Jardins suspendus



  Je pense que si jamais un mortel entendait la voix de Dieu, ce serait dans un jardin à la fraîcheur de la journée.
F. Francfort Moore

Localisation : Hilla, (Babylone) Irak

Date : VIe siècle avant JC, disparus de nos jours

Architecte : Inconnu

L’essentiel
Les jardins suspendus sont la plus orientale des sept merveilles du monde antique, la seule qui ne soit ni égyptienne, ni grecque. Ils doivent leur présence sur cette liste mythique à leur grande beauté et à l’exploit technique qu’ils représentent.

Le roi babylonien Nabuchodonosor II ordonne la construction des jardins, afin de faire plaisir à son épouse originaire de Médie. Cette région montagneuse iranienne offre une végétation plus dense que le désert babylonien. Posséder des jardins dans ces régions est un luxe que seuls les rois peuvent se permettre.
Tous les récits ne concordent pas sur la description. Néanmoins, on retrouve des points communs. Les jardins présentent un plan carré de 120m de côté, constitués de plusieurs terrasses superposées. La hauteur demeure inconnue. Des colonnes en pierre ou en brique soutiennent un plafond végétal sur lequel la terre est étalée. Les piliers forment une voûte à leurs points de jonction et permettent de répartir les charges de l’édifice. Le terme « suspendus » ne correspond donc pas à la réalité. Les jardins ne pouvaient pas être suspendus, car leur masse est trop importante. La succession de terrasses conférait un sentiment aérien.  L’entretien des jardins nécessite une quantité importante d’eau, qui est amené par un système d’irrigation, puis de vis actionnées par des hommes. Nous ignorons les espèces qui le composent.

Les chercheurs se demandent si les jardins suspendus ont réellement existé. En effet, les sources littéraires sont sujettes à caution et les traces archéologiques rares pour ne pas dire inexistantes. De plus, nous ignorons les raisons et la date de disparition des jardins. Ces derniers éléments sont surprenants pour un édifice d’une si grande ampleur. Les sources littéraires sont indirectes. Il s'agit de témoignages basés sur d'autres témoignages. Il existe trois sources majeures. Le premier est Flavius Josèphe, historiographe romain du Ier siècle. Il rédige une description des jardins à partir d’un écrit perdu de Bérose, un prêtre chaldéen babylonien du IVe siècle avant JC. Le second est Diodore de Sicile, historien du Ier siècle avant JC qui reprend dans une biographie d'Alexandre le Grand la description des jardins. Le troisième est le géographe Strabon au Ier siècle avant JC. Sa description est une synthèse de plusieurs auteurs grecs et romains, se basant sur des récits oraux. Hérodote, ayant vécu au Ve siècle avant JC, connaissait bien Babylone pour s'y être établit un temps. Or, jamais dans ses écrits, il ne mentionne ces grandioses édifices. Tous les visiteurs de l’époque étaient impressionnés par les immenses remparts de la cité.
Les recherches archéologiques n’ont révélé aucune trace des jardins suspendus. Tout le site de Babylone n’a pas encore été fouillé, même s’il reste peu de possibilité. Les jardins seraient peut-être dans une autre ville. Suite à l’étude d’une fresque représentant des jardins suspendus, l’assyriologue Stéphanie Dalley de l’Université d’Oxford les situe dans la ville de Ninive, capital du royaume assyrien (actuelle Mossoul). Les Assyriens connaissaient les techniques d'irrigation et avaient la capacité de faire des jardins en hauteur. Ils en avaient déjà réalisés, ils savaient comment faire monter l'eau grâce à des vis. Le souvenir des jardins royaux assyriens auraient été "implantés" à Babylone, ville prestigieuse dont on a gardé le souvenir.

Les jardins suspendus de Babylone présentent des caractéristiques identiques à ceux des grands parcs paysagers assyriens et perses, mais leur singularité réside dans l'infrastructure architecturale qui les supporte. Il n'existe rien de tel dans les sources du Proche-Orient, ce qui met en avant deux hypothèses : soit c’est une invention des auteurs antiques, soit c’est vraiment un édifice unique.

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