Tout débute dans l'ancienne
Égypte. Nous aimerions tellement débuter chaque histoire sur notre site comme
un conte ! Alors aujourd’hui voyageons et remontons il y a 3500 ans. Il
était une fois - donc - la grande reine Hatchepsout (environ 1479 - 1448 av.)
qui fait élever un temple merveilleux à Deir el-Bahari en l'honneur du grand
dieu Râ car elle est soucieuse, comme tous les pharaons, de laisser une trace
dans l'histoire. Mise à l'index après son règne, la plupart des faits de son
règne sont aujourd'hui perdus. Pourtant, l’entreprise de démolition n’a pas
fonctionné. Ses successeurs ne sont pas parvenus à effacer son existence… une
tâche qui se retourne contre ceux qui en voulaient à ce matriarcat forcé! Au
contraire, la vie de la « pharaonne » est devenue légendaire et son
succès de nos jours n’en est que plus mérité ! Mais
rendez-vous compte : une femme sur le trône ! A quand le droit de
vote je vous le demande mon bon monsieur ? Oups, je m’égare dans mon
ironie ! Reprenons : en effet, il n’a pas été possible aux souverains
d’effacer une partie de son histoire racontée sur les bas-reliefs du temple de
Deir el-Bahari, notamment les exploits de sa valeureuse flotte. Elle raconte sa décision de dépêcher une
expédition audacieuse et surtout relate sa réussite. Ainsi commence
l’histoire : cinq pirogues royales viennent de rentrer du légendaire pays
de Pount, où la reine les a expédiées pour rétablir un très ancien impôt qui
n'était plus payé depuis longtemps…
L'expédition est une aspiration
divine. Un jour, alors que le reine priait le dieu Râ, elle entendit une voix
intérieure lui dire:
"Lance tes navires sur les chemins qui conduisent aux échelles de
l'encens. Les brûle-parfums de tes prêtres sont vides. Vos prières n'ont plus
d'odeur et les dieux vont se détourner de vous. Pourquoi ne m'offrez-vous pas
les mêmes parfums que vos pères? Allez au pays où le soleil se lève aux ordres
de la grande magicienne de Pount. Là, vous chargerez à pleins bords des arbres
à encens et tout ce qui sent bon ici-bas."
Inutile de dire que l’on ne
désobéit pas à Râ. Hatchepsout ordonne la formation d’équipages prêts à partir
pour cette aspiration divine. Tout le monde est décidé ! D’anciens
manuscrits poussiéreux datant des âges obscurs de l’Egypte révèlent le chemin à
prendre. Les navires doivent emprunter un
vieux canal en partie ensablé qui mène de l'un des bras du Nil à la mer Rouge. Heureusement,
les navires ont un fond plat avec un faible tirant d'eau. Ils sont quinze
"couples" de rameurs à propulser à la force des bras les vaisseaux
royaux, commandés au sifflet par le "meneur" pendant que le barreur
tient le gouvernail.
L'histoire de ce voyage est
quelque peu romancée, nous n’en doutons pas, mais gageons qu’il ait vraiment
existé. Les membres – volontaires ? - de l'expédition se sentent investis à
la fois d'une mission royale et divine. Là-bas, au pays de Pount, le roi
indigène, prévenu – par qui ? - les attend sur le rivage. Craintif, il
fait entasser les denrées précieuses demandées par Râ: encens, ivoire, ébène,
myrrhe, or et esclaves. C’est qu’on ne plaisante pas avec la terrible puissance
égyptienne ! L'ensemble est ramené triomphalement en Égypte où enfin, la
reine pourra satisfaire les dieux.
Une question vous chatouille le
cerveau depuis le début de ce petit récit : Où se trouve le pays de
Pount ? A l’instar du règne merveilleux et quasi légendaire d’une femme
sur le trône d’Egypte, la géographie est encore incertaine. La logique
logistique voudrait que Pount se trouve sur les rivages de la Mer Rouge. En
Somalie? Ou plus loin en Arabie? Difficile de trancher car l'étude géographique
n'existe pas au XVe siècle avant notre ère.
Sources:
Christiane Desroches Noblecourt, La Femme au
temps des pharaons, s, Stock, 1986
Christiane Desroches Noblecourt, La Reine
mystérieuse Hatchepsout, Paris, Pygmalion, 2002
Commentaires
Enregistrer un commentaire