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La prise de la Nouvelle Orléans : les portes du Mississippi sont ouvertes


Avec ses 170.000 habitants, La Nouvelle-Orléans est la plus grande ville et la plaque tournante du Sud. La moitié du coton exporté par les Etats-Unis part de Louisiane. Toutes marchandises confondues, le volume des exportations est trois fois supérieur à celui de Mobile second port de la Confédération. Le site, à l’embouchure du Mississippi véritable artère de communication, explique cette situation. Ainsi, la ville regroupe également des chantiers navals.

La Nouvelle-Orléans se situe à 160 kilomètres de la haute mer. A son embouchure, le Mississippi forme un immense delta marécageux. Seuls les trois bras principaux permettent la navigation des navires. L’embouchure est protégée par deux forteresses (St Philip et Jackson) contenant 177 canons.
Depuis la mise en place du blocus, les navires de l’Union quadrillent le secteur. Les 11 et 12 octobre 1861, les Fédérés ne parviennent pas à se rendre maitre de la région des passes. Pour cause, les navires durent lutter contre le cuirassé Manassas. La défaite d’Head of Passes convainc l’Etat-major de la nécessité d’une grande opération amphibie pour prendre la ville. Lincoln passe outre les critiques de McClellan et avec Welles réorganise la flotte du Golfe occidental. Le général David Farragut commande l’escadre nordiste. Agé de 60 ans et doté d’un sacré caractère, il navigue depuis l’âge de 9 ans. Bien que né au Tennessee et marié à une Virginienne, il reste fidèle à l’Union.
Au début de l’année 1862, la situation semble favorable pour passer à l’action. En effet, la pression exercée par les Nordistes au Tennessee oblige le haut commandement sudiste à dégarnir la Louisiane. Les troupes sudistes remontent le fleuve pour combattre à Shiloh et à Memphis. Il ne reste plus que 3.000 miliciens, quelques batteries fluviales et une flottille d’une douzaine de petites embarcations pour défendre la ville. Les objectifs confiés à Farragut sont clairs : réduire au silence les forts St Philip et Jackson, prendre la Nouvelle-Orléans et remonter le Mississippi jusqu’à rejoindre la flottille d’Andrew Foote. Pour ce faire, Farragut dispose d’une escadrille de huit sloops, 14 canonnières et 19 goélettes. Il est secondé par le général Benjamin Butler et ses 18.000 fantassins.

Le 10 mars 1862, la flotte de Farragut se met en route dans le delta du Mississippi. La navigation est difficile et les navires risquent souvent d’heurter des bancs de sable. Afin d’augmenter le tirant d’eau, Farragut ordonne de décharger et de recharger les navires. Cette opération retarde leur avancée. Pendant ce temps, les Sudistes barrent le fleuve à hauteur des forteresses à l’aide de vieux navires reliés entre eux par des chaînes.
Le 18 avril, la flotte nordiste bombarde les deux forts avec un boulet tiré toutes les trente secondes. Après plusieurs jours, le résultat n’est pas convaincant. Avec un bombardement aussi intense, les Nordistes vont se retrouver à court de munitions et tout sera à refaire. Farragut décide de tenter sa chance. Le 24 avril 1862 à deux heures du matin, deux canonnières s’infiltrent et coupent la chaîne bloquant l’accès de l’embouchure. Les navires remontent le fleuve à pleine vitesse sous le tir des forteresses ennemies, sans prendre le temps de riposter. Ils parviennent à passer non sans avoir subi d’importants dégâts : 33 marins tués et 147 blessés en 1h30. Les Nordistes doivent maintenant affronter les navires sudistes, dont le Manassas. Le combat dure jusqu’au lever du jour. Les hommes de Farragut réussissent à encercler le Manassas, dont l’équipage se saborde pour éviter de tomber aux mains de l’ennemi. La flotte sudiste est mise en déroute. Sur les 17 navires de Farragut, quatre ne parviennent pas à passer les forts et font demi-tour et un seul navire est détruit.

Le 25 avril Farragut arrive aux abords de La Nouvelle-Orléans. Les Sudistes ont brûlé tout le matériel pouvant servir. Les Nordistes anéantissent rapidement les batteries fluviales de la ville. Farragut demande au maire les clés de la ville. Devant son refus, les Nordistes envahissent la ville et plantent le drapeau de l’Union sur la mairie. Pendant ce temps, les troupes de Butler entrent en jeu à l’embouchure du fleuve. Les garnisons des deux forts, isolés de leurs bases arrière, se rendent. Le chemin est libre. Le 1er mai, les troupes de Butler occupent la ville, tandis que la flotte de Farragut poursuit sa route le long du Mississippi. Le général fait régner la loi martiale avec une extrême sévérité à tel point que Lincoln est contraint de changer son affectation en décembre. De son côté le 8 mai, Farragut s’empare de la capitale Bâton Rouge sans rencontrer de résistance. Il continue de remonter le fleuve et passe la frontière de l’Etat. Le 18 mai 1862, il tombe sur un problème de taille : Vicksburg.

Sources
Texte : Eginhard, « La prise de La Nouvelle-Orléans », www.histoire-pour-tous.fr, 20 avril 2012.
Image : wikipédia

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