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Pétra

 


"Petra est une démonstration brillante de l'art de l'Homme en transformant la roche stérile en merveille majestueuse."

Edward Dawson


Localisation : Pétra - Jordanie

Date : –VIIIe siècle

Architecte :


L’essentiel

Signifiant « la roche » en grec, Petra est une cité fondée par les Edomites un peuple originaire des rivages de la Mer morte. Il s’agit d’une ville troglodyte. La roche se compose de grès rouge-brun, dont la couleur varie en fonction de l’intensité de la lumière réfléchie sur les grains de quartz. Elle se situe dans un fond de vallée de montagne à 200 kilomètres au sud d’Amman. Seul deux étroits sentiers donnent accès au site. Cette protection naturelle et la présence d’eau ont permis l’établissement d’une ville sur les routes caravanières reliant, l’Egypte, l’Arabie, la Syrie, l’Inde et les côtes africaines.

 

Au -VIe siècle, les Edomites quittent le site. Nous ignorons les causes de ce départ. Les Nabatéens, un peuple de semi-nomades d’Arabie, les remplacent. Les Nabatéens construisent un système de captage, de stockage et de redistribution des eaux de pluie, avec des règles de répartition aux habitants. Il existe des barrages, des citernes souterraines et deux aqueducs. Ces réseaux approvisionnent la ville de 40 millions de litres par jour. Ainsi, les habitants cultivent des céréales, des vignes et des arbres fruitiers. Ils pratiquent aussi l’élevage caprin. La cité se développe grâce au commerce. L'eau et la sécurité ont fait de Pétra une halte pour les caravanes chargées de produits de luxe : épices, encens, soie, perles. Les droits de douane apportent des revenus conséquents, sans parler du logement et de la restauration des marchands. Par ailleurs, les Nabatéens produisent des poteries de grande qualité qu’ils exportent. La richesse de Pétra permet à la cité d’être la capitale d’un royaume indépendant jusqu’au Ier siècle. L’affirmation du pouvoir royal se traduit par une planification urbaine et la construction de structures monumentales. Les bâtiments sont construits sur des terrasses naturelles le long des parois ou sont creusées à même la roche.

Après la mort du roi Rabbel II, les Romains, déjà fortement implantés dans la région, annexent la cité. Devenue le point de départ des campagnes militaires contre les Parthes, Pétra se dote d’infrastructures romaines. Son intégration à l’empire romain détourne une partie des flux commerciaux. Au fil des siècles les caravanes transitant par Pétra se raréfient.

Au IVe siècle, Pétra intègre l’Empire romain d’Orient. Un évêque est nommé dans la cité. La diffusion du christianisme se double de l’édification d’églises. La grande « Tombe de l’urne » est transformée en cathédrale. En 363, un violent séisme endommage plusieurs monuments et infrastructures. Les reconstructions ne sont pas réalisées. La ville se vide progressivement de ses habitants. Elle passe sous le giron des Arabes au VIIe siècle. Utilisée comme citadelle lors des croisades, elle sombre peu à peu dans l’oubli. Seuls les bédouins l’occupent encore de manière sporadique. On estime qu’à son apogée la cité abritait 25 000 habitants.

 

D’anciennes rivières ont creusé des failles qui servent de rues. La Khazneh marque l’entrée de la ville. Elle est le monument emblématique de Pétra. Il s’agit d’une sépulture royale. Taillée dans le grès, elle offre une architecture composite influencée par l'art grec. Elle est concomitante de tombeaux et du théâtre. Celui-ci date de l’époque romaine. Le centre se situe quelques centaines de mètres plus loin, avec ses marchés, ses jardins et le temple Qasr el Bint. Avec ses 23 mètres de haut, il est l’un des principaux temples de la cité. C'est une des rares structures construites plutôt que creusées dans la roche. Des tombeaux se dressent à l’Ouest, ainsi que le Deir. C’est un ancien oratoire dédié au roi divinisé Obodas Ier. Au IVe siècle, les chrétiens le convertissent en monastère. Le massif d’Umm el-Biyara renferme de nombreux aménagements hydrauliques et des citernes.

 

L’architecture nabatéenne intègre des éléments hellénistiques tant dans les formes que dans les motifs. Pendant la période byzantine, les églises sont bâties en granit et décorée de marbre.

Les quartiers d'habitations taillées dans la roche offrent une architecture simple et davantage dans le style arabe. Les façades sont dépourvues de fenêtres. L’habitat s’organise autour d’une petite cour intérieure. Des colonnes séparent les différentes espaces. Les toits des habitations sont plats. Les cuisines sont situées dans un bâtiment éloigné afin d’éviter les incendies. Les riches demeures possèdent des murs aux couleurs vives, des mosaïques et des sols dallés.

 

En 1812, l’explorateur suisse Jean-Louis Burckhardt redécouvre le site. Il s’agit bien d’une redécouverte, car les habitants des villages voisins ont continué de fréquenter et d’entretenir certaines parties de l’ancienne ville. En 1828, une première mission archéologique française se rend sur place. Jusqu’au début du XXe siècle, de nombreux archéologues, géographes, assyriologues, et biblistes étudient le site. A l’aube de la Première guerre mondiale, seuls les Allemands peuvent y accéder. Les missions s’attèlent à la protection des monuments. Dès que la Jordanie passe sous mandat britannique, les recherches reprennent. Les communautés locales bédouines participent à la préservation du site de Pétra et au tourisme, via des accords cadre entre le gouvernement jordanien et elles. Ainsi, le Petra National Trust intègre les bédouins dans l’économie touristique de Pétra en tant que guides, artisans ou commerçants. Ils montrent leur culture aux visiteurs.

Depuis 1985, l’UNESCO finance la restauration du site. Le manque de protection végétale, l'extension de l'agglomération voisine et la fréquentation touristique menacent sa conservation de Pétra. Il convient d’ajouter les crues, les tremblements de terre et l’érosion des sols, qui endommagent les bâtiments.

 

Classée parmi les sept nouvelles merveilles du monde, Pétra est le site le plus visité de Jordanie. Elle accueille jusqu’à 600.000 visiteurs par an. Néanmoins, l'instabilité politique de la région entraine une baisse de la fréquentation touristique et, par conséquent, une perte de revenus importantes pour les communautés bédouines. Pétra est également le lieu de livres et de films : telles Rendez-vous avec la mort d’Agatha Christie, Coke en Stock d’Hergé, Indiana Jones et la dernière croisade, Mortal Kombat 2, Le Retour de la Momie, Transformers 2.

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