Entre conte et réalité, il n’y a qu’un pas. Ou plutôt un vol de chasse-souris. Telle est l’histoire véridique d’un Prince roumain du XVe siècle qui sauva l’Europe de l’envahissement ottoman.
À la lueur pâle de la lune, les rues pavées de Sighișoara bruissaient d'histoires et de secrets. En son cœur se trouvait la demeure d'un jeune prince né en 1431, Vlad, fils du mystérieux Vlad II Dracul ou Drăculea, ce chevalier de l'Ordre du Dragon. Les ombres du palais ottoman avaient jadis enveloppé ce jeune prince, où son père, pour des promesses d'allégeance, l'avait confié comme otage. Là, il apprit à détester ces geôlier turcs, ces musulmans qui voulaient envahir sa contrée natale ainsi que toute l’Europe chrétienne.
Lorsque les vents d'automne charrièrent les nouvelles de la trahison des boyards, ces nobles orthodoxes de l’est, qui avaient froidement ôté la vie à son père et à son frère, quelque chose changea irrémédiablement en Vlad. De retour sur le trône de Valachie en 1456, une rage froide l'habitait. Ceux qui avaient osé défier sa famille allaient goûter au métal acéré de sa vengeance. Les terres transylvaniennes furent témoins des horreurs de son courroux, et les échos de ses victimes, empalées sans distinction d'âge ou de sexe, hantèrent la région. Il gagna alors un titre sinistre : « Tepes » ou « l’Empaleur ». Il débuta avec les boyards, les asservissants comme de simple ouvriers dans la construction de ses places fortes puis en les empalant quand ceux-ci devenaient récalcitrants ou inutiles. La rumeur veut que le prince dînait allègrement devant ce spectacle, se faisant servir ses mets pendant que les pauvres victimes agonisaient.
Au-delà des montagnes, l'Empire ottoman trônait dans toute sa splendeur. Mais Vlad, ce prince animé par la fureur, ne baissa pas la tête. A partir de 1462 pendant les nuits silencieuses, il orchestrait de nombreuses embuscades, visant le Turcs. Les survivants revenaient traumatisés en décrivant les forêts d'empalés. La terre elle-même semblait pleurer devant tant de cruauté.
En s'approchant de Târgoviște, la cité de Vlad, les Ottomans découvrirent une vision d'apocalypse : « la Forêt de Pals » des milliers de leurs frères empalés, exposés comme un trophée macabre. Face à cette horreur, même le sultan Mehmet II, le maître des terres orientales, s'inclina. Il murmura que seul un véritable démon pouvait commettre de tels actes. L'horreur le poussant à rebrousser chemin, il retourna en Asie entraînant avec lui son armée et la sordide réputation de son ennemi.
En 1476, la danse mortelle entre Vlad et les Ottomans s'achève. Le prince trouve la mort, mais son lieu de repos demeure un mystère que seul le vent roumain connaît.
Des siècles plus tard, une plume britannique, celle de Bram Stoker, dessina les contours d'un être nocturne, le comte Dracula. Ce seigneur vampire, niché au sommet des Carpates, semblait avoir puisé dans l'aura du feu prince Vlad III Drăculea, un nom évoquant à la fois le dragon et le diable. Dans ce château solitaire, parmi les loups et les chauves-souris, le comte, doté de dents acérées et d'un esprit vif, régnait. Il changeait de forme, ensorcelait les esprits et avait une soif insatiable de sang humain.
Les légendes ont le pouvoir de transformer les hommes en monstres, et les monstres en légendes.
Le film de Coppola est extraordinaire !
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