Une ambassade à Mari
Vers -2500, Mesannépadda, monarque d’Ur, décide de donner un essor plus grand aux échanges avec la cité état de Mari. Pour ce faire, il envoie une ambassade chargée de présents diplomatiques. Parmi les objets précieux sélectionnés, le roi d’Ur ajoute une magnifique perle bleue en lapis-lazuli marquée de son nom. Il la confie à son scribe, Ningirsu, avec un message d’amitié et la mission d’offrir une alliance complète au roi de Mari.
Ningirsu longe l’Euphrate et arrive avec sa caravane en vue de Mari. La cité se dresse comme une oasis fertilisée par les canaux alimentés par les eaux du fleuve. La ville est puissamment fortifiée de remparts de briques crues. Le scribe franchit la porte. A son arrivée, un fonctionnaire royal le prend en charge. Les deux homologues n’ont aucune peine à se comprendre, car les deux langues sont très semblables. En se promenant en ville, Ningirsu constate que Mari ressemble à Ur avec ses rues bien tracées, mais étroites. Les Mariotes habitent dans des maisons en briques crues, alignées le long des rues rectilignes et généralement organisées autour d’une petite cour où est installé la cuisine. Le fonctionnaire mariote commence par lui montrer le temple de la déesse Ninni-Zaza, avec sa galerie des rois. Les deux hommes procèdent à des offrandes.
L’heure de l’audience approche. L’ambassadeur se laisse conduire au palais. C’est une forteresse située au cœur de la ville juste à côté des temples. On y fait pénétrer la caravane sumérienne. Des entrepôts ont été prévus pour recevoir les dons. Seuls les objets les plus précieux sont remis directement au roi. Ningirsu patiente dans la grande cour des hôtes. La porte des appartements royaux s’ouvre enfin. Un groupe de dignitaires du palais précède le monarque reconnaissable à sa longue chevelure nattée. Il porte un diadème autour de la tête avec un double chignon au-dessus de la nuque. Son costume ne diffère pas de celui de son entourage, qui consiste en une large peau de chèvre couvrant tout le bas de son corps.
Sans trainer en longueur, la cérémonie de l’accueil rend hommage au visiteur comme il se doit. A Mari, on apprécie l’efficacité. Ningirsu est invité à pénétrer dans l’enceinte sacrée au cœur du palais. Il traverse plusieurs salles obscures, puis il débouche dans la cour d’un temple où l’on procède à une cérémonie religieuse. Depuis la cour d’honneur du palais, il pénètre ensuite dans la salle du trône qui, elle-même, commande l’accès à une vaste chapelle au fond de laquelle un podium porte le trône royal en face d’une tribune. Les salles d’apparat communiquent avec les communs répartis autour de plusieurs petites cours, ainsi qu’avec les appartements réservés aux hôtes de marque. L’ambassadeur d’Ur y trouve toutes les commodités : salle de bain chauffée par une cheminée, latrines, cuisine. Le roi de Mari tient à montrer toute l’importance qu’il attache à la visite de l’ambassadeur d’Ur en le faisant assister à la mise en place d’un des dépôts de fondation du palais à peine achevé.
La visite du Sumérien sert à resserrer l’alliance entre les deux cités dans un contexte troublé. En effet, le roi d’Ebla se montre menaçant. Souverain redoutable établi au sud d’Alep, il a réussi à réduire en vasselage ses voisins. Il a formé un immense empire. Une entraide sera la bienvenue.
Sources :
Texte : Pierre AMIET : « Mari : un palais forteresse en Mésopotamie », in Les Grands Civilisations disparues, Reader’s Digest, Paris, 1980, Pp 34-43
Image : wikipedia.fr : le roi et ses guerriers, face de la guerre de l’étendard royal d’Ur.
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