Accéder au contenu principal

L'Histoire extraordinaire de la construction de l'Arc de Triomphe à Paris

II y avait au XVIIe siècle, à l'ouest de Paris, une colline, par endroits assez abrupte, où se trouvaient des vignes, des champs et un petit village nommé Chaillot.

Le versant est de cette colline descendit jusqu'aux Tuileries et fut couvert de jardins maraîchers. En 1628, Marie de Médicis fit ouvrir, pour la promenade du roi, une allée baptisée le Grand-Cours, qui prolongea la perspective des Tuileries jusqu'à l'emplacement actuel du rond-point des Champs-Elysées. En 1667, Le Nôtre transforma l'allée en avenue plantée d'ormes où les Parisiens, bientôt, prirent l'habitude de venir se promener.


En 1724, le Grand-Cours fut prolongé jusqu'au sommet de ce que les Parisiens d'alors nommèrent pompeusement la montagne de Chaillot. 


En 1772, il redescendit sur le versant ouest et atteignit le pont de Neuilly.


Alors, une question se posa : quel monument pourrait-on élever au point culminant de cette nouvelle avenue qui, rappelons-le, se trouvait en pleine campagne? Une pyramide? Une fontaine? Un obélisque? Avant que les architectes ne se furent mis d'accord, l’architecte Soufflot déclara que, de toute façon, la butte de Chaillot fut beaucoup trop accidentée pour recevoir, telle quelle, un édifice quelconque. Il fallut donc commencer par l'aplanir. Travail fantastique qui fut exécuté en 1774.


Au bout de quelques mois, les Parisiens ne reconnurent plus le paysage. La colline eut rapetissé de seize mètres et la terre qu'on retira du sommet fut versée sur le côté du Grand-Cours où elle forma une butte qu'escalada, de nos jours, la rue Balzac.


Soufflot voulut que la transformation fut plus grande encore. Il proposa de creuser, au milieu de la colline, une tranchée qui permettrait d'apercevoir depuis les Tuileries ce que nous appelions le rond-point de la Défense. Son projet n'eut pas de suite. D'ailleurs, la Révolution ne tarda pas à éclater et l'heure ne fut plus à décapiter les collines.


Les années passèrent et, en 1806, Napoléon après avoir ordonné la construction de l'arc de triomphe du Carrousel, décida qu'un monument, de proportions gigantesques celui-là, serait érigé à la gloire de la Grande Armée. Et il choisit pour emplacement la place de la Bastille.


Mais le projet ne plut pas au ministre de l'Intérieur Nompère de Champagny, qui réunit une commission d'architectes et de sculpteurs chargés de se prononcer sur le plan et sur le lieu que devait occuper l'édifice. Ces messieurs proposèrent alors les emplacements suivants : le pont d'Austerlitz, la barrière des Gobelins (aujourd’hui Barrière d’Italie), la barrière d'Enfer (actuellement place Denfert Rochereau), l'extrémité du Champ-de-Mars vers la Seine, la barrière du Trône, le rond-point des Champs-Elysées et la barrière de Chaillot.


Ce dernier emplacement parut saugrenu à l'Empereur, qui déclara que le monument dont il rêvait pour perpétuer le souvenir de ses soldats ne devait pas être construit « dans un quartier désert ». L'architecte Fontaine lui fit alors entrevoir habilement qu'un édifice aussi glorieux déplacerait littéralement le centre de la capitale et qu'un quartier neuf et aristocratique ne tarderait pas à s'élever alentour.


Flatté dans son orgueil, l'Empereur accepta, envisagea même d'édifier sur la colline de Chaillot une véritable ville impériale, avec « les palais nécessaires à douze rois et à leur suite ». Si l'emplacement fut choisi, on ignora toujours la forme du monument à construire. Napoléon voulut un arc de triomphe; mais un projet retint un moment son attention : il s'agissait d'un éléphant monumental, symbole de la campagne d'Egypte, dans lequel se trouveraient des salles remplies de trophées militaires et qui lancerait de l'eau au moyen de sa trompe.


Le pachyderme-musée enthousiasma tout le monde; cependant, un arc de triomphe sembla préférable à l'Empereur. Il fut permis de s'en féliciter, car on imagina mal l'avenue des Champs-Elysées dominée de nos jours par un éléphant géant. Qu'on ne s'y trompa pas. La décision de Napoléon ne lui fut pas dictée par des préoccupations esthétiques, mais par le désir d'imiter les empereurs romains. Quelques jours plus tard, en effet, il ordonna la construction de l'éléphant, place de la Bastille.

