La bataille de Chancellorsville
Après la bataille de
Fredericksburg, les deux belligérants décident d'attendre que l'hiver se
termine. Les Sudistes érigent un système de tranchées tout autour de
Fredericksburg. Pendant ce temps, James Longstreet redescend dans le sud de la Virginie pour contrer les
incursions nordistes et assurer le ravitaillement. Au début du printemps 1863,
les préliminaires au combat se remettent en route : préparation des hôpitaux,
inspection des armées, ferrage des chevaux, ravitaillement en armes et en
munitions, distributions des rations .... Joseph Hooker, nouvellement nommé à
la tête de l'armée du Potomac, améliore l'ordinaire des soldats, nettoie les
camps et les hôpitaux, accorde des permissions, crée des écussons pour chaque
correspondance. Il réorganise complètement la cavalerie sur le modèle
confédéré. Le moral de l'armée remonte.
Joseph Hooker dirige une armée
forte de 125.000 hommes. De son côté, Robert Lee en dispose de la moitié. Le
général nordiste entend contourner son adversaire et le forcer à sortir de sa
forteresse. Il divise son armée pour occuper l'ensemble des gués sur la Rappahannock et
couper les voies de communication. Au 1er mai, il stoppe son mouvement de
tenaille et installe ses quartiers à Chancellorsville. Il s'agit est d'une
vaste demeure située à quinze kilomètres à l'ouest de Fredericksburg au milieu
d'une épaisse forêt appelée la forêt sauvage (The Wilderness). Les Confédérés
se lancent à sa rencontre. Hooker est ravi de voir Lee quitter Fredericksburg,
même s'il aurait préféré que Lee s'en aille sans livrer bataille. Il envoie
John Sedgwick prendre Fredericksburg. Ce dernier se heurte aux hommes de Jul
Early dissimulés dans leurs tranchées.
Lors de la bataille, Lee surprend
Hooker en faisant des manœuvres impensables dans les stratégies militaires de
l'époque : il divise son armée pourtant inférieure en nombre, il lance l'assaut
contre un ennemi en ordre de bataille. Le 3 mai, Thomas Jackson attaque le
flanc droit des Nordistes qui stationnent dans une plaine. Parti à l'aube, il
contourne largement et les attaque en fin d'après-midi, alors que les soldats
bivouaquent. Les tuniques bleues se réfugient dans la forêt. Jackson les prend
en chasse. Il abandonne les poursuites lorsque la nuit tombe. Alors qu'il rentre
au camp, des Confédérés le prennent pour un ennemi dans la pénombre. Jackson
reçoit trois balles, une dans chaque main et une dans l'humérus gauche. Après
bien des détours, ses hommes réussissent à l'emmener à l'hôpital. Le médecin
lui ampute le bras gauche avant d'être évacué vers les lignes arrières. Il
meurt le 10 mai des suites d'une pneumonie. Hooker, déstabilisé par l'attaque
surprise de Jackson, préfère renforcer ses défenses au lieu de lancer
l'offensive. Il se barricade dans Chancellorsville. Laissé libre, Lee
s'empresse d'occuper les collines avoisinantes pour déployer son artillerie.
Les boulets pleuvent sur la ville. L'un d'eux détruit un pan du mur du quartier
général de Hooker le projetant à terre. Le 5 mai, Hooker ordonne la retraite. L'armée
fédérale se fraye un chemin et retraverse la Rappahonnock. Lee
profite de la retraite de Hooker pour prendre Sedgwick à revers et sauver
Early. Sedgwick voyant qu'Hooker n'intervient pas, quitte les lieux. L'armée
fédérale déplore la perte de 17.000 hommes et soit 15% de son effectif, quant à
la Confédération ,
elle perd 13.000 hommes soit 22% de ses effectifs.
Les forces de Hooker étaient
supérieures à celles de Lee, qui de surcroit s'était affaibli en divisant son
armée face à l'ennemi. Cependant Hooker a mal exploité ses avantages par son
incapacité à comprendre les mouvements de son adversaire et par son manque
d'assurance. Il justifie sa défaite en prétextant qu'il ne souhaitait pas
sacrifier inutilement la vie de ses hommes comme à Fredericksburg. Apprenant la
défaite, Lincoln se porte à la rencontre de Hooker, afin de connaître ses plans
pour la suite. Devant les réponses évasives du général, le Président lui
ordonne de camper sur ses positions. L'Etat-major réclame sa démission. Pendant
ce temps, Lee retourne à Richmond pour convaincre Jefferson Davis de porter à
nouveau la guerre dans le Nord.
La victoire de Chancellorsville
engendre un excès de confiance au sein de la Confédération. Les
Yankees sont perçus comme des pleutres et des faibles faciles à battre. Les
Sudistes méprisent l'adversaire. Ils se persuadent que leurs soldats sont
invincibles. Dans le Nord, le moral est au plus bas. En Virginie Lee a remporté
victoires sur victoires, à l'Ouest Grant bute depuis des mois sur les murs de
Vicksburg, au centre la situation n'a guère évoluée. Par ailleurs, la marine
butte sur les défenses du port de Charleston défendu par Gustave Beauregard.
Sources
Texte :
- Mc PHERSON. James, La Guerre de Sécession, Robert Laffont, Paris,
1991, 952p.
- KEEGAN John, La Guerre de Sécession, Perrin, Paris, 2013
Image : Bataille
de Chancellorsville par Kurz and Allison, Wikipédia.fr
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