Sarah Edmonds : l’espionne canadienne au service de l’Union
Sarah
Edmonds naît en décembre 1841 au Nouveau-Brunswick. Elle est la plus jeune des
six enfants d’Isaac et Elizabeth Edmondson tous deux agriculteurs. Sarah
apprend l’équitation, la chasse et quelques rudiments de médecine. La lecture
du roman de Maturin Ballou, intitulé Fanny
Campbell, la femme capitaine pirate, lui donne des rêves d’aventures. Agée
de 17 ans, elle fuit le domicile, afin d’éviter un mariage arrangé par son père
avec un homme plus âgé qu’elle.
Craignant
qu’on ne la recherche, elle endosse une nouvelle identité. Elle se coupe les
cheveux, se fait retirer son grain de beauté sur la joue et se travestit en
homme. Elle devient Franklin Thompson voyageur de commerce pour un imprimeur.
Grâce à son travail, elle obtient une promotion et déménage à Flint dans le
Michigan.
Anti-esclavagiste
et profondément chrétienne, elle décide de rejoindre les rangs de l’Union
lorsqu’éclate la guerre civile. Elle intègre le corps des infirmiers grâce à
ses connaissances en médecine et participe à la première bataille du Bull Run.
Ensuite, elle est affectée à l’hôpital d’Alexandria en Virginie. En mars 1862, elle
devient postière lors de la campagne de la Péninsule.
Le mois
suivant, les Confédérés démantèlent un réseau d’espions. George McClellan a
besoin de nouveaux volontaires pour des missions d’espionnage. Le colonel Poe
recommande alors Franklin Thompson au général. Reçue par des officiers du haut
commandement, on évalue ses aptitudes. Répondant aux attentes de ses
interlocuteurs, elle est envoyée en mission d’empoissonnage dans la péninsule
de Virginie. Sarah Edmonds décide de se faire passer pour un esclave noir, afin
de traverser les lignes ennemies. Elle utilise du nitrate d’argent pour se
teindre la peau en noir. Elle revêt une perruque et des vêtements modestes. Elle
porte aussi le déguisement d’une marchande ambulante irlandaise, d’un soldat
confédéré et d’une lavandière noire. Ce dernier déguisement lui permet de
récupérer des documents dans les poches des officiers sudistes.
En avril
1863, elle contracte la malaria. Afin d’éviter que son secret ne soit ébruité,
elle se fait soigner dans un hôpital privé sous le nom d’Emma Edmonds. A sa
sortie de l’hôpital, elle apprend que Franklin Thompson est recherché pour
désertion. Risquant le peloton d’exécution, elle abandonne cette identité. Gardant
le nom d’Emma Edmonds, elle travaille dans un hôpital militaire de Washington,
jusqu’à la fin de la guerre.
Après la
guerre, Sarah Edmonds épouse Linus Seelye, un mécanicien, originaire lui aussi
du Nouveau-Brunswick. Le couple achète une ferme au Texas. Dans les années
1870, elle mène une campagne pour faire reconnaitre ses droits de soldat et à
faire abandonner la condamnation de désertion à l’encontre de Franklin Thompson.
Elle obtient gain de cause et une pension d’ancienne combattante de douze
dollars par mois. En 1897, elle est admise au sein de l’association des
vétérans nordistes. Elle décède le 5 septembre 1898 et est inhumée à Houston.
En 1865,
Sarah Edmonds publie ses mémoires de guerre sous le titre Infirmier et espion dans l’armée de l’Union. Cet ouvrage servant à
établir sa biographie est pris par précaution par les historiens. Il est prouvé
qu’elle mélange réalité historique et fiction. Les sources prouvent bien
l’existence d’un soldat nommé Frank Thompson ayant servi comme infirmier et
postier durant la guerre. Des témoignages de soldats et d’officiers ont
remarqué son allure efféminée. Le soldat Jérôme Robbins, proche de Frank
Thompson, relate dans son journal que son camarade est en réalité une femme
déguisée.
Les seules sources permettant de certifier des
activités d’espionnage de Sarah Edmonds sont une note du général John Robertson
et les registres de campagne. La première stipule : « Thompson était
régulièrement utilisé comme espion. Il se rendait en zone ennemie et était souvent
absent pour plusieurs semaines. On rapporte qu’il a été une précieuse source
d’informations. ». Les seconds montrent que Thompson est absent du décompte des
troupes pendant les périodes correspondant aux dates où elle aurait été en
mission d’espionnage. Le service d’espionnage américain n’est pas encore
formalisé à cette époque. Les généraux engagent leurs propres espions
personnels et leurs activités ne sont pas mentionnées.
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