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La Véritable Histoire de la Fée Mélusine: entre Légende et Réalité Historique

Il ne faut pas mépriser les légendes. Elles contiennent toujours un fond de vérité. Celle de la fée Mélusine mérite d'être étudiée pour plusieurs raisons.


En 1848, on avait trouvé 1 450 pièces de monnaie près d’une très vieille fontaine du village de Lusignan. Son nom: «la Fontaine de Cé ». En 1886, 3 400 nouvelles pièces de monnaie font leur apparition. La date de leur enfouissement remonterait à la fin du XIIIe siècle ou dans les premières années du XIVe. Cette fontaine existe toujours, tout comme un souterrain qui est nommé « Trou de Mélusine ». Lusignan possédait également un château formidable mais il n'en reste plus qu'une butte.


Découvrons d’abord la légende romancée de la propriétaire du « Trou », la fée Mélusine. Son histoire débute par un mariage, celui de sa mère, la fée Pressine.


Elinas, roi d'Albanie, au cours d'une chasse, fut amené à venir se désaltérer à une source. Comme il buvait, il vit une chanteuse qui avait une voix remarquable. C'était la fée nommée Pressine. Elinas fut charmé et la pria de le suivre en son palais. La fée ne voulut accepter qu'à deux conditions : être reine et ne jamais être inquiétée ou suivie pendant les trois jours qui suivraient ses futures maternités. Elinas, déjà amoureux, promit, et ainsi épousa Pressine.


La fée donna bientôt le jour à trois filles : Mélusine, Mélior et Palestine.


Cependant Elinas avait eu de son premier mariage un fils qui haïssait déjà sa belle-mère. Ce dernier pria son père, tout à la joie de la naissance de ses filles, de pénétrer aussitôt dans l'appartement où était Pressine. Chose qu’il aurait dû refuser. Elinas trouva sa femme alors qu'elle était en train de purifier ses filles, par le feu, de ce qu'elles avaient hérité de mortel de leur père. Pressine, ainsi trahie, accabla Elinas de reproches pour avoir failli à sa promesse et disparut dans un tourbillon de flammes. Elle s'installa selon les sources sur une haute montagne d'Albanie ou sur l’île mythique d’Avalon, pour y élever ses trois filles et leur déléguer sa puissance.


La légende de Mélusine


Mélusine grandit et voulait devenir l’instrument de la vengeance de sa mère. De ses pouvoirs, elle fit une prison inaccessible où son père fut entraîné. Mais Pressine, que des remords d'amour troublaient, punit Mélusine qui fut condamnée à être serpent jusqu'à la taille. Exception serait faite à cette condamnation si un chevalier l'épousait.


Dans ce cas, la punition ne durerait qu'une vie d'homme et seulement pendant un jour de la semaine : le samedi.


Mélior et Palestine, complices de leur sœur, furent condamnées à leur tour. Mélior devait rester célibataire et garder un épervier merveilleux; Palestine était dévolue à la garde des trésors de son père, jusqu'à ce qu'un chevalier de la maison de Lusignan romprait le charme et s'empara du trésor pour pouvoir conquérir la Terre Sainte.


La légende se transforma ensuite et fort curieusement. 


Voyez plutôt : Aymeri, comte de Poitiers, accompagné de Raymondin, son neveu, fils du comte de Forez, chassaient ensemble le sanglier. Aymeri était aux prises avec l'animal dans un furieux combat, quand Raymondin, voulant aider son oncle, lança un coup formidable qui, malencontreusement, tua à la fois le sanglier et l'oncle.


