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Poitiers : saine, sainte et savante


 

Poitiers est la préfecture du département de la Vienne. Sa population intra-muros avoisine les 90.000 habitants. Retraçons l’histoire de la cité. Les mots en gras sont les monuments que vous pourrez visiter et/ou admirer lors de votre déambulation dans la ville.

 

La cité des Pictons

Le nom provient vient de Pictavis qui signifie « chez les Pictons ». En effet, ce peuple gaulois occupe le site. Un oppidum est bâti sur le promontoire. Durant la guerre des Gaules, les chefs pictons se divisent. Certains soutiennent Vercingétorix, d’autres Jules César. Les premiers obtiennent gain de cause. Les Romains s’emparent de la ville après un siège.

Durant l’époque romaine, la cité se dote d’arènes pouvant accueillir jusqu’à 30.000 personnes, de thermes, d’aqueducs. L'aristocratie est riche et s’intègre bien à l'empire romain. Par exemple, Marcus Sedatius Severianus devient sénateur puis consul en 134. Poitiers est la capitale d’Aquitaine, avant que Bordeaux la remplace au IIIe siècle. A cette époque, la ville se dote d’une enceinte fortifiée. Au IVe siècle, Saint-Hilaire évangélise la ville.

 

Des Wisigoths aux Francs

En 418, l’empereur romain Honorius donne l’Aquitaine aux Wisigoths. Poitiers redevient la capitale de la région jusqu’en 500, date à laquelle Toulouse lui succède. En 507, le roi Alaric perd la bataille de Vouillé contre Clovis. La région passe en partie dans le royaume franc.

Au VIe siècle, la reine Radegonde fonde l’abbaye Sainte-Croix de Poitiers, réservée aux femmes. Elle tire son nom d’un morceau de la croix du Christ gardé en relique. Au VIIe siècle, l’abbé Mellebaude fait construire l’hypogée des Dunes, une petite nécropole qui lui servira de tombeau.

En 840, Louis le Pieux tente de s’emparer de Poitiers sans succès. Des bourgs fortifiés s'établissent autour de la ville et des abbayes. Ils sont nécessaires, car les Vikings effectuent plusieurs raids dans les années 850. Poitiers connait plusieurs destructions durant toute la seconde moitié du IXe siècle.

 

Entre les royaumes d’Angleterre et de France

En 955, Hugues Capet assiège la ville pour s’emparer du Poitou. Le comte Guillaume IV réussit à le repousser. A partir du Xe siècle, les comtes de Poitou occupent une place prépondérante dans le duché d’Aquitaine. Ils construisent églises, palais et halles dans la ville. Aliénor d’Aquitaine est la plus prestigieuse des comtesses de Poitiers. Ses mariages font passer Poitiers successivement dans le domaine royal capétien, puis dans les possessions des Plantagenêt. À partir de son deuxième mariage, Aliénor passe beaucoup de temps à Poitiers. A la fin du XIIe siècle, la ville obtient une charte de la part d’Henri d’Angleterre pour son soutien. Un beffroi et une nouvelle muraille sont construits. Progressivement, des libertés et franchises sont accordées aux habitants de la ville de Poitiers. La route de Saint Jacques de Compostelle passant par Poitiers, la ville accueille de nombreux pèlerins, qui y font halte pour vénérer les reliques de sainte Radegonde ou de saint Hilaire.

En 1204, Philippe Auguste s’empare de la ville qui devient française. Au XIVe siècle, Poitiers appartient au duché de Berry. Jean Ier de Berry embellit le palais comtal en aménageant la tour Maubergeon. En 1418 en pleine guerre Cent ans, Poitiers accueille le parlement royal. En 1429, Jeanne d’Arc y séjourne avant de recevoir un commandement militaire. En 1431, profitant de la présence de nombreux érudits parisiens en exil, une université est fondée. Réputée pour son droit, elle compte 4.000 étudiants à la fin du XVe siècle. Elle donnera de grands noms Rabelais, Joachim du Bellay et Pierre Ronsard. Sa présence permet le développement d’imprimeurs et de libraires.

