Le Saviez-Vous? La Dame Blanche de Mortemer : le spectre royal de Mathilde l’Emperess
Le saviez-vous ? Parmi les nombreux fantômes qui peuplent les vieilles pierres de France, celui de la Dame Blanche de l’abbaye de Mortemer, en Normandie, est l’un des plus mystérieux. Drapée dans un voile pâle, errant entre les ruines de l’ancienne abbaye cistercienne, elle apparaîtrait à la tombée de la nuit, silencieuse, presque majestueuse. Longtemps, on a cru qu’il s’agissait d’une simple légende parmi tant d’autres… jusqu’à ce que certains historiens locaux avancent une hypothèse troublante : cette Dame Blanche pourrait être le spectre de Mathilde l’Emperesse, fille de Henri Ier, héritière malheureuse de la couronne d’Angleterre.
L’abbaye de Mortemer a été fondée au XIIe siècle par Henri Ier lui-même. Ce lieu, isolé au cœur de la forêt de Lyons, fut un refuge spirituel mais aussi un sanctuaire pour les puissants. Mathilde, sa fille préférée, y aurait séjourné à plusieurs reprises. Revenue en Normandie après la mort de son mari, l’empereur germanique, elle se lance dans une lutte acharnée pour revendiquer le trône d’Angleterre contre son cousin Étienne. Elle y gagne son surnom de « l’Emperesse », mais aussi la solitude des grandes dames trahies par l’Histoire. Mortemer aurait été pour elle un havre discret dans les tourments de cette guerre civile.
La légende raconte que, depuis des siècles, une femme vêtue de blanc hante les abords de l’abbaye, apparaissant parfois près des anciennes cellules, d’autres fois au bord des étangs. Certains témoins affirment qu’elle flotte plus qu’elle ne marche, d’autres qu’elle semble porter une robe noble, non un habit monastique. Contrairement aux récits effrayants de la nonne sanglante, cette Dame Blanche ne ferait aucun mal. Elle se montre, puis disparaît, comme une mémoire douloureuse qui refuse de s’éteindre.
Ce qui rend l’histoire fascinante, c’est qu’en croisant les récits d’apparitions et les archives historiques, plusieurs indices concordent : la Dame Blanche n’est pas une âme anonyme, mais peut-être celle de Mathilde elle-même. Condamnée à n’avoir jamais été reconnue comme reine malgré sa naissance impériale, elle hanterait les terres de Mortemer, dernier lieu de paix d’une vie de conflits. Un fantôme non pas de vengeance, mais de dignité blessée.
Alors, si vous passez un soir près des ruines de l’abbaye, écoutez bien le vent dans les arbres. Ce n’est peut-être pas seulement le souffle de la forêt… mais celui d’une femme que l’Histoire a oubliée, et que la légende n’a pas pu faire taire.
Source: Jean-Marc Soyez, Mathilde l'Emperesse : fondatrice de la dynastie des Plantagenêt, 2017
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