Plongé dans la stupeur et l'ahurissement par cet accident, Raymondin se laissa entraîner au hasard par son cheval; tout à coup, arrivé à une fontaine, dite « Fontaine des Fées » (Fontaine de Cé), Raymondin fut tiré de ses tristes pensées par un écart que fit son cheval; il aperçut alors avec effroi trois têtes à la surface du bassin de la Fontaine de Cé. Ces têtes prirent corps : trois jeunes filles se baignaient. Celle qui semblait les diriger s'approcha:


« Chevalier, dit Mélusine, je sais que vous venez de tuer votre oncle qui vous avait promis grandeur et puissance; si vous suivez mes conseils, vous n'aurez rien à craindre et je réaliserai sa promesse. II faut simplement m'épouser et promettre de ne jamais chercher à savoir ce que je ferai ou deviendrai le samedi. »


Raymondin promit; on le comprend un peu: il voulait la gloire et la rédemption. Sur les conseils de Mélusine, la nymphe au bassin, il alla à Poitiers au deuil de son oncle et demanda en fief le terrain que pouvait contenir une peau de cerf! Malgré l’incompréhension de cette étrange demande, tous les vassaux dépendant du comté de Poitou lui accordèrent foi et hommage. En revenant à Lusignan après la cérémonie, il acheta à un paysan la fameuse peau de cerf.


Pendant ce temps, Mélusine n'était pas restée inactive : sur la montagne qui domine la Fontaine de Cé, une chapelle et un pavillon étaient déjà dressés, levés, construits et achevés. La peau de cerf fut découpée en très minces lanières qui furent mises bout à bout. Et on délimita le terrain en plantant des piquets tout au long du périmètre tracé par ces lanières ce qui permit d’obtenir un terrain assez conséquent.


Lorsque l'on enfonça le dernier piquet une fontaine miraculeuse se mit à sourdre, vers l'extrémité de la vallée où coulait déjà la Fontaine de Cé.


Puis vinrent les noces de Raymondin; elles furent célébrées en grande pompe et grand apparat. Les comtes de Poitiers et de Forez y assistèrent. On disputa un tournoi où Raymondin fut merveilleux et subjugua la foule.


Le lendemain, Raymondin, se levant, vit une multitude d'ouvriers apparus comme par magie qui bâtissaient avec une extraordinaire rapidité un château magnifique; six tours, mâchi-coulis, donjon, pont-levis, herse. Au sud était la « Tour Poitevine », au nord la « Tour Mélusine ». Des fossés larges et profonds protégeaient les accès. Peu après, Mélusine apprit à Raymondin des faits que son père, le comte de Forez, lui avait cachés : il était d'origine bretonne, son père avait été le favori et le conseiller du roi de Bretagne, Thierry. Un autre seigneur, Josselin, l'avait envié, et pour le perdre, au cours d'une embuscade, avait tué le fils du roi de Bretagne puis avait fait courir le bruit que le comte de Forez était le véritable meurtrier. Craignant la vengeance de Thierry, le père de Raymondin avait quitté la contrée et conquis le Forez. Il avait ensuite épousé la sœur du comte de Poitiers dont Raymondin était finalement issu.

Animé du désir de venger la mémoire de son père, Raymondin, aidé de cinq cents preux chevaliers, chevaucha jusqu’en Bretagne et jeta son gant de bataille à la figure d’Olivier, fils de Josselin, qui le releva avec enthousiasme. Malheureusement pour lui, Raymondin le battit. Le jugement de Dieu ainsi rendu, le roi de Bretagne accorda à Raymondin les seigneuries de Josselin.


Revenant vers Lusignan, Raymondin rencontra un vieux chevalier de son comté et qui lui fit les honneurs de tout le pays à présent défriché, couvert de moissons et de troupeaux. Il pouvait enfin vivre en maître sur ses riches terres avec la plus merveilleuses des femmes. D’ailleurs… ils furent heureux et eurent beaucoup d'enfants. Dix au total, dont voici la liste:


  • Uriam, qui fut roi de Chypre; il avait un œil gris, l'autre rouge;
  • Odon, qui épousa une fille du comte de la Marche et succéda à son beau-père; il avait une oreille plus courte que l'autre;
  • Guyon, fut roi d'Arménie; il avait un œil plus haut que l'autre;
  • Antoine fut duc de Luxembourg; il avait la joue marquée d'une griffe de lion;
  • Regnault fut roi de Bohême; il n'avait qu'un œil mais était doté d'une vue percante;
  • Geoffroy, le sixième, fut seigneur de Lusignan; surnommé Geoffroy « la Grande Dent » car il en avait une énorme qui lui sortait de la bouche;
  • Froimont, noir et velu comme une taupe, fut moine à Maillezais;
  • Raymond, fut comte de Forez;
  • Thierry, le neuvième, fut seigneur de Parthenay et grand batailleur;
  • L'Horrible était le dernier et méritait son surnom.


