Le commerce maritime européen
Les échanges maritimes sont
intenses depuis la plus haute antiquité. La Rome antique compte un million
d’habitants. La ville importe de grandes quantités de provisions venant de tout
l’empire. Les marchandises transitent via le port d’Ostie. L’expansion
économique de l’empire romain entraine le développement de grands ports, tel
celui d’Arles sur le Rhône. Le fleuve constitue une artère primordiale dans les
échanges commerciaux de l’Occident romain.
Les amphores sont les contenants
les plus utilisés et les seuls parvenus jusqu’à nous. Le temps a détruit les
sacs, ballots et autres tonneaux. Certains navires sont conçus expressément
pour transporter de grandes jarres appelées dolia.
Les archéologues découvrent de nombreuses épaves chargées d’amphores. Selon le
type de navire, le nombre d’amphores varie de plusieurs centaines à quelques
milliers. Leurs formes et leurs dimensions dépendent des produits
transportés : vin, huile, dattes, garum (sauce à base de poisson). Les
cols d’amphore retrouvés dans les épaves comportent des marques peintes. Elles
précisent le poids, le type de produit transporté, les noms du marchand, du
producteur et/ou du domaine et parfois une date. Un morceau de cire indique le
port d’embarquement et valide le contrôle douanier, car il existe des taxes sur
les marchandises.
Deux zones de commerce maritime
existent à l’époque médiévale. En Méditerranée, Gênes et Venise tirent leur
richesse du commerce avec l’Orient depuis le XIIe siècle. Les Italiens amènent
dans leurs navires des épices et de la soie. Au Nord, la Hanse contrôle le commerce
dans la Mer du
Nord et la Mer
baltique. Il s’agit d’une association de villes marchandes tirant profit du
commerce des produits se trouvant dans leur territoire : bois, poissons,
peaux. En échange, les navires de la
Hanse ramènent du vin, du sel et des épices. Les Flandres,
dont la ville de Bruges, constituent le point de rencontre des navires de la Hanse et des Italiens. La
région tire profit de cette situation et développe le commerce des textiles. En
France, il est possible de citer la baie de Bourgneuf en Bretagne. La région
tire sa prospérité du commerce du sel issu des marais salants. C’est un élément
indispensable à la conservation des aliments.
L’Époque moderne voit de nouvelles
routes commerciales maritimes s’ouvrir vers les Amériques, les Antilles et
l’Asie. Les Européens importent des produits ne pouvant pas être cultivés sur
leur continent. En 1664, Colbert fonde la Compagnie des Indes basée à Lorient. Elle nait de
l’engouement de l’aristocratie et de la bourgeoisie pour les épices, le café,
le sucre de canne, le thé et le cacao. Les liaisons prennent du temps. Une
traversée aller-retour de la
France en Chine met vingt mois. Les navires sont remplis à
ras bord de marchandises de diverses natures. Les sacs de toile côtoient les
ballots de porcelaine et de coton. Les navires transportent de véritables
fortunes. La perte d’un navire en mer est une catastrophe économique.
Au XIXe siècle, la zone de
commerce maritime européenne s’élargit à l’Océan pacifique, à l’Australie et à
la Nouvelle-Zélande. Les avancées technologiques raccourcissent les durées. Le
canal de Suez, percé en 1869, permet de rejoindre l’Asie sans contourner
l’Afrique. Puis en 1914, le canal de Panama fait la jonction entre l’Atlantique
et le Pacifique.
Les voiliers deviennent plus
performants et plus rapides. Les clippers sont créés pour convoyer le plus
rapidement possible des denrées périssables. Ils possèdent des dimensions
plutôt fines, entre 60 et 70
mètres , et une voilure importante leur permettant
d’atteindre une vitesse moyenne de 9 nœuds. Leur structure les rend très
manœuvrable. D’abord en bois, les constructeurs les dotent peu à peu de
structures métalliques. A la fin du XIXe siècle, les clippers et les voiliers
laissent la place aux machines à vapeur et à hélice. Le réseau
d’approvisionnement en charbon est maintenant opérationnel à l’échelle
mondiale. A la fin du XIXe siècle, certaines compagnies maritimes pratiquent le
« tramping », vagabondage en anglais. Cette méthode consiste à
n’appareiller qu’une fois plein. A la différence des lignes régulières, il n’y
a ni horaires, ni itinéraires précis.
Les ports normands constituent
l’interface pour le commerce avec les Amériques. Le port du Havre connait de
profondes mutations. Des docks entrepôts sont construits sur les quais du
bassin Vauban. Ils remplacent les magasins dispersés en ville. Des grues
mécaniques, des canaux, le chemin de fer, facilitent le transfert des
marchandises vers les zones de stockage ou pour l’expédition. L’essor du trafic
entraine une hausse de la main d’œuvre. Le travail restant en grande partie
manuel, il faut un nombre important de dockers pour charger, décharger, peser
et compter. En France, la loi du 6 septembre 1947 donne un statut aux dockers
et leur garantit une rémunération les jours d’inemploi. Avec la crise de 1929,
la marine marchande française connait un relatif déclin et se replie sur le
marché colonial. Des lignes commerciales partent de Marseille pour l’Afrique du
Nord. La Métropole
exporte du ciment, du sucre, des engrais, des produits manufacturés et importe
des minerais, du phosphate, des moutons, des fruits, du vin.
Après 1945, le développement
industriel du Japon, puis de l’Asie du Sud-est conduit à l’augmentation du
nombre de navires marchands de ces pays. En 1956, l’entrepreneur américain
Malcolm Mac Lean invente des boites standardisées identiques à la remorque d’un
camion. Les conteneurs s’empilent parfaitement les uns sur les autres dans les
cales et sur les ponts des navires. Dorénavant, le chargement dure simplement
quelques heures. Des navires spécialisés (vraquiers, bananiers, pétroliers)
sont construits. Les conteneurs ont été adaptés pour transporter des
marchandises variées. Ainsi, il existe des conteneurs citernes et des
conteneurs réfrigérés.
De nos jours, les portes
conteneurs acheminent plus de 80% des marchandises. Le plus grand navire en
circulation peut accueillir 18.000 conteneurs. Toutefois, la taille de ces
navires est limitée par celle des détroits et canaux qu’ils empruntent. Le
trafic maritime demeure le plus rentable. Il ne faut que 56 jours pour rallier la Chine à partir de la France.
Sources
Texte :
De l’amphore au conteneur, exposition
du Musée National de la Marine ,
Paris, du 15 octobre 2014 au 28 juin 2015.
Image : demeglobe.com
Le MSC Pamela est l'un des plus
gros porte conteneur au monde. Il mesure 321 mètres de long pour 45 mètres de large. Il
atteint une vitesse de 25 nœuds.
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