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Gorgô de Sparte : Une Femme de Pouvoir dans la Grèce Antique

Gorgô de Sparte. Rien qu'avec ce nom, mon cœur palpite. Voici une figure historique qui suscite la curiosité. Sa biographie rapide nous laisse indécis quant à ce qui relève de la légende ou de la réalité. Présentons cette personnalité : Gorgô est une figure emblématique de la Grèce antique, reconnue pour sa sagesse, son intelligence et son influence politique. Née en position de pouvoir, en tant que fille du roi Cléomène Ier de Sparte, son statut de femme ne l'a pas empêchée de jouer un rôle crucial dans les affaires de l'État, qu'elle a assumé avec habileté et un charisme remarquable.


Gorgô est fréquemment décrite comme la vestale de l'Eunomie spartiate, un terme faisant référence à la bonne gouvernance et à l'ordre social. En sa qualité de vestale, Gorgô se devait de préserver l'ordre social, en servant d'exemple à suivre et en veillant au comportement des citoyens, notamment en temps de guerre. Dès son plus jeune âge, elle assistait à des audiences diplomatiques, intervenant sans hésitation. Plutarque et Hérodote racontent qu'elle a persuadé son père de ne pas s'impliquer dans les soulèvements des Grecs d'Ionie contre le roi perse Xerxès.


Le mariage de Gorgô avec son oncle, le célèbre Léonidas, tombé avec les honneurs aux Thermopyles, est un élément crucial de sa vie et de sa légende. Leur union n'était pas seulement une alliance politique, mais également un partenariat. Les récits indiquent qu'ils étaient très proches, si bien qu'on peut imaginer Léonidas partageant les secrets des débats politiques avec son épouse, qui n'a pas manqué de le conseiller et d'influencer ses décisions.


Gorgô n'était pas une simple spectatrice des exploits de son mari. Elle était une conseillère de confiance, dont les conseils étaient respectés et pris en compte par Léonidas. Son influence sur Léonidas n'était pas seulement politique, mais également personnelle.


En effet, les Spartiates ont intercepté un message secret. Il s'agissait d'une tablette de bois recouverte de cire envoyée par Démarate, ancien roi déchu de Sparte, à ses partisans afin de préparer son retour avec l'aide des Perses. Personne ne comprenait où se cachait le message secret. Les récits indiquent alors que Gorgô a été la première à comprendre que le message était écrit sur le bois sous la cire, et non sur la cire elle-même. Elle a probablement lu le message à voix haute devant les rois. Cette découverte a permis aux Spartiates de se préparer à la future invasion perse. Plus tard, elle conseillera à son mari de faire face à Xerxès lors de la célèbre bataille des Thermopyles alors que les prêtres refusaient d'approuver le départ de l'armée. Elle transformera la défaite spartiate en « sacrifice » afin de lui donner une victoire « morale » et nécessaire.


Sa participation politique est donc évidente !


Avec Léonidas, ils partageaient également une relation profonde et affectueuse, comme en témoignent plusieurs anecdotes de l'époque. Les deux semblent avoir partagé un amour véritable et formé un couple solide, chose rare dans les récits antiques où l'individualité et l'héroïsme sont mis en avant. Ainsi, lorsque Léonidas part pour les Thermopyles, il est dit qu'elle lui a demandé ce qu'elle devait faire s'il ne revenait pas. Il lui aurait répondu : "Marie-toi à un bon homme et aies de bons enfants". Cette anecdote démontre non seulement l'affection profonde qu'ils avaient l'un pour l'autre, mais aussi le respect que Léonidas avait pour le jugement de Gorgô. Qui, autre qu'un homme amoureux, autoriserait moralement son épouse à refaire sa vie avec quelqu'un qui pourrait apaiser son chagrin ?


Elle ne le fit pas.


En outre, Gorgô est souvent citée comme un exemple de l'identité singulière des femmes spartiates et notamment de leur rôle de mère. Elle a élevé son fils, Pleistarchus, pour qu'il devienne un guerrier et un roi compétent, perpétuant ainsi la tradition spartiate de bravoure et de compétence militaire.

Contrairement à de nombreuses autres cités-états grecques, où les femmes étaient souvent reléguées à des rôles domestiques, à Sparte, elles bénéficiaient d'une certaine liberté.


Tout est résumé dans ce légendaire dialogue. Un jour, alors qu'une femme interrogeait Gorgô sur la prédominance des femmes sur les hommes Spartiates, elle lui aurait répondu le plus simplement du monde : 


"Car nous sommes les seules qui mettons au monde des hommes."

Dans le contexte moderne, Gorgô est souvent utilisée comme un symbole de l'émancipation féminine. Son intelligence, sa sagesse et son influence politique sont vues comme des exemples de la façon dont les femmes peuvent exceller dans des domaines traditionnellement dominés par les hommes. Elle est fréquemment citée dans les discussions sur l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes, et est utilisée comme un modèle de complémentarité du couple homme/femme.




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