La Papesse Jeanne. Voilà bien un nom qui évoque mystère, controverse et damnation. Cette figure plus ou moins historique, dont l'existence même est sujette à débat, a laissé une empreinte indélébile dans l'histoire de l'Église catholique. Et si nous partions de la base de la philosophie du philosophe grec Évhémère, à savoir que toute légende a probablement une base existentielle ! Plongeons alors dans le mystère et voyons qui était vraiment cette femme qui aurait réussi à se hisser au sommet de la hiérarchie ecclésiastique, un poste normalement réservé aux hommes ?
La légende de la Papesse Jeanne prend ses racines au Moyen Âge, pendant le IXe siècle, à une époque où l’Europe se déchirait territorialement sous les différents règnes des petits-fils de Charlemagne et où l'Église catholique dominait la vie liturgique, spirituelle et intellectuelle de l’Europe. C'est dans ce contexte que Jeanne, une jeune femme dotée d'une intelligence exceptionnelle, aurait défié les normes de son époque pour accéder au Saint-Siège.
Née dans une famille modeste de Mayence mais d’origine anglaise, Jeanne aurait été éduquée par un moine qui aurait rapidement reconnu son immense potentiel. Cependant, les opportunités d'éducation pour les femmes étaient limitées à cette époque, et Jeanne a dû trouver le subterfuge du travestissement et ainsi se déguiser en homme pour poursuivre ses études et monter les échelons dans l’Église. Sous le nom de Jean l'Anglais, elle aurait rejoint un monastère où elle aurait brillé par son érudition. Plus tard les portes de l’abbaye de Saint-Germain des Prés lui aurait même ouvert ses portes.
Sa réputation de savante aurait rapidement atteint Rome, où elle aurait été invitée à enseigner. Là, elle aurait impressionné le clergé par sa connaissance des textes sacrés et sa capacité à débattre de questions théologiques complexes. Les sources nous parlent même d’une grande beauté. On ne peut douter – évidemment - qu’il s’agisse ici uniquement de la beauté de l’âme. Quoi qu’il en soit, sa popularité grandissante aurait finalement conduit à un poste de lecteur des Écritures saintes avant de rejoindre la curie romaine où elle aurait fini par devenir cardinal. A la mort du pape Léon IV, en 855, sa grande notoriété lui aurait permis de succéder à la charge suprême sous le nom de Jean VIII l'Angélique.
Elle fut un très bon pape.
Cependant, la supercherie de Jeanne aurait été découverte de la manière la plus dramatique. Enceinte – d’autres étaient donc bien au courant ! - elle aurait accouché en plein milieu d'une procession, révélant ainsi sa véritable identité. Selon certaines versions de la légende, elle aurait été lapidée à mort sur le champ, tandis que d'autres aurait affirmé qu'elle aurait été emprisonnée pour le reste de sa vie ou tout simplement déposée.
La légende de la Papesse Jeanne a été largement diffusée au Moyen Âge, mais elle a été contestée par l'Église catholique qui a déclaré qu'il s'agissait d'une fabrication destinée à discréditer l'institution, surtout à partir de la Réforme où Jeanne devint un outil de propagande anticatholique. Les détracteurs pensaient avoir trouvé la preuve : l’Église aurait d’ailleurs imposé une cérémonie dite de la « chaise percée ». Le souverain pontife, nouvellement élu, devait s'assoir sur une chaise trouée en son centre. Sous les yeux d'une multitude de curieux, un ecclésiastique passait alors sa main sous le siège du Saint Père, afin de vérifier les attributs virils du pape. Si ce dernier était bien un homme, le vérificateur se retournait et s’écriait : Duos habet et bene pendentes ! (ce qui signifie "il en a deux, et bien pendantes !"). L'assemblée s'exclamait alors : Deo gratias ! ("rendons grâce à Dieu !"). Malheureusement pour les détracteurs, tout cela est encore une fable. Mais la légende est toujours amusante.
Sa figure fut même utilisée comme le summum de l’impie puisque certaine représentation la représente comme étant la Grande Prostituée de Babylone montée sur la bête de l’Apocalypse décrit dans les écrits de Saint Jean.
Malgré cela, l'histoire de Jeanne a survécu à travers les siècles, alimentée par des récits populaires et des œuvres d'art qui la représentent en habits papaux.
Au-delà de la question de son existence, la figure de la Papesse Jeanne soulève des questions importantes sur le rôle des femmes dans l'Église et dans la société en général. À une époque où les femmes étaient largement exclues des positions de pouvoir, l'histoire de Jeanne offre un exemple frappant de résistance et de défi des normes de genre. Peut-être même un désir de voir les femmes acquérir des rôles plus importants dans l’institution.
Une évolution qui existera plus tard dans les religions réformées du XVIe siècle.
Mais ça, c’est une autre histoire.
L’église a toujours cherché à cacher cette histoire. La papesse Jeanne a existé et c’est le fait qu’elle a réussi un grands nombres de réformes dans l’église et qu’il ne fallait surtout pas que cela vienne d’une femme, qu’elle a été rejetée et maintenant son existence est traitée, comme ici, comme une légende.
RépondreSupprimerIl ne faut pas exagérer non plus !!!
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