L'Affaire du Trent : Le Royaume-Uni va t-il déclarer la guerre aux Etats-Unis ?
Le 8 novembre 1861 au nord de
Cuba, un navire de la marine fédérale l’USS San Jacinto, indique par signaux
lumineux au RMS Trent de stopper. Devant le refus d’obéir du paquebot
britannique, le capitaine Charles Wilkes fait tirer le canon, forçant le navire
à s’arrêter. Wilkes a été informé que deux représentants sudistes, James Mason
et John Slidell, ont embarqué à bord du RMS Trent à La Havane pour se rendre à
Southampton. Les deux hommes ont forcé le blocus le 12 octobre dernier, avec pour
mission la reconnaissance de la Confédération auprès des gouvernements
britanniques et français. Les Nordistes arrêtent les deux Sudistes, malgré les
protestations du capitaine du RMS Trent qui rappelle que son navire est neutre.
Dès son retour
aux Etats-Unis, le secrétaire d’Etat à la Marine , Giddeon Welles félicite Charles Wilkes, la Chambre des représentants lui décerne une
médaille pour sa conduite avisée et patriotique et la
Top Society de Boston l’invite à un
banquet. Cependant, le président Lincoln et le secrétaire d’Etat à la Guerre , William Seward ne
font aucun commentaire. Wilkes n’est guère apprécié ni par ses supérieurs, ni par
ses hommes. C’est un officier très autoritaire et borné. Lincoln et Seward sont
conscients que l’arraisonnement du RMS Trent est une violation de la liberté
maritime. De plus, ils craignent des retombées diplomatiques, car le
Royaume-Uni, première puissance mondiale, ne laissera pas un tel affront
impuni. Le président du Comité des Affaires étrangères du Congrès résume bien
la peur de l’Administration en déclarant que « s'il n'en avait tenu qu'à
moi, j’aurais bien forcé Wilkes à ramener lui-même ses prises en
Angleterre ».
Le 27 novembre 1861, le
témoignage du capitaine du RMS Trent dans la presse émeut l’opinion publique
britannique. Le ministre des Affaires Etrangères rédige une lettre à son
homologue américain exigeant des excuses et une réparation officielle en
brandissant la menace d’une déclaration de guerre. Dans le même temps, un
contingent militaire au Canada est envoyé. Néanmoins, le Royaume-Uni n’a pas
envie de se lancer dans une guerre outre-Atlantique, qui s’avèrerait complexe
et coûteuse en hommes et en navires juste pour laver son honneur. Le
gouvernement a d’autres sujets de préoccupations : le gros de l’armée
britannique est occupé en Inde, les défenses canadiennes restent à développer
et des mouvements indépendantistes agitent l’Irlande. Ainsi, la reine Victoria
ne souhaite pas pousser à bout le président Lincoln. Elle réécrit le courrier
en adoucissant les termes et en appuyant sur le fait que le capitaine Wilkes n’a
pas pu agir sur ordre du président.
« Une seule guerre à la
fois », dit Lincoln, qui ne souhaite pas rentrer en
conflit avec le Royaume-Uni de peur d’être écrasé sur deux fronts et de voir la Confédération reconnue comme Etat par les puissances européennes. De plus, le Nord se fournit en salpêtre nécessaire pour la constitution de poudre, dans les colonies britanniques. Au même moment, une importante cargaison est sur le point de partir d’Angleterre. Il ne faudrait pas que l’approvisionnement s’interrompe ou prenne du retard.
Le 27 décembre 1861, Washington
transmet à Londres l’annonce de la libération des deux émissaires sudistes sans
pour autant s’excuser. James Mason et John Slidell débarquent à Liverpool le 10
janvier 1862 dans l’indifférence générale. Malgré leurs efforts, ils ne
parviennent pas à obtenir la reconnaissance officielle de la Confédération et la
prise de position du Royaume-Uni. La libération engendre un climat de confiance
entre les gouvernements britannique et américain. De nombreux hommes politiques
britanniques pensent que Seward est un homme agressif n’hésitant pas à déclarer
la guerre au besoin. Il a prouvé qu’il n’en était rien. Quant au capitaine
Wilkes, il demeure en poste, non sans se faire remarquer à nouveau pour
comportements brutaux.
Les spécialistes s’amusent à
savoir ce qui aurait pu se passer si le Royaume-Uni avait déclaré la guerre aux
Etats-Unis. Deux scénarios existent : soit le Nord n’aurait pu mener deux guerres
en simultané, ce qui aurait abouti au maintien de la Confédération comme Etat indépendant, soit le
Nord et le Sud se seraient unis pour farce face à nouveau aux Britanniques dans
une sorte de nouvelle guerre d’indépendance.
Sources
Texte :
- Olivier MILLET : « L’affaire du Trent »,
article publié le 20 décembre 2013, - http://civil-war-uniforms.over-blog.com/2013/12/l-affaire-du-trent.html
- http://www.histoire-pour-tous.fr/dossiers/241-la-guerre-de-secession/3771-guerre-de-secession-laffaire-du-trent.html
Image :
http://www.sonofthesouth.net/leefoundation/civil-war/1861/november/sloop-san-jacinto.jpg
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