Ce fut la première ébauche en plâtre de ce curieux monument qui abrita Gavroche et que Victor Hugo nous décrivit dans Les Misérables. Le 15 août 1806, jour anniversaire de l'Empereur, la première pierre de l'Arc de Triomphe de l'Etoile fut posée. Les uns le voulurent haut et orné de colonnes, les autres large et orné de statues. Enfin, en 1807, le projet de Jean-François Chalgrin fut agréé. Il était temps, car les fondations commencèrent à sortir de terre.


Elles n'en sortaient, il est vrai, que très lentement, retardées par de continuelles discussions entre les architectes. Au bout de trois années, les travaux n'avaient pas beaucoup avancé et l'Empereur s'en était montré très déçu. On était en effet en 1810, l'année de son mariage avec Marie-Louise, et, pour accueillir la nouvelle Impératrice, il aurait désiré que l'arc triomphal fût achevé.


Ne reculant devant aucune entreprise, Napoléon décida alors de faire édifier un simulacre d'arc de triomphe en toiles peintes clouées sur des charpentes, à la façon d'un décor d'opéra. En vingt jours, cette extraordinaire construction (de mêmes dimensions que l'édifice actuel) fut achevée. Le peintre Laffite y exécuta en trompe l'œil quelques bas-reliefs, ainsi qu'un Amour couronnant le casque de Mars, avec cette légende savoureuse :


« Elle charmera les loisirs du héros... »


L'ouvrage revint à 511 345,29 F. Il fut détruit le lendemain de l'entrée officielle de l'Impératrice, et Napoléon ne connut pas d'autre arc de triomphe...


En 1814, en effet, les travaux furent interrompus et tandis que l'Empereur déchu voguait vers Sainte-Hélène, les Parisiens parlèrent déjà de détruire les énormes piliers qui s'élevaient alors jusqu'au sommet du grand Arc. Mais tout demeura en place (sauf l'échafaudage) et ces blocs de maçonneries prirent bientôt l'aspect d'imposantes ruines. L'un des piliers devint un belvédère, et, le dimanche, les Parisiens s'amusèrent à venir prendre, en guise de souvenir, un petit morceau du monument inachevé. Mais le 9 octobre 1823, Louis XVIII décréta que l'Arc serait terminé et consacré au souvenir de la guerre d'Espagne où le duc d'Angoulême avait remporté une victoire insignifiante. Cette idée, pourtant saugrenue, enthousiasma Victor Hugo qui écrivit :


Lève-toi jusqu'aux cieux, 

Porte de la victoire

Que le géant de notre gloire

Puisse passer sans se courber...


Cependant l'Arc s'éleva, on termina la voûte, et l'on poussa la construction jusqu'à l'entablement supérieur, quand éclata la Révolution de Juillet.


Aussitôt après son avènement, Louis-Philippe décida que le monument serait rendu à sa destination première et consacré à la gloire des armées de la République et de l'Empire. Et le 29 juillet 1836, l'Arc de Triomphe, commencé depuis trente ans, fut enfin inauguré. La cérémonie n'eut d'ailleurs rien de grandiose. Le roi-citoyen, ayant peur des manifestations bonapartistes, renonça à la revue solennelle qu'il avait l'intention de passer sur la place de l'Etoile. Et ce fut Adolf Thiers qui vint, à huit heures du matin, presque en cachette, procéder à l'inauguration...


Les Parisiens se pressèrent pour admirer cet arc géant, haut de 50 m, large de 40 m, sur 22 m d'épaisseur. On se répéta qu'il avait coûté 9 651 115 francs, et, chose curieuse, que chacun des régimes qui l'avait élevé avait versé, à peu de chose près, la même somme : l'Empire 3 200 000 francs, la Restauration, 3 000 778, Louis-Philippe, 3 349 623.


De tous les bas-reliefs, celui que les Parisiens préféraient fut, sans conteste, « Le Départ » de Rude, que l'on baptisa bientôt La Marseillaise... Mais l'Arc n'était pas terminé. Il lui manquait son couronnement : un groupe au sujet duquel les architectes se disputaient. Mettrait-on un aigle entouré de maréchaux? La France assise sur un lion ? ou un quadrige tirant un char occupé par la Patrie?


