelques mois, son père Philippe mourrait sous les coups de couteaux de Pausanias - amant blessé - et la Grèce soumise décide alors de se révolter sous l'égide du meneur Démosthène et de la cité d'Athènes. Alexandre, fou de rage devant tant de traîtrise,

Hypatie d'Alexandrie, une femme seule face aux chrétiens

Alexandrie, ville de savoir ; ville de délices ; ville de richesses ! Et pourtant parfois, ville décadente et théâtre des pires atrocités faisant ressortir le vice animal, dénué de toute philosophie civilisatrice. En 415 de notre ère, cette Alexandrie, cité révérée et donnée en exemple, va connaître les premiers signes de sa décadence : elle assassine une des plus grandes savantes et philosophes de l’histoire de l'humanité, la belle et intelligente Hypatie. Née vers 370, Hypatie a environ dix ans lorsque l’empereur Théodose proclame la foi chrétienne comme étant la religion officielle de l’empire. Théodose met fin à un millénaire de stabilité religieuse et installe une religion qui tend à la prédominance   et qui, par l’intolérance qu’elle exerce, met l’empire en proie à des révoltes incessantes.  Moins d’un siècle suffira à le faire définitivement chuter ! Les chrétiens avaient été plusieurs fois massacrés – souvent injustement – servant de boucs émissaires quand la situation l’i

Le destructeur du nez du sphinx

Voilà bien longtemps que les hommes de la riche et nourricière terre d’Egypte le contemple. On vient également de loin pour se recueillir devant lui. Le Sphinx, cet être gigantesque que les plus grands hommes révèreront comme un dieu est un porte bonheur ! Né de la volonté du pharaon Khéphren, ce mastodonte taillé dans la roche garde depuis 2500 av. notre ère environ le plateau de Guizèh et ses somptueuses tombes : les pyramides de Khéops, Khéphren et Mykérinos. Le Sphinx parcourt les siècles avec aisance bien qu’il faille régulièrement le déterrer car le sable, inlassablement, vient le recouvrir jusqu’aux épaules. La chrétienté puis l’islam passent et le culte du dieu lion à tête d’homme s’éteint progressivement sans toutefois totalement disparaître. Les musulmans d’Egypte le considèrent tel un génie et l’admirent comme une œuvre d’art défiant la nature et rendant grâce au génie humain voulu par Dieu. Malheureusement, les belles heures théologiques, bien souvent plus intellectuelles