L'Europe se partage l'Afrique à Berlin
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En 1878, la Belgique crée l’Association internationale du Congo dont les objectifs sont de développer le commerce et d’apporter la civilisation dans la région. L’explorateur Henry Stanley est chargé par Léopold II d’y établir un Etat au nom de l’association. Le Portugal qui revendique également la région en rappelant des accords passés avec l’empire Kongo, conçoit alors l’idée d’une conférence internationale pour le partage de cette région. Le projet est concrétisé par Bismarck, qui souhaite affirmer le rôle de l’Allemagne sur la scène internationale. La conférence débute le 14 novembre 1884, sans aucun représentant africain.
Suite au refus de la France et du Royaume Uni de débattre sur les vallées du Sénégal et du Niger, la conférence porte principalement sur le fleuve Congo. Chaque nation y défend ses prérogatives.
La Belgique souhaite créer une zone de libre échange placée sous l’autorité de l’Association internationale du Congo. Léopold II espère que la zone devienne à terme un Etat sous protectorat belge. La Belgique propose de construire une série de camps fortifiés le long du fleuve. Ces derniers sont destinés à accueillir et protéger les marchands et scientifiques européens. Les Etats-Unis soutiennent le projet. Bismarck y est favorable, mais doit faire face aux nationalistes souhaitant voir l’Allemagne se doter d’un vaste empire colonial.
La France est très attentive aux frontières de cette région. Elle craint que la zone empiète sur le bassin du Gabon, lui appartenant. De plus, la France souhaite conserver le territoire conquis par Brazza sur la rive droite du fleuve. Or Stanley a reçu l’ordre de Léopold II de convaincre la conférence d’élargir au maximum les limites de la zone. Pour ce faire, il met en avant les difficultés à naviguer sur le Congo. Il propose de bifurquer sur le fleuve Ogooué dans la vallée du Gabon. C’est une solution moins couteuse que de construire un chemin de fer. Stanley essuie systématiquement un refus de la part des Français. De leur côté, les Etats-Unis souhaitent l’étendre à l’Est jusqu’à l’Océan Indien, ce qui reviendrait à toucher aux possessions portugaises.
La conférence présente un ordre du jour plus important que la simple question congolaise. On y parle de la liberté de navigation et de commerce, ainsi que des modalités d’installation sur les côtes. Toute puissance européenne installée sur la côte peut étendre sa domination vers l'intérieur jusqu'à rencontrer une sphère d'influence voisine. Mais le traité exclut le principe de l'hinterland, qui permet l'annexion automatique de l'arrière-pays par un État maîtrisant son littoral.
La question du salut des populations indigènes est également abordée. Le problème de l’alcool est mis en avant. L’Africain est incapable de résister à ce fléau. La Belgique souhaite interdire le commerce de l’alcool dans la zone. L’Espagne et le Portugal abordent la question de l’esclavage. Les deux nations veulent interdire tous les instruments favorisant cette pratique tels que les chaînes ou les fouets. Si tous les Etats présents sont d’accord sur le fond, aucune décision n’est prise et la question demeure en suspens. La conférence se contentant de rappeler l’interdiction de la traite et le devoir des nations de lutter contre ce phénomène.
La conférence se termine le 23 février 1885. L’acte final définit des zones de libre-échange dans le bassin du Congo. Il proclame la liberté de navigation sur les fleuves Niger et Congo. Il arrête aussi quelques principes humanitaires contre la traite des esclaves ainsi que sur le commerce de l'alcool et des armes à feu. Le grand vainqueur de la conférence est sans nul doute la Belgique, puisque la conférence reconnaît à Léopold II la possession d'un vaste territoire au cœur de l'Afrique noire, qui deviendra l’État indépendant du Congo. La France a réussi à sauvegarder les territoires de Brazza. Le Royaume Uni garde la main sur le delta du Niger. La conférence stipule qu’il ne peut y avoir annexion que par l'occupation effective du terrain et que les traités conclus avec les populations indigènes doivent être notifiés aux autres nations colonisatrices. Cette stipulation constitue un point d’appui pour les futures conquêtes coloniales.
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