En 1840, lorsque les cendres de Napoléon, ramenées de Sainte-Hélène, passèrent sous l'Arc de Triomphe, un groupe décora l'édifice : Napoléon sur un trophée d'armes conquises et entouré des attributs de la Victoire... Mais c'était un simulacre construit en bois et en plâtre pour la cérémonie…


Sous le Second Empire, le baron Haussmann traça la place de l'Etoile avec ses douze avenues et construisit le quartier dont rêvait Napoléon. Hélas! c'était là précisément qu'en 1871 les Prussiens vinrent camper pendant trois jours. Quand ils s'en allèrent, les Parisiens allumèrent des feux de paille sur les Champs-Elysées « pour assainir l'air »...


La vie reprit. On reçut le Shah de Perse et le monument fut « déguisé » en almée... Puis on fit partir des feux d'artifice de la plate-forme et l'on surmonta l'Arc, en grande pompe, d'un couronnement de plâtre : La république triomphante de Falguière. Groupe assez laid qui fut encore en place en 1885, lors des funérailles nationales de Victor Hugo, mais que la pluie et le vent se chargèrent de détruire.


À ce moment, le quartier de l'Etoile commença à être habité par de riches étrangers. Il y eut entre autres Mr. et Mrs. Mackay, des Américains richissimes et extravagants, qui eurent un hôtel particulier sur la place même. Un jour, ils demandèrent au préfet de la Seine que l'on illumine l'Arc les soirs où ils donnaient une réception. On eut quelque peine à leur faire comprendre que nos monuments publics n'étaient pas destinés à rehausser l'éclat de fêtes particulières...


Mrs. Mackay ne se tint pas pour battue :

  • Alors, dit-elle, vendez-moi votre monument, il cessera ainsi d'être public et je pourrai en disposer à ma convenance
Le préfet dut lui expliquer longuement que l'Arc de Triomphe n'était pas à vendre.


Pendant la guerre de 1914-1918, il se produisit un incident qui demeura ignoré du public. En 1916, le jour où commença l'attaque de Verdun par les Allemands, le glaive de pierre brandi par le personnage placé en haut du bas-relief de Rude « Le Départ », se brisa et tomba. Pourquoi et comment? On ne le sut jamais. Un passant avisa les Beaux-Arts, dont les services firent placer immédiatement une palissade, ceci afin de cacher l'incident aux superstitieux qui risqueraient d'y voir un mauvais présage.


Puis ce fut le défilé triomphal du 14 juillet 1919. Le 28 juin 1921, le soldat inconnu y fut inhumé. En 1923, deux écrivains, M. Gabriel Boissy et M. Binet-Valmer, suggérèrent de symboliser par une flamme éternelle le sacrifice de nos morts. Un « Comité de la Flamme » fut alors créé, présidé par le général Gouraud.


Cette flamme ne s'éteignit jamais.


Pas même le 14 juin 1940, jour de l'entrée des Allemands à Paris, pas même le jour où un touriste étranger trouva spirituel de venir uriner dessus, pas même le soir où le secrétaire d'Edith Piaf crut du meilleur goût d'y faire cuire un œuf sur le plat, pas même pour les présidents français qui inlassablement vinrent ruminer des discours sans fonds ni cœurs sous les arcs de ce monument de triomphe.



Découvrez d'autres histoires sue la France en cliquant: ici


Retrouvez-nous sur Facebook en cliquant: ici


Un message à nous envoyer: lesitedelhistoire2@laposte.net

Commentaires

Les articles les plus consultés

Lilith, la première femme de la Bible et d'Adam

Avez-vous d é j à lu la Bible? En entier? Peu l'ont fait! Au moins la Gen è se alors! La Gen è se? Mais si, le d é but, l'intro' ! Lorsque Dieu cr é e le ciel, la terre, les ê tres vivants et enfin l'homme Adam! Enfin, Adam et È ve... Vous connaissez cette histoire et souvent peu le reste. Lorsque je discute de la Bible avec des amis ou des é l è ves - pas toujours ignorants du fait religieux - je remarque souvent un ab î me d'ignorance de l'histoire biblique comme si on passait directement d'Adam à J é sus. Ah si: les gens connaissent aussi Abraham et Mo ï se. J'ai toujours aim é le d é but des histoires. La Bible ne fait pas exception. Je ne sais pas combien de fois j'ai pu lire et relire la Gen è se. Et puis un jour, un passage m'a turlupin é . Le sixi è me jour, Dieu d é cida de remplir la terre d'animaux, d'oiseaux et de bestioles. Puis, il est é crit: Chapitre 1: 26 Dieu dit : « Faisons l ’ homme à notre image, se