Mélusine ne chômait pas. Mère fertile, elle le fut tout autant pour les terres de son mari. Elle faisait sortir de terre des châteaux, effectua en beaucoup d'endroits des constructions magnifiques qui étaient réalisées en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire : « le terrier » du Puisay, colline à proximité de Lusignan, passe pour provenir du sable échappé par un trou de son tablier. Les châteaux de Niort, Béruges, Parthenay, Pons, Issoudun, Mervent-Vervant, Parc-Soubise, Marmande en Touraine, Talmont, Caumont, Salebart, près de Niort, et Sassenage en Dauphiné lui sont attribués. La prospérité l'accompagnait partout.


Et comme toute chose heureuse doit connaître une fin tragique. Vous voyez la chose venir. Nous sommes un samedi. Le comte de Forez, jaloux de la réussite de son frère, arriva à Lusignan et s'enquit de l’absence remarquée de Mélusine. Raymondin lui répondit qu'il ne pouvait la voir mais que le lendemain et qu’elle saurait se rattraper en lui donnant une grande réception.


« Ne voyez-vous pas que votre femme vous couvre de déshonneur? Osez donc le vérifier. »


Rendu fou de rage et consumé par la jalousie et le doute, Raymondin descendit dans les souterrains du château, erra longtemps, perça une porte de bronze et trouva Mélusine effectuant sa pénitence, plongée dans l'eau jusqu'à la taille et faisant jaillir de l’eau partout dans la grotte avec sa queue de serpent. Il remonta tristement comprenant que sa chère femme le protégeait d’un bien mauvais sort et il chassa finalement son frère. 

Pendant un temps, rien ne parut changer mais un autre malheur précipita tout : les querelles fraternelles. Geoffroy la Grande Dent ne supportait pas l'idée que Froimont, son frère, se fit moine; il s'en alla à Maillezais et mit la ville en feu. Le prieur vint se plaindre auprès de son père. Accablé par ce malheur qui le mettait en mauvaise posture avec Dieu se rappela subitement l’état monstrueux de son épouse. Raymondin fit alors grand reproche à sa femme lui révéla l'avoir vue dans les souterrains. 


Tout était fichu…


Mélusine réagit violemment. Elle prophétisa à la cour et à son ingrat de mari de faire disparaître le dernier rejeton: l'Horrible, faute de quoi, il détruirait tout. Ayant dictée ses dernières volontés, elle se transforma, se métamorphosa, changeant son apparence: ses riches habits se transformèrent en bure, une énorme queue de serpent et des ailes apparurent. Une force surnaturelle l'entraîna par une fenêtre, elle fit trois fois le tour de la place en jetant des cris stridents et horribles, se posa sur les tours qui tremblèrent, puis disparut à jamais.

Pourtant la légende dit que chaque fois qu'un malheur menace un de ses descendants ou un Lusignan, Mélusine apparaît. Ainsi, quand le grand Duguesclin assiégeait Thouars et qu'en même temps le Duc de Berry attaquait Lusignan, Mélusine apparut à l'Anglais qui défendait la place. Trois jours après, Lusignan était pris…


Et Raymondin? Saisi par le malheur et le repentir, il alla en pèlerinage à Rome et se fit ermite sur la montagne de Montferrat en Aragon. On réalisa le prophétie de Mélusine en retrouvant et en assassinant le dernier fils l'Horrible dans les caveaux de l'abbaye de Montierneuf à Poitiers.


