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Borobudur

 


« Lorsque vous réaliserez à quel point tout est parfait, vous inclinerez la tête en arrière et vous rirez du ciel." 

Bouddha

Localisation : Java ; Indonésie

Date : 825

Architecte : Gunadharma

L’essentiel 

Le nom Borobudur apparaît pour la première fois dans le livre History of Java de Raffles paru en 1814. Aucun document plus ancien suggérant le même nom n’a été retrouvé. Le seul manuscrit qui fasse référence au monument en tant que sanctuaire sacré bouddhiste est un poème épique écrit en 1365. Le nom Bore-Budur, devenu Borobudur, a été vraisemblablement écrit par Raffles à partir du village voisin de Bore. Raffles pensait que le mot budur correspondait au mot javanais buda qui signifie « ancien ». Le nom « Borobudur » voulait donc dire pour lui « ancien Bore ». A ce jour, les raisons et les origines de l’édification demeurent obscures. Le IXe siècle constitue une période de fortes constructions de temples bouddhistes et hindouistes. Il aurait fallu 75 ans pour le bâtir. Environ 55 000 mètres cubes de pierre ont été prélevés des rivières alentour pour construire le monument. La pierre était taillée, transportée sur le site et assemblée à l’aide de mortier. Borobudur diffère radicalement des autres édifices du même genre. En effet, il est construit sur une colline. En revanche, la technique de construction ressemble à celle des autres temples de Java, qui se caractérise par l’absence d’un espace intérieur et une forme de pyramide.

L’architecture générale de Borobudur suggère la forme d’un lotus. Forme un carré de 118 mètres de côté, il est constitué de quatre galeries successives. Celles-ci sont superposées et les trois plus hautes forment une représentation de la cosmologie bouddhiste. Toutes les galeries sont couvertes de bas-reliefs. Elles relatent les divers épisodes de la vie du bouddha. Il existe une cinquième galerie enterrée, qui servirait peut-être à consolider le bâtiment. Après avoir traversé les quatre galeries, le pèlerin atteint la terrasse supérieure, elle aussi surmontée de trois terrasses circulaires concentriques bordées de 72 stûpas. Chaque plate-forme représente une étape du chemin vers l’illumination. Les stupas possèdent la forme de cloche de pierre. Au centre de ces terrasses et donc au sommet du Borobudur, un autre stûpa couvre un bouddha inachevé. Un système de drainage des eaux de pluie permet à l’édifice de résister aux violentes crues de la région. Pour éviter les inondations, cent becs verseurs sont répartis à chaque coin du temple avec chacun une gargouille sculptée.

Borobudur contient plus de 2600 bas-reliefs. Ceux-ci ont été sculptés une fois la construction achevée. Les panneaux encerclant le monument narrent l’histoire de Sudhana, un disciple de Bouddha, et Manohara, un musicien céleste mi-homme mi-cheval. Les murs du premier corridor racontent les différentes vies de Bouddha et son accession à la perfection de la sagesse. Les panneaux narratifs sur les murs se lisent de droite à gauche alors que ceux sur les garde-corps se lisent de gauche à droite. Le sens de lecture correspond au chemin emprunté par les pèlerins. Ils tournent dans le sens des aiguilles d’une montre, afin de garder le sanctuaire à leur droite. Les panneaux de la galerie ensevelie illustrent les turpitudes de la vie terrestre, les douleurs de l’enfer et les plaisirs du paradis. Ces panneaux non visibles par les pèlerins, signifie peut-être la volonté de dissimuler les réalités terrestres. Borobudur possède plus de 500 statues de Bouddha. Aujourd’hui, plus de 300 sont endommagées et une quarantaine ont disparu. Toutes les statues semblent similaires, mais des différences subtiles existent au niveau de la position des mains.

Le site semble avoir été abandonné au début du XIIe siècle. Au siècle précédent, le centre du pouvoir se déplace vers le Java oriental. Ensuite, les cendres volcaniques et la jungle le dissimule au fil du temps. Le monument n’est pas totalement oublié. Deux anciennes chroniques du XVIIIe siècle parlent de cas de malchance directement associés au monument. Le temple est l’un des facteurs de l’échec de la rébellion contre le sultanat de Mataram. Il cause la mort du prince du sultanat de Yogyakarta qui tombe malade juste après s’être rendu sur ces lieux.

Au début du XIXe siècle, le gouverneur de l’île confie à l’ingénieur HC Cornélius de rechercher le monument disparu. Il faut deux mois à l’équipe de Cornelius pour dégager une partie du monument. En 1835, le travail restant est achevé. La première étude du site est publiée en 1873. Durant les années 1882, des chercheurs de trésors pillent le temple. En 1902, une commission propose un plan pour la sauvegarde du site : renforcement de certaines structures, grillager la cour, nettoyer et améliorer le système de drainage. Les travaux de restauration s’étalent de 1907 à 1911. En raison du budget limité, les opérations se limitent au nettoyage et au renforcement des structures. Van Erp en charge des opérations utilise du béton. Par la suite, du sel et l’hydroxyde de calcium s’infiltrent dans le monument à travers le béton. À la fin des années 1960, l’Indonésie, devenue indépendante, requiert l’aide de la communauté internationale. Borobudur est inscrit au patrimoine de l’UNESCO. Une vaste campagne de restauration complète s’étale sur une dizaine d’années.

Aujourd’hui, Borobudur est redevenu un lieu de culte et de pèlerinage. Il est également le monument le plus visité d’Indonésie, avec deux millions de touristes par an, bien que celui-ci ne profite pas toujours à la population locale.

 

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