Alexandre le Grand homosexuel ? Le doute Hephaestion

Il est un fait, sur la possible homosexualité d’Alexandre, qu’il faut relever immédiatement. De toute sa vie, aucun acteur privilégié, c’est à dire proche du conquérant – et ils sont nombreux -  n’a jamais affirmé ou constaté de visu le voir pratiquer une relation sexuelle avec un autre homme. Cependant aucun non plus n’affirme qu’il n’en a jamais eue. La seule énigme tourne autour du seul et même homme avec qui il partage très souvent son quotidien: H é phaestion. Savoir si ces deux hommes ont un jour ou l’autre sauté cette fragile frontière qui sépare la grande amitié de l’amour restera pour l’éternité en suspens… du moins pour le moment ! Il faut s’attarder un instant sur l’ami intime d’Alexandre, celui qui lui sera toujours fidèle. H é phaestion naît à Pella, la même année qu’Alexandre. Fils d'Amyntas, un aristocrate macédonien, il reçoit également la même éducation que lui auprès du philosophe Aristote dans son adolescence. Il est un homme fort et beau. Certaines anecdo

Cléopâtre, son tapis et Jules César : Une Histoire d'Amour Épique et Mystérieuse qui a Bouleversé l'Empire Romain

Les amours passionnées entre la célèbre reine égyptienne Cléopâtre et le tout-puissant et charismatique Jules César forment un épisode à la fois mystérieux et envoûtant de l'histoire. Leur relation est digne des ébats charnels des dieux de l'Olympe. Au sein de leur amour naît un enfant légendaire et secret, Césarion, conférant à la reine une place singulière dans l'histoire et une renommée qui fait jaser du sénat romain jusqu'aux recoins les plus sombres de l'empire. Cléopâtre, descendante de Ptolémée Ier, général et compagnon d'Alexandre le Grand, est d'origine grecque, mais elle se distingue par son amour pour son peuple et son désir ardent de faire reconnaître l'Égypte comme la grande civilisation du monde méditerranéen, au même titre que Rome. Polyglotte, elle parle la langue de son peuple, une particularité sans précédent parmi les descendants de la dynastie des Ptolémées, qui règnent sur le trône depuis trois siècles.

Pasteur et la découverte du vaccin contre la rage

En 1879, Louis Pasteur, surnommé par René Dubos le « Franc-tireur de la science », a découvert le principe du vaccin et ceci grâce aux vacances d’été que celui-ci s’est octroyé. Tout grand esprit a besoin de repos. Le choléra des poules fait alors rage, depuis le printemps. Après plusieurs mois d’expériences infructueuses, Pasteur décide de se reposer et part rejoindre sa femme ainsi que toute sa famille dans sa maison de campagne. De retour dans son laboratoire, très détendu après ses congés estivaux, il reprend avec une grande motivation ses recherches, suivant le même procédé que celui établi jusque-là. Il inocule la bactérie du choléra sur des poules. Et il attend : une heure, deux heures. Aucune poule ne meurt. L’aiguille de l’horloge tourne et tourne pendant des heures, tout comme Pasteur dans son laboratoire. Rien ne se passe. Les poules sont toujours aussi pimpantes. Le chimiste de formation, loin d’être novice en matière d’expériences scientifiques, réfléchit : « Mais que

Hitler et Mussolini : quand l’élève dépasse le maître

En 1922, Benito Mussolini à la tête du parti fasciste italien, marche sur Rome et s’empare du pouvoir. Il transforme la démocratie en Etat fasciste. De l’autre côté des Alpes, Adolf Hitler observe ses actions. Mussolini est un modèle à suivre. Hitler organise son parti sur le modèle italien. L’année suivante, il tente lui aussi de marcher sur Berlin, pour s’emparer du pouvoir. C’est un échec. Il doit attendre les élections de 1933, pour accéder à la fonction de chancelier. La première entrevue entre les deux dictateurs se déroule à Rome en 1934. Le principal sujet réside dans la question autrichienne. Mussolini protège l’Autriche, qu’il considère comme une zone tampon face à l’Allemagne. Le meurtre du chancelier Dollfuss le 25 juillet 1934 par des sympathisants nazis est très mal vu par Rome. Mussolini envoie des troupes à la frontière, empêchant ainsi les nazis de prendre le pouvoir. Le Duce impose de par sa prestance. Vêtu de son bel uniforme, il apparaît comme l’homme fort au côté d

