Entre Croisade et Scène de ménage: la difficile Cohabitation d'Aliénor d'Aquitaine et Louis VII à Antioche
Sept années ont passé depuis le
mariage, d'amour, - il convient de le signaler tellement ce fait est rare en si
haut lieu – entre le jeune Louis VII et la belle Aliénor d'Aquitaine.
Cependant, au fil du temps, l'amour, qui est encore vif chez Aliénor, semble
prendre, au contraire, des allures plus monacale du côté du roi. Ainsi,
Aliénor, impulsive et en demande constante de tendresse, reproche à son mari sa
piété qui se manifeste par des « jeûnes » conjugaux de plus en plus
fréquents ! Pourtant, le jeune couple n'a pas d'enfant, ce qui devrait, à
l'inverse, encourager Louis à abandonner sa posture d'ascète pour celui d'un
Don Juan ardant. La reine rend visite alors à un certain Bernard de Clairveaux,
un grand et maigre mystique qui, par la vie exemplaire de piété qu'il
s'imposait, passe pour un « oracle de Dieu ».
-
Depuis
bientôt sept ans que je vis avec le roi et que je partage sa couche, lui
dit Aliénor, je demeure stérile. Je me
désespère de n’avoir jamais le fils que nous souhaitons.
Bernard de Clairveaux prend le
temps de réfléchir et telle une pythie des temps anciens répond avec
prophétie :
-
Cherchez
donc la paix du royaume, et Dieu dans sa miséricorde vous accordera, je vous le
promets – juré, je l’ai vu ! – ce que vous demandez.
Et comme un miracle, voilà que
quelques mois plus tard Aliénor met au monde une petite fille qu’elle prénomme
Marie, en hommage à la mère de Dieu. Bon, ce n’est pas le fils tant désiré - le
petit prince - mais au moins le couple n’est pas stérile ! Cette même
année de 1146, la reine « prend la croix » et décide, non sans
courage mais surtout par amour, d’accompagner son mari en Terre sainte. Là-bas
les croisés tentent toujours de conserver Jérusalem quand ils n’ont pas à la
reconquérir. Maudits sarrasins !
En route vers la ville sainte,
l’armée française fait étape à Antioche où règne un précieux allié : l’oncle
d’Aliénor, le puissant et néanmoins séduisant Raymond de Poitiers. La reine ne
tarie pas d’éloges sur lui :
-
Il est
grand, mieux fait de corps et plus beau qu’aucun de ses contemporains !
Les dix jours que le roi et sa
belle-famille vont passer ensemble au bord de l’Oronte auront des répercussions
considérables sur les siècles à venir pour la France, plus considérables encore
que la fameuse longueur du nez de Cléopâtre si bien philosophé par Pascal un
demi millénaire plus tard. Leur première dispute ! Raymond veut que
l’armée reconquière Edesse et pose des fondations solides aux royaumes
chrétiens d’Orient. Louis, lui, est obnubilé par son pèlerinage et veut rendre
hommage au martyr de l’humanité, Jésus. Sa décision est de se rendre au plus
vite à Jérusalem.
Coup de théâtre !
Aliénor ne veut pas suivre son
mari et prend le parti de son oncle. Elle lance dédaigneusement à son
mari :
-
Je croyais
avoir épousé un homme et non un moine !
-
Le rôle
d’une épouse est de suivre son mari, lui rétorque le roi.
-
Je ne
quitterai pas Antioche ! Et mes vassaux en feront autant.
-
Tu n’auras
pas ton mot à dire…
Le « moine » se fâche
et à la faveur d’une nuit sans lune il fait enlever sa femme ! Transportée
de force jusqu’au roi, elle doit se contraindre, « prisonnière », à
prendre la route de Jérusalem. Furieuse, elle proclame l’annulation de son
mariage :
-
Notre
union est nulle puisque nous sommes parents à un degré prohibé par le droit
canonique !!!
Le divorce tant redouté
n’arrivera pas à cet instant. La séparation qui causera le terrible conflit de
la guerre de Cent ans sera pour plus tard. Tout semble s’arranger pendant le
voyage et cette première accroche – les autres seront terribles - entre les deux
êtres amoureux se termine bien ! Et oui, à leur retour en France, Aliénor
met au monde un second enfant… encore une fille !
Découvrez d'autres histoires du Moyen-Age en cliquant : ici
Retrouvez-nous sur Facebook en cliquant: ici
Retrouvez-nous sur Instagram en cliquant : ici
Un message à nous envoyer: lesitedelhistoire2@laposte.net
Commentaires
Enregistrer un commentaire