Tiron : L'esclave devenu scribe qui a immortalisé Cicéron
Il est des anonymes, des oubliés, qui ont raconté une époque charnière de l’histoire mais aussi celle d’hommes illustres qui sont eux restés célèbres. Telle est la vie de Marcus Tullius Tiro, ou plus communément nommé Tiron (vers 103 av. – 4 ap.). Homme de l’ombre, il est le secrétaire particulier de Marcus Tullius Cicero, plus connu sous le nom de Cicéron, sans doute l’homme politique le plus intègre, le plus intelligent et le plus cultivé que l’humanité ait engendré. Et pourtant, sans Tiron, Cicéron nous apparaitrait aujourd’hui tout au plus comme un obscur homme politique de l’époque romaine, comme il y en eut tant d’autres.
Né esclave à Arpinum, Tiron voue sa vie à Cicéron dont il est de trois ans le cadet. Très tôt, il doit accompagner un maître pour qui le grec, la philosophie, la rhétorique et la politique n’ont aucun secret et qui possède un des esprits les plus brillants de sa génération. Disciple des écrits de Platon et d’Aristote, Cicéron ne veut être servi que par un esprit pour le moins rapide et cultivé. C’est ainsi que Tiron, dont les capacités intellectuelles sont tout aussi remarquables que celles de la plupart des Romains libres cultivés, devient à force d’efforts acharnés bien plus qu’un esclave secrétaire, mais un véritable confident, et pour ainsi dire un ami intime.
Cicéron, de peur d’oublier ou bien d’omettre une information importante, désire que tout lui soit consigné par écrit. Devenu homme politique (notamment consul en 63 où il sauve Rome de la guerre civile) et orateur tout aussi reconnu qu’il était craint, Cicéron fait coucher par écrit par son fidèle Tiron, l’ensemble des débats au sénat et surtout ses discours. Intarissable dans ses arguments, imbattable dans un débat, Cicéron peut monopoliser l’attention tant des gens de la plèbe que des sénateurs pendant des heures, hiver comme été. Tiron, qui n’a qu’une main pour écrire, invente alors un système ingénieux d’abréviations - dont le célèbre esperluette (&)- afin de retranscrire plus rapidement et efficacement les paroles de son maître. La postérité retiendra sa méthode sous le nom de notes tironiennes. Grâce à cette méthode constituée de près de 1 100 signes, Tiron parvient à faire tenir en une ligne ce qui prendrait la moitié d’un volumen (rouleau de papyrus). Amélioré après sa mort et utilisé par les moines jusqu’au XIIe siècle, le système abréviatif de Tiron réunit alors pas loin de 13 000 déclinaisons.
Affranchi en 53, Tiron prend alors, selon l'habitude, le praenomen (Marcus) et le nomen (Tullius) de son ancien maître et continue de lui venir en aide comme secrétaire, bien qu’il s’octroie à présent le droit de s’éloigner quelque peu, surtout lorsqu’il a des ennuis de santé dus à son grand âge. Il survit presque quarante ans après l’assassinat de Cicéron - exécuté sous les ordres de Marc Antoine en 43 - pour mourir en paix centenaire.
Ah ! Tiron… Tu as été bien chanceux malgré ta vie d’esclave. Combien d’historiens as-tu fait rêvé par tes écrits ? Car, de tes notes ressortent non seulement la vie de ton maître, mais aussi un siècle de politique romaine et les descriptions d’hommes aux destins fabuleux que tu as côtoyés : Pompée, Crassus, Caton, César, Octave ou encore Marc Antoine. Ils ont fait basculer le plus puissant empire du monde de la République à l’Empire et façonné le monde jusqu’à aujourd’hui. Tiron, tu es de ceux qui n’existent pour personne tellement ton image est perdue dans la légende de Cicéron, et pourtant tu as écrit, toi aussi, l’Histoire.
image: buste de Cicéron
J'ai des doutes sur l'intégrité de Cicéron, ayant appris,dans mon jeune temps(très lointain), qu'il avait défendu un procureur plutôt véreux nommé Verres, pire que Catilina, à ce qu'il paraîtrait...
RépondreSupprimerCicéron a fait condamner Verres et défendu les Siciliens contre ses exactions. Relisez vos anciens cours...
SupprimerCicéron n'est pas encore le "Cicéron" que l'on connaît, lorsque celui-ci s'empare, comme avocat, de l'affaire "Verres". Il entend se faire connaître de Rome en le défendant. Cicéron n'a alors que 36 ans au moment de l'instruction et, comme tout bon avocat, connaît la culpabilité de son client. Ce n'est donc que par opportunisme que Cicéron entend défendre Verres(dans les faits, il n'aura jamais l'occasion de le défendre).
RépondreSupprimerPubliant ses discours, qu'il ne pourra jamais déclamer en public, Cicéron reconnait que sa jeunesse et son ambition auront seules dictées son action qui, heureusement, ne lui porta aucun préjudice!
a lire absolument : imperium de robert harris publié chez plon . vous saurez tout sur tiron/ciceron
RépondreSupprimerIl me semble au contraire que Cicéron ne défendait pas Verres, mais défendait les Siciliens spoliés par lui !! C'est justement à partir de ce procès avorté (après l'audition des témoins, qui accable Verres, celui s'enfuit) que Cicéron se construira une image d'honnête homme.
RépondreSupprimeril est pas mal ce comentaire de tiron mais peut etre pas assez precis
RépondreSupprimerhello **
RépondreSupprimerHello :)
RépondreSupprimer<3<3<3<3<3<3<3<3!!!!!!!
RépondreSupprimerCe site est tres bien !
RépondreSupprimeroui javoue
Supprimer^^
Supprimersa boom ?
RépondreSupprimer:DD
lol
RépondreSupprimerdtfyju
RépondreSupprimerdgnrhhg
RépondreSupprimerVous êtes quand même derangé ...
SupprimerC'est dommage qu'on ne précise pas l'âge ou il est mort ...
RépondreSupprimerJe viens de lire "Imperium" de Robert Harris, il me semble que Cicéron n'a pas défendu Verrès, bien au contraire, il l'a fait exilé..
RépondreSupprimerAu début du procès de Catilina, il voulait le défendre pour ses prochaines elections sénatoriales, mais il ne l'a pas fait d'où les catilinaires.
Il a même eu l'imperium suprême.
Il est mort en 43 avant Jésus Christ assassiné.