Hammurabi et Mari : Une alliance éphémère et une trahison légendaire
Hammurabi, le légendaire roi de Babylone, demeure immortellement lié à la célèbre stèle qui porte ses codes de loi. Cette pierre haute de 2,5 mètres est un témoignage inestimable de l'ancienne civilisation babylonienne. Bien qu'il reste encore beaucoup à apprendre sur ce roi fascinant, les archives royales de Mari ont révélé certains détails précieux sur son long règne de 42 ans.
Cependant, avant de plonger dans les relations complexes entre Hammurabi et la cité de Mari, permettez-moi de souligner l'importance archéologique de Mari elle-même. Aujourd'hui, cette cité est une véritable lumière pour la recherche archéologique au Moyen-Orient. Les fouilles menées par des éminents archéologues tels que Jean Margueron et Pascal Butterlin ont révélé des trésors remarquablement préservés, enfouis sous plusieurs mètres de sable accumulé au fil des millénaires, ainsi que des vestiges épigraphiques d'une grande valeur.
Mari était autrefois un allié de Hammurabi dans la lutte contre les forces extérieures menaçant la région. Les correspondances diplomatiques de l'époque témoignent d'une relation de soutien entre Hammurabi et Zimri-Lim, le roi de Mari, alors que cette cité était confrontée à l'agression du roi d'Eshnunna vers 1770 av. notre ère. Une fois la paix établie entre Mari et Eshnunna, Hammurabi négocia avec Zimri-Lim pour délimiter leurs frontières communes, en particulier la cité de Hît. Cette entente cordiale évolua même vers une alliance militaire lorsque Hammurabi et Zimri-Lim unirent leurs forces pour écraser Eshnunna à la demande du sukkal d'Elam, Siwepalarhuhpak. Le succès de cette campagne militaire renforça la renommée d'Hammurabi et le hissa au rang de défenseur de la Mésopotamie. Certains pourraient se demander si ce succès n'a pas engendré une certaine prétention chez le roi de Babylone.
Profitant de la confiance de Zimri-Lim, Hammurabi dirigea les troupes de Mari contre le royaume de Larsa, au sud, et parvint à conquérir toute la Mésopotamie en 1763 av. notre ère. Cependant, Zimri-Lim commença à exprimer son mécontentement face à l'appétit territorial grandissant de son allié. Il réclama à plusieurs reprises le retour de ses soldats et de ses généraux, mais Hammurabi les retint, utilisant à nouveau les troupes mariotes pour écraser Eshnunna une dernière fois.
Finalement, Zimri-Lim se retourna contre Hammurabi, ou peut-être fut-ce l'inverse ? Malheureusement, les sources disponibles s'arrêtent en 1760 av. notre ère, laissant le dénouement de cette relation complexe dans le flou. Ce que nous savons, c'est que Hammurabi conquit la cité de Mari et la détruisit dans un gigantesque incendie. Ironiquement, nous pouvons exprimer notre gratitude envers ce cruel acte, car ce qui n'a pas été détruit par les eaux de l'Euphrate au cours des deux millénaires suivants a été parfaitement préservé sous le sable. Mais pourquoi Hammurabi a-t-il détruit Mari au lieu de l'occuper stratégiquement à l'entrée de la Mésopotamie ? La réponse pourrait résider dans les archives de la cité que Hammurabi a ordonné à ses scribes de trier avant sa destruction, cherchant ainsi à s'approprier des informations qu'il seul connaissait. Peut-être cherchait-il à dissimuler l'aide précieuse que Mari lui avait apportée pour construire sa glorieuse destinée.
Malheureusement, ces archives cachées restent encore introuvables. Cependant, l'espoir demeure pour de futures fouilles à Babylone, qui pourraient un jour révéler ces précieux trésors du passé. L'archéologie continue d'écrire l'histoire, et qui sait quelles découvertes extraordinaires nous attendent dans les profondeurs de cette ancienne cité mésopotamienne.
(Image: procession à Mari, reste de peinture de la cour du palais)
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