L'Empereur HiroHito : Du Culte à la Critique, questionnement sur le Parcours d'un homme voulant être simple
La silhouette de l'empereur du Japon HoroHito est est gravée dans l'esprit du monde entier. C’était l’empereur du Japon pendant la Seconde Guerre Mondiale ! Lorsqu'il avait entamé son voyage à travers l'Europe pendant l’année 1973, l'accueil avait été très mitigé. Les cicatrices laissées par les atrocités commises par ses troupes, d'une cruauté inouïe dépassant parfois même les exactions de la Gestapo, demeuraient fraîches dans la mémoire de certains anciens soldats européens. On les comprend!
Né le 29 avril 1901, HiroHito accède au trône en 1926 en tant que 124e descendant de la déesse du Soleil, Amaterasu. Ce lien de parenté mythique, profondément enraciné dans les croyances japonaises, faisait de lui le membre de la plus ancienne famille régnante du monde, dont l'histoire se perd dans la brume du temps : plus de 2600 ans selon la mythologie, 1500 ans selon les historiens les plus sceptiques.
Avant 1945, son image inspirait une telle vénération que personne n'osait lever les yeux sur lui. Comme les musulmans envers la Mecque, la jeunesse de son pays, éduquée dans le culte quotidien de sa personnalité divine, s'inclinait matin et soir dans la direction du palais impérial de Tokyo. Les plus âgés agissaient de même. En son nom, des centaines de milliers d'hommes ont péri, leur sacrifice teinté d'une joie macabre, espérant lui assurer dix mille années de bonheur...
Regardons-le. Aujourd'hui, la divinité déchue - volonté américaine - se présente à nous, lointain descendant de ceux qui connurent l’horreur de la guerre, comme un homme âgé aux cheveux gris, de petite taille, plutôt mince, aux épaules légèrement voûtées. Il porte des lunettes qui amplifient la myopie de ses yeux très bridés. Son visage est presque sans rides, et sa démarche, un tantinet maladroite. L’ensemble détonne avec sa stature impériale. Sa voix, trop aigüe, mal placée, n'est pas celle d'un orateur. Que de défauts pourrions-nous penser? Mais cela est la vision d’occidentaux car ses atouts sont ailleurs…
Au Japon, les foules n'ont pas besoin de paroles éloquentes. Elles se contentent de la présence silencieuse de leur empereur. Pour la durée de son règne, HiroHito a choisi le nom de « Showa », qui signifie la paix éclairée ou la brillante harmonie, au choix. Pourtant, ce règne soi-disant éclairé a été témoin de nombreuses guerres.
Cet empereur, qui, d'après ce que l'on sait de lui, ne semble ni cruel, ni fanatique assoiffé de sang, a-t-il approuvé les tueries qui se sont déroulées en son nom? A-t-il été « utilisé » ou « abusé » par le clan militaire qui a dicté sa loi au pays? Le général Tojo a-t-il joué de son apparente timidité? Le voile du secret, qui enveloppe tout ce qui touche à la personne impériale, ne permettra probablement jamais de trancher la question. Le peuple japonais, dans son immense majorité, ne cherche pas ou plus à comprendre. Il a aimé et aime son empereur.
En 1945, au lendemain de la capitulation qu'il avait prônée pour mettre fin au massacre, beaucoup d’occidentaux, touchés par la folie japonaise, exigeaient qu'il soit traduit devant le tribunal des criminels de guerre. Cela aurait sans doute déclenché un nouveau conflit dans l'empire, où des millions de fanatiques auraient sacrifié leur vie, causant une hécatombe parmi les occupants américains. HiroHito a fait un geste significatif : il s'est rendu et s'est constitué prisonnier. C'était le 28 septembre 1945, il avait 44 ans et était malade.
Il s'est présenté au général MacArthur... qui lui a serré la main. Cette scène, inoubliable, a marqué la fin des hostilités. Le vainqueur a laissé une description émouvante de ce moment dans ses mémoires. La paix était faite.
Qui est-il au quotidien? L’empereur se lève à 7 heures tous les matins, se rase, s'habille à l'occidentale, regarde les nouvelles à la télévision, déjeune à 8 heures avec son épouse, quitte sa résidence à 9 h 30 pour se rendre au palais ou à son laboratoire car il est aussi scientifique. Là, il poursuit ses recherches sur les hydroides, la faune et la flore marines, sujets sur lesquels il a publié huit volumes qui firent autorité en son temps. Mis à part cela, rien ne semble vraiment l'intéresser. Il préside l'ouverture des sessions de la Diète, reçoit des visiteurs de marque parce qu'il ne peut faire autrement, accueille des ambassadeurs, offre des banquets, assiste à des manifestations, prend le bain rituel, soupe à 18 heures et, le soir, lit le journal et regarde la télévision.
Plus tard, il donna des gages d'ouverture sur le monde mais toujours dans la discrétion. Ne voulant pas ralentir son pays vers l'inéluctable mondialisme prôné par le héraut américain, il calme les ardeurs des nationalistes et prend ses distances avec eux affirmant même que les deux bombes atomiques étaient impossible à éviter.
Rêvait-il de vivre comme un de ses sujets?
L’empereur décèdera le 7 janvier 1989, quelques mois avant l’effritement inéluctable de l’URSS.
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