Telle est la légende. Et pourtant, laissez-moi vous raconter une autre histoire, réelle celle-ci.


Revenons un millénaire avant Pressine, Mélusine, ses sœurs et Raymondin. Les légendes des peuples Scythes racontaient qu’ils prétendaient tirer leur origine d'une femme moitié monstre, moitié serpent. Or, les Romains, friands d’user de ses cavaliers mercenaires dans leur conquête du monde, avaient pris à leur service à Poitiers, une tribu de Scythes appelés Taïfales ou Teiphaliens. Les Tafales, à l'arrivée des Goths, s'installèrent à Tiffauges et à Lusignan. La Fontaine de Cé peut avoir comme étymologie latine Fons Scytharum - fontaine des Scythes. Une plaine située à proximité de Lusignan s'appelle d’ailleurs la « plaine des Scythes ».


Serait-ce tout? Non! Le conte fantastique de Mélusine se retrouve dans l'histoire. En effet, voici ce que disent les chroniques de Guillaume de Tyr, historien et accessoirement archevêque de Tyr: la veuve de Foulques d'Anjou, roi de Jérusalem au XIIe siècle, s'appelait, chose étonnante : Mélisende. 


Pendant la minorité de Baudouin III, l'ainé de ses fils, elle gouverna avec gloire et beaucoup de prospérité. Pendant son règne, le prince d'Antioche mourut et sa fille Constance fut mariée à Raymond, fils du comte de Poitiers qui devint ainsi seigneur du principal fief de Jérusalem. Les noms se rapprochent beaucoup. Constance était nièce de Mélisende. Aliénor d'Aquitaine était nièce de Raymond qui la soutint contre le roi de France Louis VII après son divorce avec celui-ci, et cela au bénéfice des Anglais.


  • Baudouin III, le premier fils de Mélisende, mourut sans postérité. Amaury Ier lui succéda et mourut en laissant trois enfants : Baudouin IV, Sybille et Isabelle.
  • Baudouin IV fut le fameux roi lépreux, roi à 13 ans, mort à 25 ans.
  • Baudouin V, fils de Sybille et de Guillaume de Montferrat, succéda Baudouin IV.


Sybille se remaria à un certain Guy de Lusignan et le jeune Baudouin V, qui avait cinq ans, fut confié à la garde de Josselin, comte d'Edesse. Baudouin V mourut à Saint-Jean-d'Acre et les seigneurs accusaient Josselin d'être complice de Sybille pour que celle-ci puisse faire couronner son époux. Car Guy de Lusignan et Sybille, soutenus par le grand maître du Temple des Templiers, furent couronnés rois de Jérusalem et le Temple leur livra le trésor du roi d'Angleterre.


On a donc retrouvé les différents acteurs de la légende :


  • Mélisende, ou Mélusine.
  • Raymond, ou Raymondin, fils ou neveu du comte de Poitiers. Le premier, tout-puissant seigneur d'Antioche; le second, le plus puissant seigneur du Poitou;
  • Le père de Mélusine avait été mis en prison : Baudouin IV finit lépreux;
  • Mélusine ordonna de tuer son fils l'Horrible : Baudouin V fut écarté et tué pour que Sibylle et Guy de Montferrat puissent régner;
  • Josselin, seigneur breton, tue le fils du roi de Bretagne : Josselin, comte d'Edesse, est accusé d'avoir tué le fils de Montferrat;
  • Raymondin, le mari de Mélusine, se retire à Montferrat : et c'est contre le fils de Guillaume de Montferrat que fut commis le crime qui permit à Guy de Lusi-gnan d'être roi;
  • Le trésor gardé par Palestine, sœur de Mélusine, pour les seigneurs de la maison de Lusignan, rappelle celui du trésor d'Angleterre remis à Guy et Sibylle par les Templiers.


Curieux, n'est-ce pas ?


Curieux aussi : les armoiries du château de Sassenage que Mélusine passe pour avoir bâti, représentent les armes des Lusignan du Poitou, et celles des Lusignan de Chypre. 



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