Riche comme Crésus, le roi qui a donné naissance à la monnaie

Nous traversons une période économique tumultueuse. Entre les crises financières et l'importance omniprésente de l'argent, une question se pose : qui a inventé cet outil à la fois formidable et dangereux que l'homme désire tant ? 

La Mésopotamie, berceau de la civilisation, n'avait pas de monnaie, du moins pas au sens où nous l'entendons aujourd'hui. Les anciens Mésopotamiens utilisaient un système de paiement assez archaïque, qui a pourtant perduré pendant longtemps. Il ne s'agissait pas de pièces de métal précieux, or ou argent, ou même de cuivre, comme nous en avons découvert grâce à l'archéologie. Les soi-disant "monnaies" de l'ancienne Mésopotamie étaient en réalité des lingots d'argent, estampillés d'une marque pour identifier leur propriétaire. 

Il faudra attendre le VIe siècle avant notre ère pour voir apparaître la première véritable monnaie. Son inventeur est un souverain du royaume de Lydie (dans l'actuelle Turquie occidentale) nommé Alyattes (610 - 560 av. J.-C.). Ce roi a inventé la monnaie comme un moyen plus simple, plus précis et plus sûr pour faciliter le commerce, les salaires et les offrandes. Cependant, ce génie monétaire a été éclipsé par son fils, le très célèbre Crésus. Crésus est surtout connu pour sa richesse extraordinaire. Sa cour à Sardes accueillait les plus grands penseurs et artistes de son époque, et Crésus rayonnait sur le monde antique. 

Redouté pour sa puissance, il était également admiré pour sa générosité, rendue possible par ses immenses richesses. Il a notamment financé la reconstruction du temple d'Artémis à Éphèse et a fait des offrandes incalculables au sanctuaire de Delphes. Deux expressions modernes sont attribuées à Crésus : "Riche comme Crésus", qui fait référence à sa richesse colossale, et "Toucher le pactole", en référence au fleuve Pactole, riche en or, d'où les souverains de Lydie tiraient leur richesse. On pourrait également ajouter "L'argent ne fait pas le bonheur, mais il y contribue", en référence à l'intervention du législateur et intellectuel grec Solon, qui, devant le trésor de Crésus, aurait prophétisé : "N'appelons personne heureux avant sa mort". En effet, vaincu par le grand Cyrus, roi des Perses, Crésus a payé de sa personne son arrogance face au Grand Roi en étant condamné à mourir sur un grand bûcher. Comprenant enfin les paroles du vieux philosophe grec, Crésus se serait exclamé : "Ô Solon, Solon !". Cette parole, remarquée par Cyrus, lui sauva la vie : dès qu'il eut expliqué au vainqueur ce qui le faisait parler ainsi, Cyrus, frappé par l'instabilité des choses humaines, lui octroya le droit de vivre. Il le garda auprès de lui comme conseiller et ami, et lui accorda même sa confiance. 

Cela me conduit à cette citation du célèbre Socrate : "Un trésor de belles maximes est préférable à un amas de richesses".

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