Aux origines de la galette bretonne

Chandeleur oblige, les crêpes sont de la partie ; et en Bretagne, qui dit crêpe, dit galette. L’histoire de la galette est étroitement associée à celle du blé noir, son principal ingrédient. C’est le parcours historique de cette céréale que nous allons retracer ici. Suivons à présent pas à pas la recette. Afin de réussir une bonne galette bretonne, accompagnons les croisés en Asie, au XIIe siècle. Après plusieurs milliers de kilomètres parcourus, des champs de fleurs roses s’étendent à perte de vue. Ce n’est pas un mirage, ni de simples fleurs d’ornement : les croisés découvrent le blé noir. Ils en prennent quelques plants, puis regagnent l’Europe avec des mules chargées de la précieuse semence. Mais le retour au Vieux Continent rime avec désillusion pour ces « chevaliers agricoles ». La culture de ce blé est exigeante et sa production reste faible. Néanmoins un espoir renaît du côté des exploitations d’une des régions françaises. Cet endroit est connu pour sa pluie :

Alexandre le Grand et Diogène: une rencontre de géant

Vous connaissez mon amour inconditionnel pour Alexandre le Grand. Aussi, aujourd'hui je vais vous conter un des épisodes qui m'a toujours marqué dans la vie du Macédonien : sa rencontre avec le célèbre philosophe cynique Diogène. De son entrevue, je crois, Alexandre en a retenu une leçon de vie qu'il essaiera, avec plus ou moins de bonheur ou de réussite, de s'appliquer tout au long de sa courte vie : l'humilité. Nous sommes en 335 avant notre ère. Alexandre n'est pas encore Alexandre le Grand et il n'a pas encore vingt-un ans. Pourtant, il est déjà craint par les Grecs... Bientôt par les Perses. En attendant, le jeune roi macédonien vient d'épater tous ceux qui doutaient encore de lui. Voilà quelques mois, son père Philippe mourrait sous les coups de couteaux de Pausanias - amant blessé - et la Grèce soumise décide alors de se révolter sous l'égide du meneur Démosthène et de la cité d'Athènes. Alexandre, fou de rage devant tant de traîtrise,

Hypatie d'Alexandrie, une femme seule face aux chrétiens

Alexandrie, ville de savoir ; ville de délices ; ville de richesses ! Et pourtant parfois, ville décadente et théâtre des pires atrocités faisant ressortir le vice animal, dénué de toute philosophie civilisatrice. En 415 de notre ère, cette Alexandrie, cité révérée et donnée en exemple, va connaître les premiers signes de sa décadence : elle assassine une des plus grandes savantes et philosophes de l’histoire de l'humanité, la belle et intelligente Hypatie. Née vers 370, Hypatie a environ dix ans lorsque l’empereur Théodose proclame la foi chrétienne comme étant la religion officielle de l’empire. Théodose met fin à un millénaire de stabilité religieuse et installe une religion qui tend à la prédominance   et qui, par l’intolérance qu’elle exerce, met l’empire en proie à des révoltes incessantes.  Moins d’un siècle suffira à le faire définitivement chuter ! Les chrétiens avaient été plusieurs fois massacrés – souvent injustement – servant de boucs émissaires quand la situation l’i

Le destructeur du nez du sphinx

Voilà bien longtemps que les hommes de la riche et nourricière terre d’Egypte le contemple. On vient également de loin pour se recueillir devant lui. Le Sphinx, cet être gigantesque que les plus grands hommes révèreront comme un dieu est un porte bonheur ! Né de la volonté du pharaon Khéphren, ce mastodonte taillé dans la roche garde depuis 2500 av. notre ère environ le plateau de Guizèh et ses somptueuses tombes : les pyramides de Khéops, Khéphren et Mykérinos. Le Sphinx parcourt les siècles avec aisance bien qu’il faille régulièrement le déterrer car le sable, inlassablement, vient le recouvrir jusqu’aux épaules. La chrétienté puis l’islam passent et le culte du dieu lion à tête d’homme s’éteint progressivement sans toutefois totalement disparaître. Les musulmans d’Egypte le considèrent tel un génie et l’admirent comme une œuvre d’art défiant la nature et rendant grâce au génie humain voulu par Dieu. Malheureusement, les belles heures théologiques, bien souvent plus intellectuelles