Le 9 octobre marque l’évènement de la mort du fameux Che Guevara. Il s’avère qu’il s’agit également de mon anniversaire. Partons à la rencontre de l’homme rouge d’Amérique Latine.
Dans les rues étroites de La Havane, les murs semblent chuchoter son nom. "Che", murmurent-ils, comme un secret partagé par toute une nation. Les yeux perçants d'Ernesto "Che" Guevara vous suivent partout, depuis les billets de banque jusqu'aux graffitis révolutionnaires. Mais qui était vraiment cet homme qui continue de diviser le monde ?
Né en 1928 à Rosario, en Argentine, dans une famille de la classe moyenne, Ernesto est initié très tôt à la littérature et à la politique par son père libéral et passionné. Sa mère, Celia, une femme forte et indépendante, encourage son fils asthmatique à poursuivre ses rêves les plus fous. "Un jour, je changerai le monde, maman", lui dit-il un soir, les yeux brillants d'un idéalisme qui ne le quittera jamais.
Ce rêve d'enfance prend forme des années plus tard, lorsque Ernesto, désormais surnommé "Che" par ses amis, décide de partir à la découverte de l'Amérique latine. Accompagné de son ami Alberto Granado, il enfourche sa vieille moto, affectueusement appelée "La Poderosa", et se lance dans un voyage qui changera sa vie à jamais. Ils traversent des montagnes, des rivières et des villages, chaque kilomètre élargissant leur compréhension du monde. À chaque arrêt, Che prend des notes, esquissant les contours de sa future révolution.
La transformation de Che en révolutionnaire atteint son apogée en 1956, lorsqu'il rencontre Fidel Castro au Mexique. Une connexion immédiate s'établit entre les deux hommes. Quelques mois plus tard, ils sont sur un bateau en direction de Cuba, prêts à renverser le régime de Fulgencio Batista. Dans la Sierra Maestra, Che est souvent vu en train de lire ou d'écrire dans son journal, même au milieu des combats. Ses ordres sont clairs et ses gestes déterminés. Il devient le cœur et l'âme de la révolution, gagnant le respect et l'admiration de ses camarades.
Che Guevara était avant tout un marxiste convaincu, qui croyait en la nécessité d'une révolution mondiale pour renverser le capitalisme et instaurer une société socialiste. Son idéologie était fortement influencée par les écrits de Marx, Engels et Lénine, mais il a également adapté ces théories à la réalité de l'Amérique latine. Il était particulièrement préoccupé par les inégalités sociales et économiques qui, selon lui, étaient exacerbées par l'impérialisme américain.
Pour Che, la révolution n'était pas seulement une question de changement politique, mais aussi de transformation sociale et culturelle. Il prônait la création d'un "homme nouveau", comme celui de Robespierre lors de la Révolution Française, c’est à dire un individu altruiste et collectiviste, libéré des chaînes de l'individualisme et du matérialisme. Cette vision était au cœur de ses efforts pour réformer le système éducatif et les institutions sociales à Cuba après la révolution.
Cependant, ses idées politiques étaient également marquées par une certaine rigidité et un manque de tolérance pour la dissidence. Il était un fervent partisan de la lutte armée comme moyen de réaliser le changement révolutionnaire, et il n'hésitait pas à utiliser la force pour éliminer ceux qu'il considérait comme des ennemis de la révolution. Cette approche a souvent été critiquée pour son manque de respect pour les droits de l'homme et la démocratie.
Après la victoire de la révolution, Che est nommé commandant de la prison de La Cabana à La Havane. C'est ici que son héritage commence à se ternir. Il supervise les procès et les exécutions de nombreux prisonniers accusés de crimes contre la révolution. "Fuego!" crie-t-il, et le peloton d'exécution obéit sans hésitation. Les cris des victimes résonnent dans les murs de la forteresse, mais Che ne montre aucun signe de remords.
Ce contraste entre le héros et le bourreau atteint son paroxysme en 1964, lorsque Che Guevara se tient devant l'Assemblée générale des Nations Unies à New York. "L'impérialisme américain doit être détruit", déclare-t-il, son poing levé en signe de défi. Ses mots sont accueillis par des applaudissements et des huées, mais à Washington, ils sont reçus comme une déclaration de guerre. Des plans sont rapidement mis en place pour l'éliminer, faisant de lui l'une des personnes les plus recherchées par le gouvernement américain.
Che sait que son temps est compté, mais cela ne fait que renforcer sa détermination. Il quitte Cuba et disparaît de la scène publique, seulement pour réapparaître en Afrique, où il tente d'exporter la révolution. Il est méconnaissable avec sa barbe rasée et ses cheveux teints. Il tente de former des rebelles au Congo, mais l'échec est imminent. Déçu mais pas vaincu, il se dirige vers la Bolivie, où il adopte le nom de "Ramón" et continue sa lutte.
En Bolivie, Che est isolé et les choses ne se passent pas comme prévu. Ses idéaux révolutionnaires ne trouvent pas d'écho parmi les paysans locaux, et ses hommes sont décimés par les forces gouvernementales soutenues par les États-Unis. Finalement, trahi par ceux en qui il avait confiance, Che est capturé dans une embuscade.
Le 8 octobre 1967, dans la région rurale de La Higuera, Che Guevara et un petit groupe de ses guérilleros sont encerclés par l'armée bolivienne. Les forces boliviennes, formées, équipées et guidées par des conseillers de la CIA, ont reçu des informations sur la position de Che grâce à des informateurs locaux. Après des heures de combat acharné, Che est blessé à la jambe et son fusil est rendu inutilisable. Capturé, il est menotté et emmené dans une petite école à La Higuera, transformée en prison de fortune.
Dans cette école, Che est interrogé par des officiers boliviens et par des agents de la CIA. Malgré les conditions difficiles et la douleur de ses blessures, il reste stoïque, refusant de donner des informations qui pourraient compromettre ses camarades ou la cause révolutionnaire.
Nous sommes à présent le 9 octobre. Lorsque le moment de son exécution arrive, il regarde son bourreau dans les yeux et dit : "Je sais que vous êtes venu pour me tuer. Tirez, vous ne faites que tuer un homme." Ses derniers mots résonnent dans la pièce, et le coup de feu qui suit marque la fin de sa vie, mais pas de sa légende.
Aujourd'hui, des décennies après sa mort, l'image du Che est omniprésente. Sur les t-shirts, les affiches, et même dans les manifestations. Pour certains, il est un symbole de liberté et de justice, pour d'autres, il est un rappel des horreurs du fanatisme idéologique. Son héritage est aussi complexe que l'homme lui-même, un mélange de courage et de contradictions.
En fin de compte, Ernesto "Che" Guevara demeure une énigme, un homme qui a vécu et est mort selon ses propres termes. Son héritage, comme l'homme lui-même, est un sujet de débat, un miroir des tensions idéologiques qui continuent de façonner notre monde.
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