Dominique Piazza : L’Inventeur de la Carte Postale

L’été est le moment propice pour le voyage et le repos. Et si nous aimons ce moment privilégié, nous aimons aussi le partager avec d’autres. Notre histoire débute donc en 1860, dans la vibrante et très ancienne cité de Marseille. Dans l’ancienne ville des Phocéen, naissait Dominique Piazza, un homme destiné à changer la manière dont les gens communiqueraient à travers le monde. Grandissant au milieu des récits de marins et des trésors venus des quatre coins du globe, Piazza développa un amour pour la photographie et la culture. Il devint un entrepreneur prospère, mais c’est un geste d’amitié qui allait le rendre célèbre.


En 1891, Piazza reçut une lettre de son ami d’enfance, Antonin Billaud, qui avait émigré en Argentine pour y chercher fortune. Billaud, nostalgique de Marseille, exprimait son désir de revoir des images de sa ville natale. Les mots de Billaud étaient empreints d’une mélancolie palpable, comme un écho lointain résonnant depuis les pampas argentines. Il demandait à Piazza des nouvelles de leur ville, des images qui pourraient lui rappeler les rues familières et les scènes quotidiennes qui lui manquaient tant. À cette époque, la photographie, inventée par Nicéphore Niépce et Louis Daguerre dans les années 1820-1830, était encore un luxe, et les images, rares et précieuses, étaient souvent réservées aux plus riches.


Dominique, touché par la requête de son ami, se mit à réfléchir. Comment pouvait-il transmettre ces fragments de vie marseillaise sans alourdir les frais de port ou risquer de détériorer les photographies ? Une idée commença à germer dans son esprit, inspirée par les progrès récents de la photographie et de l’impression. Il connaissait bien la technique de la phototypie, une méthode permettant de reproduire des images avec une grande finesse de détail. Cette technique, relativement nouvelle, offrait une qualité d’image supérieure tout en étant plus abordable. L’idée prit forme un après-midi alors qu’il observait les calèches traversant les places ensoleillées. Piazza décida d’utiliser la phototypie pour créer des cartes postales illustrées de photographies de Marseille. Ces cartes, simples et élégantes, pourraient porter une image d’un côté et un court message de l’autre, permettant de partager en un instant des vues familières avec ceux qui étaient loin. Il imaginait déjà ces petits cartons voyager à travers les océans, apportant un morceau de la vie marseillaise aux expatriés et aux voyageurs.

Le processus de création débuta rapidement. Piazza se mit en quête des meilleures vues de la ville, choisissant soigneusement des clichés qui captureraient l’essence de Marseille. Le Vieux-Port, avec ses bateaux de pêche bercés par les vagues, la majestueuse basilique Notre-Dame de la Garde, perchée comme une sentinelle protectrice, et les ruelles tortueuses du Panier, pleines de vie et de caractère. Chaque photographie devait être un tableau en miniature, une invitation au voyage et à la rêverie.


Une fois les images sélectionnées, Piazza fit appel à un imprimeur local. Ensemble, ils travaillèrent sur la conception des cartes, ajustant les contrastes et les nuances pour que chaque détail ressorte avec clarté. Le 4 août 1891, la première série de cartes postales photographiques fut imprimée. Ces petits rectangles de carton étaient bien plus qu’un simple moyen de communication ; ils étaient des fragments d’histoire, des témoins silencieux d’une époque et d’un lieu. Piazza, sans le savoir, venait de poser la première pierre d’une révolution culturelle et sociale.

Les cartes postales connurent un succès immédiat. Les Marseillais, séduits par cette nouvelle manière de partager des souvenirs, se les arrachèrent. En peu de temps, elles devinrent un phénomène de mode, et l’idée se répandit rapidement dans toute la France, puis au-delà. Grâce à Dominique Piazza, des millions de personnes purent, pour la première fois, échanger des images et des mots d’une manière simple et accessible. C’est ainsi que, par un geste d’amitié, Piazza transforma le paysage de la communication visuelle, laissant une empreinte indélébile dans le cœur de ceux qui cherchaient à rester connectés malgré la distance.


Mais le temps passe, et avec lui les modes de communication évoluent. Aujourd’hui, la carte postale, symbole de souvenirs partagés et de moments figés, s’efface progressivement devant l’irrésistible avancée des technologies modernes. Les messages instantanés et les réseaux sociaux ont pris le relais, offrant une rapidité et une immédiateté que les cartes postales ne peuvent égaler. Le plaisir autrefois éprouvé en choisissant une carte, en rédigeant quelques lignes avec soin, s’estompe, remplacé par la facilité d’un clic et d’un envoi numérique. Ainsi, la carte postale, témoin silencieux de notre histoire commune, se meurt lentement, emportant avec elle un peu de la magie de ces instants de contemplation et de connexion. Elle laisse derrière elle une nostalgie douce-amère, celle d’une époque où l’on prenait encore le temps de choisir ses mots et d’offrir un fragment de son monde à ceux que l’on aime.


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