Stanislas Leszczyński : Roi de Pologne, Duc de Lorraine et de Bar, beau-père de Louis XV
Stanislas est issu d’une
importante famille de la noblesse polonaise. Il reçoit une éducation à la fois
intellectuellement poussée prodiguée par les jésuites et physiquement rude. La
noblesse polonaise souhaite endurcir le corps et l’esprit. A 21 ans, il épouse
Catherine Opalinska, fille d’un grand aristocrate polonais. Le couple a deux
filles Anne et Marie.
Un roi exilé
Au début du XVIIIe siècle, la Pologne d’Auguste II et la Russie de Pierre Ier sont
en guerre contre la Suède
de Charles XII. Les Suédois repoussent les Russes et envahissent la Pologne. Suite à la défaite de
Fraustadt en 1706, Auguste II est obligé d’abdiquer. La diète se réunit et élit
Stanislas au trône de Pologne. Stanislas Ier et Charles XII se connaissent et
s’apprécient. En effet, Stanislas était l’ambassadeur de la Pologne auprès du roi
suédois pour les négociations de paix. En 1709, l’armée suédoise est défaite à
Poltava. Stanislas est chassé de son trône par Auguste II. Contraint à l’exil,
il trouve refuge à la cour du sultan ottoman Ahmet III, également en guerre
contre les Russes. Seulement, la guerre ne dure qu’un temps et la paix est
signée. Stanislas ne se sent plus en sécurité à Istanbul. Il craint que le
Sultan le livre aux Russes. Il quitte le pays.
En 1714, Charles XII donne à
Stanislas le duché de Deux-Ponts en Allemagne. Loin des tumultes de la guerre
et de la diplomatie, il s’adonne aux disciplines intellectuelles (sciences,
littérature, musique, arts). Inspiré par l’architecture ottomane, il construit
un palais baroque aux allures orientales. Il la baptise Tschifflick, ce qui
signifie maison de plaisance en Turc. Sa fille Anne meurt. En 1718, son
protecteur suédois décède à son tour. Les Leszczyński se réfugient chez le duc
de Lorraine Léopold Ier, puis chez le baron de Wissembourg en Alsace, sur les
terres du roi de France. Ils vivent en dessous de leur rang entourés de
quelques fidèles. Stanislas s’ennuie et sa femme Catherine se languit des
fastes de la cour de Pologne.
Mariage royal
A Versailles, il est prévu de marier
le jeune roi Louis XV à une infante d’Espagne. Seulement, le mariage ne peut
avoir lieu dans l’immédiat compte tenu de l’âge précoce de la future épouse.
Elle n’a que six ans. L’inquiétude grandit, car le roi est de santé fragile et
on craint qu’il meure sans descendance. Le conseil du 31 mars 1725 décide de
renvoyer l’Infante à Madrid et de trouver une nouvelle épouse. Après d’âpres
discussions, le conseil opte pour Marie Leszczynska. Elle présente l’avantage
d’avoir 22 ans, d’être catholique et d’une haute lignée. De plus, ce choix ne
fâchera aucune puissance européenne sur le plan diplomatique. La princesse
polonaise s’empresse d’accepter la demande. Le mariage est célébré le 15 août
1725 dans la cathédrale de Strasbourg sans Louis XV. Ils se mettent en route
pour Fontainebleau où le roi les rejoint enfin en octobre. Les relations de
Stanislas avec son gendre sont cordiales, mais froides. Le roi de Pologne
laisse donc sa fille à Versailles et s’installe au château de Chambord. Il
chasse, façonne ses projets de bibliothèque et d’académie et s’adjuge les
services du compositeur parisien Louis Homet.
Guerre de succession de Pologne
Le 1er février 1733,
Auguste II meurt. La diète se divise entre les partisans d’Auguste, fils du
défunt roi et ceux de Stanislas. La
Russie et l’Empereur germanique soutiennent Auguste, tandis
que la France
soutient le beau-père du roi. Le cardinal de Fleury, Premier ministre de Louis
XV, espère ainsi se débarrasser d’un hôte couteux pour les finances royales.