 

Une ville catholique

Durant les guerres de religion, Poitiers se range du côté des Ligueurs catholiques. En 1569, Coligny assiège la ville tenue par les ducs de Guise et de Mayenne. De juin à août 1593, l’armée royale effectue un nouveau siège. L’année suivante, Poitiers reconnait Henri IV comme roi légitime. En 1634, la ville est le cadre d'une session judiciaire extraordinaire, les Grands Jours de Poitiers, dont le but consiste à réaffirmer l'autorité royale.

La morphologie de la ville change peu durant les XVIe et XVIIe siècles. Quelques hôtels particuliers sont bâtis à la Renaissance : hôtels Jean Beaucé, Fumé, Berthelot. La rue de la Tranchée est percée. Des ponts sont construits. Au XVIII siècle, les murailles sont abattues pour laisser place à des boulevards. A la veille de la Révolution, la ville compte 20.000 habitants. La ville tire sa prospérité de ses fonctions administratives : justice royale, évêché, monastères et l'intendance de la généralité.

 

Une ville de garnison

Au XIXe siècle, Poitiers devient une ville de garnison militaire. La ville se modernise avec la construction du chemin de fer. Une rampe est construite pour franchir l'à-pic de trente mètres entre le vieux centre et la gare En 1875, l’évêque Louis-Edouard Pie fait ériger la Statue de Notre Dame des Dunes pour expier les péchés de la Commune. La municipalité, de gauche, n’apprécie pas cette statue. En contrepartie, elle érigera une statue de la Liberté, sur le modèle de celle de Bartholdi.

Un bastion monarchiste s'implante dans Poitiers au début du XXe siècle. En effet, le marquis de Roux, juriste de l’Action Française, est élu bâtonnier du barreau de Poitiers en 1922 et s'installe place de la Liberté. Sa maison située au numéro 14, se transforme peu à peu en local provincial de l'Action Française. De plus le groupe des Dames Royalistes et d’Action Française est fondé à Poitiers par la marquise de Mac-Mahon en 1926.

En 1939-1940, Poitiers accueille de nombreux réfugiés mosellans et le gouvernement belge en exil. En remerciement, la Belgique offrira une reproduction du Manneken Pis, qui est placé dans le hall du commissariat de police. Par la suite, la ville se situe en zone d’occupation. Des réseaux de résistance se développent. Néanmoins, le préfet collabore avec les services allemands pour les démanteler. En 1944, la ville subit deux bombardements. La gare est entièrement détruite. Les Allemands quittent Poitiers le 4 septembre. Le lendemain, le comité départemental de libération prend le pouvoir. Le camp de la Chauvinerie sert aux prisonniers de guerre des armées de l'Axe. Jusqu'à 7300 militaires y sont retenus.

 

Une ville tournée vers l’avenir

Depuis les années 1960, la ville de Poitiers s'étend avec la construction de nouveaux quartiers et infrastructures de transport. Entre 2010 et 2014, la municipalité a mis en place un projet de renouvellement urbain, notamment du centre-ville, en modifiant les plans de circulation, en nettoyant les façades, en augmentant la surface de voies piétonnes, en réaménageant la place du Maréchal Leclerc, en créant de nouveaux espaces verts et en développant le bus.

Poitiers bénéficie de la décentralisation industrielle depuis les années 1970, avec notamment l’implantation d’une usine Michelin qui ferme en 2006 et de la compagnie des compteurs Schlumberg.

Depuis 1987, l’agglomération de Poitiers accueille sur son territoire le Futuroscope, premier site touristique de la région Nouvelle Aquitaine, qui est l’un des parcs de loisirs français les plus fréquentés avec 2 millions de visiteurs annuels.

La technopole du Futuroscope compte plusieurs administrations et entreprises publiques (CNED, Canopé…), des entreprises privées et des laboratoires de recherche. Avec 30.000 étudiants, Poitiers demeure une grande ville universitaire.

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