L'origine de la présence américaine à Guantanamo


Les dernières années de conflits et de guerres que les Américains ont engagé au Moyen-Orient ont révélé au monde l'existence – pas inconnue mais méconnue – d'une base militaire américaine à Cuba, qui depuis qu'elle accueille bon nombre de prisonniers, est sans aucun doute devenue la base américaine la plus « célèbre » du monde. Cette base est Guantánamo. Après des années d'inactivités – ou d'activités secrètes - le président Bush l'a très officiellement utilisé comme prison de guerre tandis que le président Obama, s'engageant pourtant à la fermer très officiellement, poursuit néanmoins son emploi. Du côté cubain, la présence américaine est décriée, vilipendée et dénoncée comme un acte d'occupation Et pourtant cette présence est légale.

Guantánamo est la plus ancienne des bases extérieures américaines. C'est aussi la seule à posséder un bail à perpétuité de la part d'une nation communiste. Leur présence à Cuba, les Américains la payent 4085 $ par an, qui sont versés sur un compte Cubain en Suisse. Mais Fidel Castro et ses successeurs n'ont bien évidemment jamais disposé de cet argent. Encaisser les chèques disent les diplomates, reviendrait à reconnaître la validité de la présence américaine, devenue depuis, l'ennemie du régime communiste cubain et donc un envahisseur. Fidel Castro a affirmé chaque année devant les Nations Unies qu'il ne pouvait accepter ce loyer en aucun cas. Ainsi, pendant que la lourde machine administrative des Nation Unies – pilotée en partie par les États-Unis – méditent sur les questions légales, les États-Unis payent leur loyer pendant que les soldats de chaque camps se regardent et se jaugent derrière leur artillerie. Des familles s'installent, des femmes américaines, qui vivent à la base, mettent leurs enfants au monde à Cuba pendant que d'autres font leurs courses dans les supérettes ou jouent au golf. Bref, les Américains s'installent à Guantánamo avec la bénédiction de Washington.

Cette situation pour le moins incongrue a été la volonté du président William McKinley, après la guerre Hispano-américaine de 1898 qui virent les États-Unis triompher en offrant la liberté aux Cubains. McKinley esquissa alors un projet comprenant une clause permettant aux Américains de louer Guantánamo à un loyer très symbolique en tant que « base de rechargement en charbon ou base navale ». Quand le tout nouveau congrès Cubain s'irrita de cette clause et voulant la dénoncer voir l'annuler, McKinley annonça que les troupes américaines garderaient le contrôle de l'île jusqu'à ce que les politiques Cubains reviennent à de meilleurs sentiments ! Rapidement, le loyer fit l'objet d'une loi en 1903 et Cuba se trouva dans l'obligation d'accepter un loyer dérisoire de 2000 $ par an. 

Le traité fut renégocié en 1934 et, bien que le loyer fut doublé à 4000 $, la base demeurait américaine aussi longtemps que la Navy le désirait. Au cour des années 1940, quand il n'eut plus besoin de la base en tant que station de réapprovisionnement en charbon, la Navy y établit une base d’entraînement de la flotte Atlantique. Peu à peu des prisons et des installations secrètes virent le jour dans cette base où seuls les plus hauts gradés de l'armée américaine peuvent se rendre. Champs de mines et troupes de marines protègent la base tandis que le confort américain, le luxe même y rendent la vie plus agréable... alors qu'à quelques kilomètres à peine la population cubaine vie dans le dénuement le plus total.

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