Stanislas, peu enthousiaste à l’idée de devoir une nouvelle fois guerroyer pour
son trône, accepte tout de même de se rendre à la diète. Craignant pour sa vie,
il part secrètement de Brest par la mer, tandis qu’un sosie emprunte la route
officielle à travers l’Empire germanique. Le 12 septembre, il est à nouveau élu
roi de Pologne. Cependant, Auguste III et ses partisans contestent l’élection. Soutenus
par l’armée russe, ils acculent Stanislas et ses Partisans dans Dantzig
(Gdansk). Pour la forme, Louis XV se contente d’envoyer une petite flotte de
2.000 hommes pour secourir Stanislas. A peine a-t-il foulé des pieds la Pologne que le contingent
est réduit à néant. Stanislas sait qu’il sera exécuté dès que la ville tombera.
Le 27 juin, avec l’aide du chevalier de Béla, un espion français, il s’échappe
déguisé en marchand et gagne le château de Königsberg où le roi de Prusse
l’accueille. Sans adversaire, Auguste III se fait élire roi. Le 30 septembre
1737, Stanislas abdique officiellement.
Duc de Lorraine et de Bar
Tandis que Stanislas s’installe à
Meudon, l’empereur Charles VI souhaite négocier la paix. La France lorgne sur les
duchés de Lorraine et de Bar qui empêchent la jonction avec l’Alsace devenue
française. Au final, ses duchés reviendront à la France à la mort du duc
François III et en compensation son fils recevra le duché de Toscane.
Louis XV donne à Stanislas les
duchés de Lorraine et de Bar, mais le contraint à signer une déclaration dans
laquelle il s’engage à laisser l’administration des finances et des revenus au
représentant du roi de France. De plus, l’intendant en charge de la police et
de la justice devra recevoir l’approbation du roi. Ce dernier, Antoine-Martin
Chaumont de la Galaizière, prend possession du duché au
nom de Stanislas le 8 février 1737. L’accueil des Nancéiens est glacial et
Stanislas préfère emménager à Lunéville.
Le nouveau duc n’a pas beaucoup
de pouvoir, mais jouit de revenus confortables. Aussi, il souhaite rayonner par
la culture et l’architecture. Il réunit autour de lui de nombreux artistes et
lettrés. Il fonde la Bibliothèque royale et l’Académie de Nancy, dont
le but est de diffuser les connaissances et promouvoir la langue française. Il
finance des écoles, des hôpitaux et des bibliothèques. Avec les conseils de
Voltaire, il rédige plusieurs essais philosophiques et politiques tel que Le Combat de la volonté et de la raison et
Entretien d’un Européen avec un insulaire
du royaume de Dumocala.
Stanislas embellit la ville de
Nancy. En 1757, il inaugure la place Stanislas construite par l’architecte
Emmanuel Héré. Elle réunit la vieille ville à la ville neuve. Des immeubles et
des grilles dorées, œuvres de Jean Lamour, l’entourent. Une statue de Louis XV trône
au centre jusqu’à la Révolution. En
1831, la ville installe à l’emplacement laissé vide une statue de Stanislas. Il
finance également la construction de l’église Notre-Dame de Bonsecours, l’hôtel
des Missions royales, les places d’Alliance et de la Carrière , la pépinière et
les portes Saint-Stanislas et Sainte-Catherine.
Stanislas aménage plusieurs
résidences royales, Commercy, La
Malgrange , Jolivet, Einville, et surtout Lunéville. Emmanuel
Héré et le duc ornent le château de kiosques aux architectures exotiques :
un kiosque turc, le pavillon du Trèfle au toit en forme de chapeau chinois, des
théâtres de verdures, des cascades et un rocher avec des automates. La renommée
du château de Lunéville dépasse les frontières du duché. Il est surnommé le
Versailles lorrain.
Le 5 février 1766, la robe de
chambre du duc s’embrase au moment où il ravivait les braises de sa cheminée.
Grièvement brûlé et déjà très malade, Stanislas meurt dans son château de
Lunéville le 23 février à l’âge de 88 ans. Il est inhumé dans l’église Notre-Dame
de Bonsecours à Nancy.
Sources
Texte : ROSSINOT
André, Stanislas : Le roi philosophe, La Flèche , Michel Lafon, 1999,
302p.
Image : http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0017/m502004_96de19414_p.jpg
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